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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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excuse de déclarer la guerre. Si le cardinal mourait, Sa Sainteté devait être en mesure de déplorer la perte tragique d’un prélat respecté, certes quelqu’un avec qui elle avait eu des différends mais qui, par charité chrétienne, n’en était pas moins pleuré.
    J’étais bien obligée de le reconnaître, c’était un problème auquel je n’avais pas de solution toute faite. Jusque-là, toutes les méthodes d’empoisonnement éprouvées impliquaient un certain degré de proximité avec la victime, c’est-à-dire d’avoir l’occasion à un moment donné d’introduire une poudre ou une potion mortelles, quand bien même la personne aurait fait l’objet de la plus grande vigilance.
    Comment accomplir une telle prouesse, dans le cas qui nous occupait ? Que pouvais-je donc introduire incognito dans la maison de della Rovere, tout en sachant raisonnablement que cela l’atteindrait lui avant que cela ne tue quelqu’un d’autre – et ce faisant, l’alerte du danger ?
    Une seule réponse me paraissait possible. Je devais me procurer un poison qui ne fonctionne pas tout de suite, qui nécessite une exposition prolongée pour faire effet. Je songeai bien à l’arsenic, mais cela prendrait trop de temps. Il me fallait une autre idée.
    C’était précisément ce que je m’évertuais à trouver lorsque César apparut à la porte du salon, nu.
    — À quoi penses-tu ? demanda-t-il en se grattant distraitement le torse.
    — À toi, bien sûr, lui répondis-je en souriant.
    Une heure plus tard, il partait voir son père ; quant à moi, j’avais eu tout le temps de me préparer et de réfléchir à comment procéder par la suite. Une petite marche parvenant toujours à m’éclaircir l’esprit quand j’en avais besoin, je me mis en route et me retrouvai bientôt au Campo dei Fiori, non loin de l’échoppe de Rocco.
    De crainte que vous ne pensiez du mal de moi en songeant que je quittais les bras de mon amant pour aller retrouver l’homme que j’avais failli épouser, je me permets de vous rappeler que le destin d’hommes et de nations était en jeu. Par ailleurs, je n’ai jamais prétendu être autre chose que contrariante dès lors qu’il s’agit des affaires de cœur.
    Nando se faisant présentement dorloter chez Vittoro et Felicia, l’avant de l’échoppe était vide et je dus faire le tour pour trouver Rocco. Il était dans la cour arrière, en train de travailler torse nu au soleil du matin, penché au-dessus d’une table sur laquelle il avait posé une petite meule actionnée par une pédale à pied. Je pris le temps de l’observer à ma guise. Le soleil avait doré sa peau, qui était presque rougissante au niveau des épaules. Ses cheveux étaient retenus en arrière par une lanière de cuir pour ne pas les avoir dans les yeux, et il avait l’air très concentré sur son travail. Même ainsi, ne bougeant que ses mains, il était l’image même de la grâce.
    Je m’éclaircis la gorge. Il s’arrêta aussitôt, laissant la meule tourner, et se retourna pour regarder qui était là. À ce moment-là seulement remarquai-je le tissu qu’il s’était mis sur le nez et la bouche pour se protéger.
    Il l’abaissa et me sourit.
    — J’étais justement en train de penser à toi.
    Que Dieu me pardonne, je rougis comme une jouvencelle et l’espace d’un instant ne trouvai plus mes mots.
    Rocco se leva et s’essuya les mains.
    — Guillaume est venu me voir. Il sent qu’il se trame quelque chose, mais il ne sait pas précisément quoi.
    — Ah bon ?
    Pour sûr je voulais entendre tous les détails, mais il me fallait d’abord recouvrer le peu de dignité que je possédais encore. Pour ce faire, je m’approchai de sa table de travail.
    — Que fais-tu là ? m’enquis-je avec le plus grand sérieux.
    — Je m’exerce à polir des lentilles. On m’en demande de plus en plus, et je me suis dit que cela me ferait un bon complément. Cela reste du verre, après tout, alors j’ai pensé quand m’appliquant un peu, je devrais être capable de m’en sortir.
    — Et c’est le cas ?
    Il haussa les épaules.
    — Disons que je m’améliore. Jusqu’à présent, c’est la poudre de diamant qui donne les meilleurs résultats.
    — C’est ce dont tu te sers ? Rien qu’au nom, cela semble coûteux.
    — C’est vrai, en convint-il, mais par rapport aux autres méthodes le résultat est incomparable. À force de m’entraîner, je devrais arriver à produire des

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