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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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successeur ?
    — Vous voulez parler de ce donneur de leçons, della Rovere ? Le bruit court qu’il commence à prendre la religion très au sérieux.
    — Ce qui serait tout à fait intolérable, j’en conviens. Mais oubliez-le, ce n’est pas de lui dont je parle. Si je vous dis Savonarole ?
    Je prenais visiblement Alfonso de cours. À cette distance je voyais que son visage portait les cicatrices de la variole, et qu’il avait un œil qui louchait.
    — Ce chien du seigneur qui ne cesse de rabâcher comment il va s’y prendre pour purifier le monde ?
    J’acquiesçai d’un signe de tête.
    — L’homme que nous recherchons travaille pour lui. S’il parvient à ses fins, il diffusera la cause de Savonarole à Rome. De là à ce que l’homme lui-même n’arrive ensuite ici…
    Il prit une profonde inspiration, et se pencha en avant.
    — Qui es-tu ?
    — Je m’appelle Francesca Giordano.
    Il re dei contrabbandieri devint soudain très pâle. Il se laissa aller en arrière dans son grand fauteuil en me fixant d’un air incrédule.
    — Ce n’est pas possible. Cette femme est vieille et pleine de verrues.
    — Parce que c’est une strega ? Songez-y, pourquoi diable une sorcière qui se respecte prendrait-elle l’apparence d’une vieille femme laide ?
    Il re réfléchit à cela sans me quitter des yeux. Lentement, il hocha la tête.
    Je lui souris ; c’était le moment de faire mon offre.
    — J’aimerais être votre amie.
    Nous voulons tous avoir des amis, et plus ils peuvent nous être utiles, mieux c’est. Le roi des contrebandiers ne faisait pas exception à la règle. Il ne mit pas longtemps à peser le pour et le contre : pourquoi s’exposer à l’animosité d’une redoutable sorcière qui avait de surcroît l’oreille du pape, lorsqu’on pouvait l’avoir de son côté ?
    — Et je souhaite être le vôtre, Donna Francesca, répliqua-t-il prestement. Dites-m’en un peu plus sur cet homme qui nous pose problème à tous les deux.
    Je m’exécutai, lui fournissant entre autres choses une description détaillée de Morozzi et l’avertissant du fait qu’il serait peut-être accompagné par des membres d’Il Frateschi. Je lui fis ensuite promettre de me contacter dès qu’il apprendrait quelque chose, et nous prîmes congé. J’étais rassurée de savoir que le prêtre fou était désormais recherché de toutes parts ; il ne me restait plus qu’à espérer voir les langues se délier rapidement.
    Lorsque nous émergeâmes à l’air libre, la ville baignait dans la douce lumière d’un soir de printemps. David insista pour me raccompagner jusque chez moi, et j’acceptai volontiers. Savoir que le couteau reposait dans son fourreau de cuir sous ma robe me réconfortait quelque peu, mais pour sûr je me réjouissais d’avoir sa compagnie et celle de Benjamin.
    À cette heure, la plupart des citoyens de Rome étaient pressés de terminer leur journée et de se retirer pour la nuit. Les marchands fermaient boutique en fixant les grands volets en bois sur leur devanture. De la lumière brillait aux fenêtres du dessus, là où la famille se rassemblerait bientôt pour souper. Les derniers serviteurs envoyés en course par leurs maîtres s’en retournaient aux palazzi au son des sabots de leurs chevaux résonnant sur le pavé. Ceux qui tiraient les charrettes à bras se hâtaient de rentrer pour ne plus avoir à subir les sempiternels grincements de leurs roues en bois. Les pigeons regagnaient leurs perchoirs, tandis que les mouettes qui avaient osé s’aventurer à l’intérieur des terres depuis le port d’Ostie décrivaient un dernier cercle dans le ciel avant de repartir vers la mer. Dans une heure environ, lorsque la nuit serait vraiment tombée, une autre Rome s’éveillerait – peuplée de maquereaux et leurs catins, de patrouilles armées de gourdins et de filous, de fournisseurs d’opium pour ceux qui pouvaient se le permettre, et d’infâme piquette pour les autres. Tous ces gens-là et davantage encore allaient s’emparer de la ville pour la nuit, mais aussi devoir la partager avec ces autres habitants pour lesquels j’avais une aversion toute particulière : les rats.
    Une fois dans ma rue je dis adieu à mes compagnons, et ajoutai :
    — Nous retrouverons Morozzi, d’une manière ou d’une autre. J’en suis certaine.
    David s’efforça de sourire, mais n’y réussit guère. Il plaça un bras autour de l’épaule de Benjamin, un geste

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