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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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– comme toutes les autres. Il y en avait peut-être un ou deux qui se reposaient chastement dans leur lit – non, j’exagère peut-être. Ce chiffre paraît trop élevé. Quant au reste, ils étaient simplement en train de boire et de faire bombance avec toute une bande d’évêques, plusieurs archevêques et au moins un cardinal.
    Certains tentèrent bien de fuir aux premiers signes de troubles, mais ils furent vite rattrapés par ce qui se transforma sous leurs yeux en une parade à la lueur des flambeaux, à laquelle finirent par se joindre même les honnêtes gens, et dans cette orgie tourbillonnante, au milieu des tambours improvisés à l’aide de marmites et de bâtons, et des assiettes en métal transformées en cymbales, le vin se mit tout à coup à couler à flots et l’ambiance de fête prit le pas sur le reste.
    Les autres membres du clergé plongèrent sous les lits d’où on les avait arrachés lorsque la foule joyeuse avait ouvert leur porte à la volée, pour finalement se faire entraîner comme les autres et subir le plus dignement possible le refrain qui résonnait désormais dans chaque ruelle et chaque venelle : « Sors de ta cachette, le prêtre, sors ! Sors, où que tu sois, sors ! »
    On raconta même que le chant fut repris dans d’autres quartiers, voyageant de toit en toit, car ils étaient nombreux à être allés chercher un peu de fraîcheur là-haut. Aujourd’hui encore, lorsqu’est célébré l’anniversaire de la « Parade des diablotins » (ainsi qu’elle fut nommée par la suite), les plus courageux n’hésitent pas à entonner l’avertissement moqueur.
    « Sors de ta cachette, le prêtre, sors ! Sors, où que tu sois, sors ! »
    Je me moquais bien de ce qui se passait dans le quartier, du moment que cela servait mon but. Mon raisonnement était que la crainte d’être repéré et le refrain sardonique scandé par la foule inciteraient Morozzi à chercher refuge ailleurs. C’est dans cet espoir que je me mis en position dans l’église, près de la porte en bois qu’Alfonso m’avait désignée.
    Dans mes mains je tenais le couteau dont je m’étais servie pour tuer l’assassin que Morozzi m’avait envoyé, probablement un membre de la Fraternité, même si je n’avais que faire de son identité. J’avais eu de la chance avec lui, grâce à l’effet de surprise et aux conseils de César. Cette fois-ci, je ne devais pas compter sur ma bonne fortune.
    Par conséquent, j’avais légèrement modifié la lame. Elle était à présent recouverte d’un poison de contact qui, au contraire de celui que cette sotte de Donna Lydia avait si allègrement touché, était sans l’ombre d’un doute mortel. Évidemment, cela signifiait également qu’il devait être manipulé avec la plus extrême précaution. Je pris une profonde inspiration pour me calmer, et gardai les yeux sur la porte.
    Je n’eus pas long à attendre.
    Elle fut tout à coup ouverte à la volée, et Morozzi en sortit en trombe. Il portait une cape noire qui le recouvrait de la tête aux pieds, et se mouvait comme s’il avait des démons à ses trousses – bien qu’au vu de sa nature il les aurait sûrement enlacés, si cela avait été réellement le cas. Plus important, il ne prit pas plus garde à moi que si j’avais été une punaise.
    Il était si pressé que le temps que je réagisse, il était déjà dans la nef centrale et se dirigeait à grands pas vers l’autel. Je bondis à sa poursuite. Je me doutais qu’il devait y avoir plusieurs issues dans cette vieille église et que Morozzi les connaîtrait, vu le temps qu’il devait avoir passé à explorer tous les coins et recoins de la ville. Je ne pouvais courir le risque qu’il s’échappe à nouveau.
    — Halte-là ! criai-je. Bernardo Morozzi, halte !
    Il s’arrêta et se retourna, regardant dans ma direction depuis le trou noir que formait son capuchon au niveau du visage.
    — C’est moi, Francesca Giordano. Vas-tu encore te sauver, espèce de lâche ? Ou bien va-t-on enfin en finir, ici et maintenant ?
    Je comptais pour le faire sortir de ses gonds sur la haine qu’il éprouvait pour moi, tout autant que sur la présomption de l’homme à considérer la femme comme étant le sexe faible, donc facile à battre. Malheureusement c’est par trop souvent vrai, mais je devais croire qu’il en irait autrement pour moi. J’étais préparée, et surtout déterminée. Tout ce que j’avais à faire, c’était

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