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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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Notre immeuble avait tendance à attirer des locataires qui, pour une raison ou une autre, chérissaient leur intimité. Je ne leur posais pas de questions, et eux non plus.
    Pendant que j’attendais que l’eau chauffe dans une bassine en cuivre posée au-dessus d’un brasero, j’ôtai mes vêtements. Le liseré de ma robe était maculé de boue, et les petites feuilles et brindilles qui s’étaient collées là étaient autant de preuves de la course effrénée que Sofia et moi avions dû engager pour fuir la villa. Réticente à l’idée d’alimenter les ragots, je rangeai le tout au fond de mon armoire avec l’intention de les nettoyer moi-même lorsque j’en aurais le temps.
    Après m’être lavée et avoir bu une tisane fortifiante à la camomille et aux feuilles de saule et d’ortie, je revêtis une chemise propre et une robe simple en lin bleu clair, toutes deux suffisamment bien coupées pour plaire à Lucrèce. Cette dernière avait beau essayer de me convaincre de mettre des tenues plus à la mode, je m’entêtais à porter des habits dans lesquels je me sentais bien et qui ne me gênaient pas dans mon travail. Très peu pour moi, les manches ridiculement longues, les corsets trop serrés, les chaussures pointues et les coiffures toujours plus recherchées qui semblaient faits pour que quiconque les portant soit incapable de marcher ou de lever une main sans gêne.
    Tout en me préparant, je réfléchis à l’organisation de ma journée. L’on s’attendrait à me voir au Vatican mais il était encore tôt et, à moins que Borgia ne me demande expressément, j’avais quelques heures devant moi avant que l’on remarque mon absence. Si l’on me posait des questions par la suite, je pourrais toujours dire que j’étais occupée à inspecter le flot de fournitures, cadeaux, offrandes et autres flagrants pots-de-vin qui arrivait au Vatican chaque jour que Dieu faisait pour Sa Sainteté. En fait, je passais une bonne partie de mon temps à faire exactement cela.
    Vous vous demandez peut-être pourquoi, à la suite de l’attaque contre Lux, je n’étais pas tout de suite allée voir Borgia pour lui demander instamment sa protection. Cette omission pourrait laisser à penser que je ne me fiais pas à lui, mais le fait était que je faisais totalement confiance à mon employeur : je savais qu’il agirait toujours et immanquablement dans son propre intérêt. Lorsque par le plus grand des hasards il coïncidait avec le mien, bene. Lorsque ce n’était pas le cas, mieux valait ne compter que sur moi-même.
    Par conséquent je me mis en route pour le Campo dei Fiori, le marché le plus important de la ville où, d’après la légende, quiconque de passage à Rome finit par venir, ne serait-ce que pour les fréquentes exécutions qui ont lieu là. Les étroites rues pavées du Campo grouillaient de gens venus profiter de la dispense accordée par l’Église (valable seulement quelques jours saints dans l’année) pour acheter les marchandises considérées comme « essentielles ». Par rapport à l’an passé on voyait moins de voleurs, et par voie de conséquence moins de patrouilles, les commerçants louant les services des secondes pour décourager les premiers.
    Certains, les plus sages parmi nous, estimaient que la paix relative que Borgia avait amenée à la ville ne durerait pas, qu’inévitablement elle finirait par être détruite sous le poids des ambitions dévorantes. Il s’avéra par la suite qu’ils avaient raison de penser ainsi, mais à l’époque je ne voulais pas le voir.
    Pour l’heure j’étais passablement occupée à m’assurer que personne ne me suivait et je croisais les rues des marchands d’étoffes, des orfèvres, des tanneurs et des scribes sans guère leur prêter attention, jusqu’à enfin atteindre la via dei Vertrarari, la rue des verriers. Arrivée là, je ralentis le pas pour prendre le temps de lisser ma tenue et de vérifier ma natte enroulée à la va-vite autour de la tête. C’était une coiffure pratique pour moi, ainsi que je n’avais de cesse de le répéter à Lucrèce alors qu’elle me poussait à détacher mes cheveux sous le prétexte ridicule que c’était l’un de mes plus beaux atouts. Je ne suis pas esclave de la vanité mais j’avoue que je me souciais d’être bien mise pour l’homme qui, si j’avais été normale, serait devenu mon mari.
    En lisant cela vous en conclurez sans doute que je suis une de ces créatures qui ne

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