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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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l’attirer suffisamment près pour ne serait-ce que l’érafler avec le couteau. Il n’en faudrait pas plus.
    De crainte qu’il ne devine mes intentions, je gardai le bras sur le côté tout en marchant vers lui.
    — On fanfaronne moins quand on est seul, hein ? raillai-je. Tu es capable d’envoyer quelqu’un pour me tuer, mais quand il s’agit de le faire toi-même, il n’y a plus personne. C’était la même chose avec mon père. Là encore, il a fallu que tu agisses à travers d’autres.
    Il ne bougeait ni ne parlait, mais je sentais son regard fixé sur moi.
    Je m’approchai encore, poussée par le sentiment de faire quelque chose de profondément juste. Tuer Morozzi débarrasserait non seulement le monde d’un monstre, mais vengerait aussi mon père, protégerait les juifs et aiderait Borgia à renforcer son pouvoir. Cette certitude me remplissait d’une force comme je n’en avais jamais connu auparavant.
    J’étais si proche…
    Un bras me saisit soudain à la gorge par derrière. Au même moment, je sentis qu’on me soulevait du sol. À peine eus-je le temps de comprendre ce qu’il m’arrivait que je commençai à manquer d’air.
    — Strega, me siffla une voix à l’oreille, je vais me délecter de te voir griller sur le bûcher.
    Une sorcière. Mais bien plus important en cet instant, une idiote. J’étais tombée dans le piège de ma propre arrogance, oubliant ce que non seulement je savais, mais aussi ce dont j’avais averti les autres – que Morozzi était bien trop intelligent pour être sous-estimé. À l’instar de Borgia, il était tout à la partie qu’il jouait, et avait toujours plusieurs coups d’avance. Pour sûr, il avait manœuvré plus habilement que moi, jusque-là.
    Avec l’énergie du désespoir, je fis un grand geste en arrière de ma main armée, mais Morozzi fut plus rapide. En une seconde, il avait violemment bloqué mon coup de sa main libre. La douleur me transperça. Je dus faire tous les efforts du monde pour ne pas laisser tomber le couteau.
    Au même moment l’autre homme, celui qui m’avait dupée en me faisant croire qu’il était ma proie, se précipita pour aider Morozzi. Il me saisit par le poignet, dans l’intention manifeste de m’arracher le couteau. Son capuchon retomba et je vis un jeune homme, à peine plus âgé que moi, les yeux brûlant de la ferveur du vrai croyant.
    Morozzi serra encore davantage son bras autour de mon cou, et je me mis à voir des petits points noirs. Je savais qu’il ne me restait plus que quelques secondes avant de perdre connaissance. Je rassemblai mes dernières forces, levai le bras et effleurai le menton du jeune homme. La seconde d’après, le couteau tombait de mes mains engourdies. Au départ, cette blessure lui parut insignifiante ; il est même fort possible que dans la précipitation, il n’ait rien remarqué. Mais ce poison était l’un des plus fulgurants que j’avais jamais créés. En un instant il tituba et son visage devint blafard.
    En le voyant dans cet état, Morozzi se rendit certainement compte qu’il y avait un problème. Il serra encore davantage. De désespoir je lui griffai le bras, mais en vain. Soudain tout s’obscurcit autour de moi, et mon corps devint flasque.
    Quelques instants après (du moins je le suppose), je revins à moi et découvris que j’étais étalée sur le sol de l’église, près d’une colonne contre laquelle Morozzi m’avait certainement jetée. Il était penché au-dessus de son compagnon, et criait :
    — Qu’est-ce qui ne va pas ? Qu’est-ce qu’elle t’a fait ?
    De là où je me trouvais, je me rendis compte que Morozzi n’avait pas plus idée de ce qui s’était passé que l’autre homme. Pour autant qu’ils le sachent, j’avais réussi l’exploit de le terrasser en lui faisant à peine une égratignure.
    Je me hissai tant bien que mal en me tenant à la colonne, et vis alors la scène dont était témoin Morozzi. L’homme était en train de se tortiller sur le sol, manquant d’air ; il avait les yeux révulsés et était pris tout en même temps de convulsions.
    Un poison fulgurant, vous dis-je.
    Ce qui signifiait que j’avais très peu de temps pour en finir. Désespérément, je me mis à quatre pattes et tâtonnai le sol pour retrouver le couteau. Si seulement je pouvais mettre la main dessus, vite…
    L’homme était à l’agonie. Une écume noire lui sortit de la bouche. Horrifié, Morozzi eut un mouvement de recul. Il

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