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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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Morozzi, de le forcer à sortir des tunnels en ne lui laissant aucune issue à part l’église. C’est un bon plan. Mais sauf votre respect, pourquoi vouloir l’affronter seule ? Ne serait-ce pas plus judicieux d’avoir des gardes à vos côtés ?
    — Bien sûr, mais pour cela il faudrait avoir la certitude que Morozzi ne soupçonne pas leur présence jusqu’à ce que le piège se referme. J’ai appris à mes dépens qu’il ne fallait jamais le sous-estimer. Il se montrera seulement s’il est convaincu que je suis seule.
    — Alors vous êtes l’appât ?
    Je hochai la tête. Borgia avait tenté de se servir de moi de cette manière lors de l’attaque de la villa. Pour déplaisante qu’elle fût, cette tactique était trop bonne pour que je ne la mette pas à profit une seconde fois.
    — Morozzi veut me tuer pour des raisons personnelles, mais également parce que je me mets en travers de son chemin et l’empêche d’atteindre sa cible suprême, le pape.
    Signe des temps dans lesquels nous vivons, l’idée de quelqu’un ne craignant pas de s’attaquer au souverain pontife ne surprit même pas Alfonso. Il se contenta de hocher la tête à son tour.
    — Et tu penses pouvoir le stopper toute seule ?
    Je ne lui en voulais pas d’être sceptique, mais comme Vittoro l’avait dit, Morozzi n’avait jamais montré qu’il était prêt à laisser la vie dans cette lutte. En revanche, rien n’arrête un assassin dès lors qu’il est vraiment déterminé.
    Ce n’était pas que je voulais mourir, du moins pas dans le sens où je recherchais la mort comme ces pauvres âmes qui se laissaient engloutir par les eaux du fleuve. Mais la pensée d’en avoir fini avec les ténèbres, les cauchemars, les visions, l’exclusion, la solitude, toute chose qui avait pris une telle importance depuis la mort de mon père… c’était plutôt séduisant, je le reconnais. Manifestement, il fallait mettre en balance les enseignements de la sainte Église concernant les atroces souffrances qui attendaient meurtriers, apostats, fornicateurs et autres sorcières dans l’Inferno. Toutefois le doute, qui n’était au départ qu’un petit ulcère à l’intérieur de moi, s’était épanoui depuis en un buisson épineux où les questions, la franche incrédulité et un dédain croissant s’enchevêtraient, jusqu’à devenir impénétrable. Je m’abritais à présent derrière, rebelle et déterminée.
    — Je ferai ce que je dois, rétorquai-je.
    Malgré son jeune âge, il re dei contrabbandieri ne se serait pas élevé au rang qui était le sien s’il n’avait su faire la différence lorsqu’une tempête peut être évitée et lorsqu’elle doit être traversée. Il hocha de nouveau la tête et posa doucement une main sur mon épaule, avant de se volatiliser.
    Je me retrouvai seule dans l’obscurité grandissante. Devant moi se dressait l’imposante façade en pierre de Sainte-Marie. Je levai les yeux vers la mosaïque de la Vierge en train de donner le sein à son enfant, et au mépris de tous ceux qui me condamneraient s’ils le savaient, je priai en silence quiconque m’entendait et se souciait un tant soit peu de moi, là-haut, pour que je ne meure pas par la main de Morozzi ce soir-là.
    Puis, avant que la peur ne me submerge, je montai les escaliers quatre à quatre et pénétrai dans le lieu saint.

21
    Plus tard, il y eut désaccord quant à savoir qui était exactement responsable. Certains prétendirent que c’étaient les apprentis, que l’on soupçonnait toujours de se déchaîner à la moindre incartade. D’autres affirmèrent que les coupables étaient des diablotins aux pieds fourchus tout droit venus de l’Enfer. Une poignée, enfin, insista pour dire que c’était les contrebandiers, mais comme personne ne s’expliquait pourquoi ils auraient agi de la sorte, cette hypothèse ne fut jamais prise au sérieux.
    Ce qui est certain, c’est qu’on ne ferma pas l’œil de la nuit, dans le Trastevere. Comment les habitants l’auraient-ils pu, quand des semeurs de discorde sortirent dans les rues, chantant à tue-tête, entrant à la volée dans les maisons et les échoppes, renversant les tables, faisant fuir poulets et pigeons, ouvrant les portes des porcheries et scandant pendant tout ce temps-là un mystérieux refrain : « Sors de ta cachette, le prêtre, sors ! Sors, où que tu sois, sors ! »
    À la vérité, plusieurs prêtres se trouvaient dans le Trastevere cette nuit-là

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