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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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savent pas ce qu’elles veulent, et vous n’auriez pas tout à fait tort. Attirée comme je l’étais par César, j’étais encore tout à fait capable de languir après Rocco – après l’homme lui-même, après la vie que j’aurais pu avoir avec lui, après la femme que je ne pouvais être.
    En approchant du modeste immeuble en bois qui au contraire des bâtisses adjacentes n’attirait guère la vue, je me fis du mal en songeant que dans une autre vie, j’aurais pu être assise devant cette échoppe avec un bébé sur les genoux. Ce n’était pas la première fois qu’une telle vision me tourmentait, et ce ne serait pas la dernière. Je pris une profonde inspiration en espérant que cela suffirait à contrer la douleur que je ressentais tout à coup dans la zone du cœur et continuai mon chemin, pour m’arrêter brutalement en voyant une petite boule de poils déchaînée s’élancer sur moi.
    Plusieurs choses se produisirent en même temps : le chaton, car c’était bien de cela qu’il s’agissait, enfonça ses griffes dans mon jupon et entreprit de me monter dessus tout en miaulant férocement ; deux grands chiens de cette race imbécile, qui a toujours l’air sur le point de s’emmêler dans ses propres pattes, bondirent à sa suite et ne s’arrêtèrent qu’en voyant mon regard sévère ; et un petit garçon de sept ans à la tignasse brune, au visage parsemé de taches de rousseur et au sourire engageant se précipita hors de l’échoppe en criant : « Ne la laisse pas s’échapper, Donna Francesca ! Elle a déjà mis leur truffe en pièces et elle continuera ! »
    À ce stade-là, le chaton s’était blotti dans mes bras tout en continuant à cracher ses avertissements aux deux chiens. La petite chatte, car ce n’était peut-être pas une surprise que ce soit une femelle, semblait ne pas voir du tout la taille qu’elle faisait, ni la facilité avec laquelle l’une ou l’autre de ses victimes en ferait son repas. Au contraire, elle avait l’air de simplement se servir de moi comme d’un perchoir sur lequel reprendre son souffle avant de retourner à l’attaque.
    — Peut-être devrions-nous aller à l’intérieur, suggérai-je, moi-même quelque peu essoufflée car à cet instant-là un homme d’une trentaine d’années, grand et solidement charpenté, avec les mêmes yeux marron et cheveux bruns que son fils, sortit de l’échoppe.
    Que dire de Rocco ? Que c’était un homme bon et mon ami ? Cela va de soi. Que la pensée de ce que nous aurions pu partager me hantait ? Je l’ai déjà évoqué avec vous. Admettrais-je que ses yeux n’étaient pas juste marron mais mouchetés d’or, et que lorsqu’il souriait le monde s’arrêtait de tourner ? Mais alors vous me prendriez pour une écervelée, ce qui serait une tromperie éhontée, pour vous qui êtes de si bons lecteurs ; de toute façon, vous reculerez bien assez tôt devant les révélations que j’entends faire sur ma vraie nature.
    À moins bien entendu qu’elles ne vous attirent secrètement, mais cela ne concerne personne d’autre que vous, dans ce cas.
    À proprement parler César était le plus beau des deux car il correspondait aux canons de la beauté classique, sans parler de ses autres atouts, tels qu’une fortune conséquente et un rang certain dans la société. Mais Rocco… il était l’îlot de calme dans la tempête qu’était ma vie, mon refuge.
    — Francesca ? Qu’as-tu là ?
    Il sourit en voyant les efforts que je devais faire pour contenir la minuscule boule de fourrure sale qui menaçait d’avoir le dessus sur moi aussi aisément qu’elle l’avait eu sur les chiens. Il me restait à espérer qu’il attribuerait le rose de mes joues à toutes ces gesticulations.
    — Je n’en suis pas sûre. On dirait une petite chatte, mais elle-même n’a pas l’air de savoir qu’elle en est une.
    Rocco éclata de rire et me regarda chaleureusement. Il n’avait jamais montré le moindre ressentiment envers moi qui l’avais rejeté. Il m’arrivait même de le soupçonner d’attendre simplement que je reprenne mes esprits et que j’accepte de l’épouser. Une meilleure femme que moi aurait fait ce qui était correct de faire en le détrompant sur l’heure.
    Dieu merci, Nando nous ramena à la réalité. Il tenait la porte de l’échoppe ouverte. En montrant les chiens qui continuaient à tourner autour de nous en remuant la queue, toutes dents dehors, l’enfant

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