Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Frontenac_T1

Frontenac_T1

Titel: Frontenac_T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Micheline Bail
Vom Netzwerk:
l’endroit où nous étions, alors que partout autour, l’eau coulait à flots d’enfer. Et le plus beau, c’est qu’une fois nos troupes rendues de l’autre côté, l’embâcle s’est défait de lui-même. Comme ça, par enchantement. Laissant les Anglais bredouilles, incapables de nous rejoindre alors qu’on s’éloignait tranquillement sous leur nez. Si c’est pas un miracle, ça, je me demande bien ce que c’est!
    â€” Laissons les miracles aux théologiens si cela ne vous importune pas, monsieur Bizaillon.
    Callières échangea un bref regard avec Louis. Ni l’un ni l’autre n’était prêt à entériner la thèse du miracle. Tout au plus pouvait-on parler d’une chance inouïe, qui aurait aussi bien pu servir les Anglais que les Français. C’étaient les aléas de la guerre...
    â€” Et où sont nos combattants, exactement? demanda Champigny, toujours pratique, supputant déjà la quantité de vivres et de munitions à envoyer à la rescousse.
    â€” À peu près tous à la rivière Chazi, monseigneur. À environ une lieue de l’embouchure du Richelieu. Ils manquent de tout. Nos caches sont inutilisables et toutes gâtées par l’eau. Il faut leur envoyer des vivres et des munitions au plus vite. Quand je les ai quittés, il ne restait plus qu’une cinquantaine de prisonniers, surtout des femmes et des enfants. Les autres s’étaient enfuis. Certains de nos hommes, les plus jeunes surtout, commençaient à flancher. La neige est si molle qu’on s’enfonce à chaque pas jusqu’au genou. Il faut leur envoyer des toboggans plus légers et beaucoup de renforts pour transporter les blessés.
    â€” Je vous remercie, monsieur Bizaillon. Nous allons faire vite pour les sortir de là.
    Forts de ces informations, Callières et Champigny quittèrent la pièce et s’en furent donner des ordres précis afin que les secours soient acheminés dans les plus brefs délais.
    * * *
    Frontenac était installé avec Callières devant le feu et venait d’enfiler coup sur coup trois coupes de vin. L’alcool commençant à produire son effet, la douleur s’estompait dans son bras et la tension des derniers jours retombait peu à peu.
    â€” Vous reconnaîtrez, mon cher, que c’est un dur coup pour les Agniers, fit le gouverneur de Montréal sur un ton enjoué. Leur nation est dispersée à tous les vents du ciel, ils ont perdu plus de soixante-quinze de leurs meilleurs guerriers et leurs bourgades sont entièrement détruites. Nos combattants ont ramené une cinquantaine de prisonniers qui nous serviront de monnaie d’échange en temps opportun. Quant à leurs réserves de maïs, elles sont inutilisables. Ils devront désormais compter sur l’aide des autres cantons ou sur celle des Anglais pour survivre. De quoi les calmer pour un bon bout de temps et les forcer à prendre plus au sérieux nos offres de paix. Jamais une tribu iroquoise n’aura été frappée aussi durement. Ni Tracy, ni Courcelle, ni La Barre, ni Denonville n’ont pu faire aussi bien lors des opérations précédentes. Nos Indiens alliés eux-mêmes, pourtant habitués à ce genre d’attaques-surprises, n’y sont pas davantage parvenus. Cette victoire va sûrement les rassurer sur notre capacité de combattre l’Iroquois et devrait solidifier notre alliance avec eux. Quant à nos pertes en hommes, elles sont, au bout du compte, moins importantes que prévu. Me concéderez-vous enfin, mon cher comte, que ce type d’expédition peut s’avérer d’un bon rapport et que c’est sur ce genre d’intervention, beaucoup plus massive toutefois, qu’il faudra à l’avenir concentrer nos efforts?
    Ã€ son corps défendant et malgré ce qu’il avait toujours prétendu, Louis se voyait forcé de donner en partie raison à son compère. Il mit pourtant un certain temps à répondre.
    Maintenant que tous les hommes étaient rentrés à Montréal, il devait reconnaître que le décompte s’avérait moins tragique que prévu : on dénombrait treize morts dont sept soldats, deux miliciens et quatre sauvages, ainsi que quelque quinze blessés, dont six gravement. Ces derniers avaient

Weitere Kostenlose Bücher