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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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petites fenêtres à barreaux, ainsi que d’une porte cochère par laquelle j’entrai. Mais le seuil franchi, cela changeait du tout au tout. Une vaste loggia donnait sur une cour qui servait à la fois de jardin et de cuisine d’été. Il était encore tôt et la concierge n’avait pas commencé sa journée. Soulagée de savoir qu’elle ne me verrait pas ainsi échevelée, j’empruntai l’escalier le plus proche et l’instant d’après j’étais dans mon appartement.
    Situé au premier étage, il se composait de trois pièces : un salon, où j’avais installé mes instruments et mes livres, comme je recevais peu ; une chambre, avec un coin à part où me laver ; et un garde-manger, équipé de meubles de rangement aux portes grillagées pour décourager l’éternelle vermine, d’un évier en pierre muni d’un tuyau d’écoulement relié au mur extérieur, d’un petit poêle à charbon avec sa propre cheminée, qui rejetait la fumée dehors et sur lequel je pouvais me préparer des repas simples, et enfin d’une table de travail en bois épais, que je gardais propre à l’aide de sable et de vinaigre.
    C’était un endroit conçu avec raffinement, grâce aux hautes fenêtres qui fournissaient une excellente ventilation et au balcon qui courait sur toute la longueur de l’étage. Les meubles que je possédais étaient plus que suffisants pour mes besoins. J’avais le grand lit aux montants ornés d’acanthes qui m’était revenu à la mort de mon père, ainsi que son coffre à double fond censé éloigner tout voleur en puissance, et pour finir le coffre de mariage de ma mère, orné de scènes de l’enlèvement des Sabines. Cela, ma table de travail, mes instruments, mes livres et mes vêtements sont tout ce que je possédais le jour de mon emménagement là. Mais comme cela arrive bien souvent, j’avais accumulé au fil des mois toujours plus d’effets personnels.
    Lucrèce m’avait fait envoyer quatre bancs dans le nouveau style en vogue à Rome. Le cadre de chacun de ces lectus était en bois de châtaignier marqueté d’acajou et accueillait les lanières de cuir entrecroisées qui venaient soutenir le matelas en plumes, lui-même paré aux extrémités de coussins recouverts du plus beau des velours bleu profond et rehaussés de pompons dorés. Eussé-je été encline à recevoir, les invités se seraient trouvés fort à leur aise. Quelque temps après arrivèrent plusieurs fauteuils aux formes arrondies et aux accoudoirs ornés de volutes, ainsi qu’une table à large pied – un présent de Sa Sainteté elle-même. César, déçu d’apprendre que je possédais déjà un lit (souvenez-vous qu’il avait presque dix-huit ans à l’époque, et que par conséquent sa virilité le démangeait), se contenta de me faire livrer d’extravagants tapis mauresques, tellement superbes que j’hésitai à les poser là où j’étais censée le faire. Seuls les très riches ont l’habitude de se complaire dans un tel luxe, mais je dois admettre que chaque matin et soir, lorsque mes pieds nus s’enfonçaient dedans, je remerciais en pensée mon amant occasionnel.
    Pour le reste, les fresques représentant des scènes bucoliques de dieux et de déesses qui décoraient les murs à mon arrivée me convenaient tout à fait, mais cela ne m’avait pas empêchée d’acquérir depuis plusieurs petites toiles du célèbre Pinturicchio (que Borgia avait fait venir pour décorer ses nouveaux appartements au Vatican), ainsi que de mon bien-aimé Botticelli, dont l’œuvre me fascinait depuis la première fois où je l’avais vue ornant la chapelle Sixtine. Je m’adonnais à ma passion pour les livres dès que j’en avais l’occasion, car j’étais bien déterminée à agrandir la bibliothèque que mon père m’avait laissée. J’avais même commencé à étoffer quelque peu ma garde-robe, en reconnaissance de mon nouveau statut mais également parce que Lucrèce m’avait harcelée sans relâche, jusqu’à ce que je lui cède.
    Sur le balcon, j’avais fait pousser diverses plantes utiles dans mon métier. Avec l’arrivée du printemps, la balustrade en fer était envahie de digitales pourprées, de lauriers-roses, d’aconits et davantage encore. Je me demandais parfois avec une pointe d’amusement si mes voisins avaient jamais remarqué ce que je cultivais. Ces mêmes voisins qui gardaient leurs distances avec moi, bien que cela ne soit pas seulement dû à ma profession, songeais-je.

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