Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
Vom Netzwerk:
possible. Un ronronnement sourd, sans aucun doute bien trop sonore pour un si petit animal, se dégageait d’elle. Elle cligna ses yeux étonnamment bleus, et ouvrit une bouche minuscule pour bâiller.
    — Je n’ai jamais eu d’animal domestique.
    Dans mon enfance, mon père avait découragé tout penchant pour un animal en particulier, afin de mieux m’endurcir lorsque viendrait le moment de tester des nouveaux poisons sur des chats et chiens errants. Cela le peinait de devoir se servir d’eux ainsi, mais il disait qu’il n’avait pas le choix. Au départ il avait été horrifié de me voir insister pour que l’on pratique nos tests sur des êtres humains à la place, mais au bout du compte il avait fini par se ranger à mon avis qu’un homme ou une femme condamnés à la torture et au bûcher accepterait avec joie de mourir plus vite et de façon plus humaine. Les discrètes dispositions qu’il avait alors prises avec certains officiers en prison m’ont depuis servie à chaque fois que j’en ai eu besoin – ce qui, je vous rassure, n’est pas très fréquent. Loin de moi l’idée de vous donner une trop mauvaise opinion de moi.
    — Alors, il est grand temps, en conclut Rocco, qui Dieu merci n’avait aucune idée de mes sombres pensées. C’est ainsi que la question fut réglée. Je pouvais lui refuser une demande en mariage, mais s’agissant des petits riens de la vie (qui pour certains sont bien plus importants qu’on ne pourrait le croire), j’étais incapable de dire « non » à Rocco.
    Il tira un tabouret de sous la table et m’invita à m’asseoir. À cet instant, Nando se mit devant nous et tendit la main, paume vers le ciel. Je remarquai ses doigts tachés d’encre. Depuis plusieurs mois, son père lui apprenait à lire et à écrire. Arriver à ce que l’enfant se concentre sur ses leçons n’était pas chose facile, car Nando ne voyait guère à quoi servaient un papier et un crayon, hormis à dessiner. J’avais déjà vu plusieurs de ses croquis et trouvais qu’il était très prometteur.
    — Je sais, papa, dit-il avec un grand sourire, je dois dire à Donna Maria que tu veux un pain particulièrement bon.
    En voyant l’air perplexe de son père, Nando nous regarda tous deux et éclata de rire.
    — À chaque fois que Donna Francesca nous rend visite, tu m’envoies à la boulangerie acheter du pain frais.
    Je suis convaincue que nous rougîmes alors de concert, mais Rocco ne dit rien, se contentant de sortir une pièce de sa poche et de la jeter en l’air. Nando l’attrapa au vol et déguerpit.
    À l’exception de la petite chatte qui s’était endormie sur mes genoux, nous étions désormais seuls, ne serait-ce que pour un bref moment. Il s’assit sur le tabouret en face de moi et m’annonça sans détour :
    — J’ai reçu une mystérieuse note de Luigi, disant que nous allions devoir repousser nos prochains rendez-vous d’affaires jusqu’à ce que l’horizon s’éclaircisse. Sais-tu de quoi il s’agit ?
    Je soupirai de soulagement en comprenant que le banquier était sain et sauf, et lui expliquai prestement :
    — Je suis justement venue te dire que la villa avait été attaquée pendant notre réunion. Sofia et moi nous en sommes tirées, et les autres aussi, je pense. Tu n’as pas eu de soucis, de ton côté ?
    Rocco avait pâli dès que je m’étais mise à parler. À présent il secouait la tête, en marmonnant :
    — Non, tout va bien… Je ne savais pas. Tu n’as rien ?
    Lorsque je lui assurai que tel était le cas, il continua :
    — Raconte-moi ce qui s’est passé.
    Quand j’eus fini de décrire les événements de la veille, Rocco prit une profonde inspiration et expira lentement. Je voyais bien qu’il était en proie à une lutte intérieure, déchiré entre la colère et une profonde inquiétude, car tout cela ne présageait rien de bon.
    — Sais-tu qui étaient les assaillants ? demanda-t-il. As-tu vu leur visage ?
    Je secouai la tête.
    — Ce sont les chiens qui nous ont alertés, et nous sommes partis trop précipitamment pour voir quiconque. Mais ils ne nous ont pas vus non plus. Peut-être ne connaissent-ils pas notre identité.
    J’avais bon espoir que ce soit le cas, mais nous devions tout de même prendre les précautions qui s’imposaient.
    — S’il s’avère qu’ils nous connaissent, nous entendrons reparler d’eux bien assez tôt, en conclut-il. (Son visage s’assombrit à mesure qu’il cernait

Weitere Kostenlose Bücher