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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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l’attaque contre Lux. Y avait-il réellement davantage de dominicains sur la place devant Saint-Pierre, où était-ce mon imagination ? Le prêtre blond que j’avais cru apercevoir au loin ressemblait-il vraiment à Bernando Morozzi, ou étaient-ce mes yeux qui me jouaient des tours ? Avait-on déployé davantage de gardes que d’habitude en ville, ou bien étais-je à bout de nerfs à cause de la frayeur de la veille et de la nuit blanche que je venais de passer, au point de voir des ennemis partout ?
    Je m’accordai un soupir de soulagement en voyant la caserne, un long bâtiment en pierre de plain-pied construit quelques décennies plus tôt seulement dans l’enceinte même du Vatican, et encore en parfait état. La garde pontificale, dont faisaient partie la plupart des hommes qui avaient servi Borgia lorsqu’il était cardinal, jouissait d’un confort digne d’elle. Ils avaient leurs propres cuisines, des écuries spacieuses, un vaste terrain d’entraînement, ainsi que, disait-on, accès à certains des meilleurs bordels de la ville, tout cela avec l’aimable autorisation de Sa Sainteté le pape Alexandre vi.
    Or, en dépit de ces privilèges, ils maintenaient un niveau admirable de discipline et d’empressement, en grande partie grâce à l’homme chargé de les commander. De carrure et de taille moyenne, Vittoro Romano avait une cinquantaine d’années mais en paraissait beaucoup moins. Si son métier de soldat était quasiment toute sa vie, il avait tout de même trouvé le temps de dénicher une épouse et de faire des enfants, uniquement des filles, qui depuis s’étaient toutes bien mariées et lui avaient donné des petits-enfants qu’il vénérait.
    Il était en train de parler à l’un de ses subalternes lorsque je l’aperçus, ce qui me donna l’occasion de l’observer de plus près. Les deux hommes auraient tout aussi bien pu discuter des chances de pleuvoir, des aptitudes d’une nouvelle recrue ou bien de l’imminence d’une guerre. Vittoro gardait toujours son calme, et était étranger à toute forme d’excitation. Un astrologue attribuerait ce genre de tempérament à une naissance sous le signe de Saturne, même si l’on serait bien en peine de confirmer une telle assertion : comme presque tout le monde à notre époque, il n’avait aucune idée de sa date de naissance, encore moins de l’heure. Je me demande si les astrologues auraient l’air aussi sages que cela, si l’on ne laissait pas le commun des mortels dans une telle ignorance.
    En me voyant approcher, Vittoro prit congé de son homme. Je n’eus pas le temps d’ouvrir la bouche qu’il secouait la tête et me montrait d’un geste les écuries toutes proches, afin de parler en toute discrétion. Mais même une fois là, il parla à voix basse. Intriguée malgré moi, je lui accordai toute mon attention.
    — Je suis heureux de voir que tu vas bien, Francesca. Je pensais que nous pourrions discuter un peu, avant que tu ne commences ta journée.
    Je pris le compliment pour ce qu’il était, la gentillesse d’un ami. Après les événements de la veille au soir et le manque de sommeil, on ne pouvait pas exactement dire que j’étais à mon avantage.
    — Bien entendu, Vittoro. Que puis-je pour toi ?
    Il regarda autour de lui pour s’assurer que nous n’étions pas observés, puis se pencha un peu plus près.
    — Le cardinal della Rovere est arrivé à Savone. D’après ce que j’ai entendu dire, il y rassemble des hommes dans l’intention de faire route vers la France.
    J’en eus le souffle coupé. Depuis le conclave qui avait élu Borgia à la papauté un an plus tôt, toutes sortes de folles rumeurs circulaient à propos de la rivalité acharnée entre ce dernier et della Rovere (un homme plus jeune mais tout aussi ambitieux), qui menaçait, disait-on, de se transformer en guerre ouverte d’un jour à l’autre. À Savone, fief de la famille della Rovere, le cardinal serait comme un faucon dans son aire : inattaquable. Et s’il partait vraiment pour la France et les bras accueillants de son jeune roi belliqueux, tous les complots ourdis par Borgia n’y suffiraient peut-être pas pour nous sauver. Si l’on ajoutait à cela le problème posé par Naples, la nouvelle était de bien mauvais augure.
    — Que compte faire Sa Sainteté ? m’enquis-je.
    — Il a ordonné que l’on renforce la sécurité ici. Je suis en train de faire venir des hommes des autres propriétés

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