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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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l’ampleur du problème). Tu aurais pu te faire tuer.
    Tout comme Sofia, Luigi, Guillaume et les autres, mais c’était à moi qu’il avait pensé et j’admets que cela me fit plaisir. Ce qui ne m’empêcha pas de répondre sans ménagement :
    — J’aurais eu de la chance d’être tuée plutôt que capturée et soumise à la question. Mais passons. Quelqu’un nous a trahis ; il n’y a pas d’autre explication. Nous devons trouver qui se cache derrière cet assaut.
    Le regard de Rocco s’attarda sur moi un instant encore, puis il acquiesça d’un signe de tête.
    — Guillaume pourra peut-être nous aider. Il devrait être en mesure de découvrir si les inquisiteurs sont impliqués.
    Je ne suis pas lâche mais l’idée de me retrouver face aux hommes en robe noire, ces soi-disant arbitres de l’âme, me fit frissonner. Même si à Rome l’on nous avait épargné (pour l’heure) le spectacle délirant de la chasse aux hérétiques qui était en vogue en Espagne, ici comme là-bas on avait confié à l’ordre dominicain la tâche de faire des « enquêtes », comme on les nomme platement, concernant les cas suspectés de défaillance de foi. Ils furetaient où bon leur semblait et avaient toute latitude d’user de la torture pour obtenir ce qui selon eux était la vérité. J’avais moi-même aidé à déjouer un complot impliquant le Grand Inquisiteur d’Espagne, le détestable Tomás de Torquemada, qui avait cherché à provoquer une éruption de violence antijuive à Rome au moment de l’élection du pape, un an plus tôt. On ne pouvait donc écarter totalement l’idée qu’il connaissait peut-être mon engagement auprès de Lux, et s’était tourné vers ses frères pour obtenir vengeance. Malheureusement, il était loin d’être le seul à avoir des raisons de frapper ceux que d’aucuns considéraient comme défiant le pouvoir de la sainte Église.
    — Si ce sont les chiens du Seigneur, repris-je, quelqu’un les a forcément lâchés contre nous.
    — Borgia ?
    — Cela m’étonnerait, il les méprise. Il Papa ne dédaigne pas se servir d’hommes qu’il hait pour parvenir à ses fins, mais pour lui les inquisiteurs sont des éléments dangereux qui auraient bien besoin d’être maîtrisés. À mon avis il ne ferait rien qui puisse les encourager.
    — Alors qui ? demanda Rocco.
    Il semblait sur le point de répondre à sa propre question lorsque je le coupai dans son élan :
    — Nous étions en train d’examiner une copie de la carte que de la Cosa a dessinée. Peut-être que quelqu’un a su qu’elle serait là, et a voulu la faire disparaître. Quelqu’un qui aurait un intérêt à dissimuler la preuve que Colomb a réellement découvert une autre contrée que les Indes. Et puis nous ne devrions pas oublier que certains d’entre nous ont peut-être des ennemis. Luigi, par exemple ; il s’est élevé très haut et très vite. De tels hommes sèment bien souvent les germes de la rancœur sur leur passage.
    Si vous avez dans l’idée que j’avais interrompu Rocco pour ne pas entendre le nom qui, je le devinais, allait sortir de sa bouche, vous n’avez pas tort. Pourtant, je savais que la réalité de notre situation ne pouvait être ignorée plus longtemps.
    Il s’avança par-dessus la table et recouvrit mes mains des siennes.
    — Nous ne devons écarter aucune possibilité. Je sais que c’est difficile pour toi de parler de lui, Francesca, mais si Morozzi est encore en vie…
    — Il l’est, dis-je. À ma grande honte.
    En présence de Rocco, je regrettais encore plus d’avoir échoué dans ma mission, car l’année précédente le prêtre avait bien failli tuer Nando. Le fait que j’avais réussi à le sauver de justesse ne me rachetait pas pour autant : j’étais seule responsable du danger auquel le garçonnet avait été exposé.
    — Si c’est bien Morozzi, reprit Rocco, ou bien les inquisiteurs, ou quelqu’un d’autre, penses-tu que Borgia pourrait être au courant ? Et pour être plus précis, crois-tu que tu pourrais te renseigner auprès de lui ?
    — Je peux essayer, mais l’information est au pape ce que l’or est à d’autres. Il sera peut-être disposé à l’échanger contre autre chose de même valeur, mais jamais il ne m’en fera simplement cadeau.
    Sur ce, Nando revint, écourtant de fait notre conversation. Nous parlâmes de choses bien plus gaies autour d’un festin de vin, de pain et de bon fromage du Piémont.

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