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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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été rapportée par Guillaume. Tous les jours des morts sont repêchés dans le fleuve. Victimes d’un acte violent ou bien de leur propre désespoir, ils finissent pourtant pareillement, gonflés et sans âme. Reste que peu sont des enfants, et il est encore plus rare d’y repérer un bébé, mais dans leur cas ce serait plutôt parce qu’ils sont si petits que leurs dépouilles ont tendance à se loger dans les piliers des ponts, où personne ne les voit.
    Je m’appuyai contre la pierre, heureuse de sentir enfin un peu de fraîcheur dans cette journée qui avait été si chaude, et tentai d’effacer ce qui venait de se passer dans le bureau de Borgia. À l’évidence, il avait raison de dire que j’étais surmenée, même si je détestais parler de moi-même en ces termes. Je dormais mal, comme toujours. Le vent du diable qui avait soufflé dans la ville ces derniers temps m’avait fait perdre l’appétit. Je me languissais de César… je souffrais à cause de Rocco… je m’inquiétais de ne jamais arriver à venger mon père comme je le devais… et je me tourmentais, lorsque j’en avais le courage, en me demandant pourquoi je ne pouvais pas simplement être comme les autres, et avoir une vie merveilleusement ordinaire.
    Mais tout cela n’était que pures simagrées, bien sûr. Personne ne souhaite réellement être ordinaire. Malgré leurs regards désapprobateurs, beaucoup de femmes (et d’hommes, d’ailleurs) auraient volontiers échangé leur existence monotone contre la richesse et le pouvoir que je possédais. Et, assurément, ils se moqueraient de moi s’ils savaient combien je languissais après ce qu’eux avaient.
    Ou peut-être que non. Peut-être qu’une poignée d’entre eux avaient suffisamment de sagesse pour apprécier à leur juste valeur les vertus de l’amour et de l’honneur, de la fidélité et de l’humilité. Dans ce cas, il se pourrait fort bien qu’ils me plaignent.
    Mais que le diable m’emporte si je m’apitoyais un jour sur mon propre sort.
    Je rentrai à la maison. Je donnai à manger à Minerve. Je troquai l’encombrante tenue officielle que je portais au Vatican contre les vêtements d’homme auxquels j’avais recours si je voulais me mouvoir sans être reconnue ni importunée. J’attendis ensuite des nouvelles d’Alfonso, et lorsque très rapidement j’en eus assez d’attendre, je partis de chez moi et retraversai le fleuve en direction du Trastevere.
    Le crépuscule approchait à grands pas lorsque j’arrivai sur la place devant Sainte-Marie. Je pris mon poste un peu à l’écart, et patientai. La place et les rues adjacentes commencèrent à se vider. Je vis alors des silhouettes avancer dans la pénombre, et tentai de suivre leurs mouvements. Bientôt, l’une d’elles s’approcha.
    — Je ne vous avais pas reconnue au départ, fit Alfonso. Il observait ma tenue avec un sourire insolent.
    — Vous avez déjà essayé de pourchasser quelqu’un en jupe ? rétorquai-je.
    — Pas vraiment, non. Il n’y a eu aucun signe de lui depuis, si c’est ce que vous êtes venue me demander. Il se terre.
    — Vous vous trompez. Il m’a envoyé un message on ne peut plus clair. Il faut agir, maintenant.
    Alfonso avait l’air sceptique.
    — Comment voulez-vous procéder ?
    Je le lui dis. Lorsque j’en eus fini, il gonfla les joues avant de souffler longuement.
    — Vous êtes sûre que c’est une bonne idée ?
    — Je crois que c’est la seule.
    — Dans ce cas… tenez.
    Il fourra sa main dans une poche et en extirpa un petit sifflet en bois, qu’il me tendit.
    — À quoi cela sert-il ?
    — C’est moi qui en ai eu l’idée, m’expliqua Alfonso avec fierté. C’est facile à fabriquer, et ça ne coûte rien. J’en ai donné à toute ma bande. Un coup de sifflet, ça veut dire qu’il faut accourir au plus vite. Idéal quand quelqu’un ne sait pas encore que le chef ici, c’est moi, et cause des problèmes à l’un de mes gars. Dans ces cas-là on s’y met à plusieurs pour lui montrer de quel bois on se chauffe, et la plupart du temps, après, il file doux. Deux coups de sifflet, ça veut dire dispersez-vous, courez. Pratique quand les condottieri sont dans les parages et qu’on veut éviter les problèmes.
    L’idée était ingénieuse, et je lui dis. Je le vis bomber légèrement le torse, mais il retrouva prestement son sérieux.
    — Je comprends ce que vous dites quand vous parlez de resserrer l’étau autour de

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