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Frontenac_T1

Frontenac_T1

Titel: Frontenac_T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Micheline Bail
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C’est nos sauvages, monseigneur. Ils ont décidé de laisser en vie ceux qu’ils n’ont pas tués dans le feu du combat... ce qui fait qu’on s’est retrouvés avec des centaines de prisonniers.
    â€” Nous savons cela. Malgré les belles assurances qu’ils m’ont données d’être impitoyables envers les Agniers, nos Iroquois n’en ont fait qu’à leur tête, comme d’habitude. Cette nation promet volontiers ce qu’on lui demande et s’en réserve l’exécution selon son caprice ou son intérêt. Mais que s’est-il passé par la suite? Pourquoi avoir mis tout ce temps à vous replier?
    Bizaillon fit mine de se lever afin d’être en meilleure posture pour répondre à son général, mais il chancela et retomba lourdement.
    â€” Restez assis, mon ami. Vous êtes encore trop faible, lui ordonna Louis en le retenant par le bras.
    L’autre reprit la parole, dans un filet de voix.
    â€” En plus des prisonniers... nos sauvages se sont tellement enivrés le deuxième jour qu’ils ont fait des massacres inouïs. Il a fallu réparer les dégâts avant de reprendre la route. Le malheur a voulu qu’un Hollandais capturé dans un village agnier réussisse à s’enfuir et à aller tout raconter aux Anglais. À partir de ce moment-là, on était sur nos gardes... On savait que l’ennemi allait nous prendre en chasse... Ce qui fait que messieurs de La Noue et de Manthet ont décidé de ne pas attaquer Albany et de rentrer au plus vite. C’est ce qu’on a fait... mais...
    â€” Mais quoi? Qu’est-ce qui vous a ralentis?
    C’est Callières qui venait de poser la question. Il s’était approché de Bizaillon et le fixait avec insistance. L’autre cherchait son souffle pour continuer.
    â€” C’est que... des Iroquois sont apparus, le troisième jour... avec un message de première importance qu’ils disaient... pour nos Iroquois catholiques. Ils ont parlementé longtemps entre eux. Monsieur de Manthet a voulu savoir de quoi il retournait, mais il a dû attendre de longues heures avant d’être reçu.
    â€” Abrégez, continua Louis, pressé de connaître le fond de l’histoire. Que disait donc ce fameux message?
    â€” Qu’ils avaient des propositions de conséquence à soumettre de la part des Anglais.
    â€” Mais encore?
    â€” Ils ont dit qu’une paix venait d’être conclue en Europe entre la France et l’Angleterre. Et que des messagers anglais s’apprêtaient à nous rejoindre pour nous annoncer officiellement la nouvelle.
    â€” Quoi? Ne me dites pas que nos officiers sont tombés dans un piège aussi grossier?
    â€” Non, monseigneur, point du tout. Bien au contraire! Les sieurs de Manthet, de Courtemanche et de La Noue ont tenté chacun leur tour et par tous les moyens de faire comprendre à nos Indiens que cela n’était qu’une ruse des Anglais pour gagner du temps et réussir à nous rattraper. Mais ça a été peine perdue. Nos sauvages ont dit que si la paix était conclue, ils n’avaient pas de raison de continuer à se battre. Ils ont dit préférer attendre l’arrivée des délégués anglais avant de prendre une décision. Ils ont fait la sourde oreille à toutes nos supplications. Butés, ils se sont installés et ont commencé à construire des retranchements avec des arbres. Deux jours plus tard, ils étaient encore là, retardant la retraite et faisant tout pour nous entraver. Ils n’ont pas voulu voir que les vivres s’épuisaient, que pendant ce temps l’ennemi s’organisait et que ses forces grossissaient, ni que chaque minute perdue jouait contre nous. Avec pour résultat qu’après quatre jours, pas moins de quatre cents Iroquois et une poignée d’Anglais nous tombaient dessus à l’improviste et défonçaient brutalement notre arrière-garde.
    â€” Bougres d’abrutis! Mais c’est de la trahison pure et simple! La perte de ces quatre précieuses journées a mis la vie de tout le monde en danger. Je vous assure que c’est la dernière fois que je me fie à eux, fit Louis en se tournant vers Callières et Champigny pour les prendre à témoin. J’aurais dû me méfier, aussi. Ils semblaient peu

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