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Frontenac_T1

Frontenac_T1

Titel: Frontenac_T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Micheline Bail
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enlevé quatre ans plus tôt par des Onneiouts, lors d’une incursion à Chambly. Pierre Payet paraissait néanmoins vigoureux et bien portant, ce qui indiquait qu’on l’avait bien traité. Les Iroquois avaient dû l’adopter et l’intégrer à un clan. Il n’était pas difficile cependant d’imaginer les moments cruels qu’il avait dû traverser, séparé brutalement de sa famille et de son pays, à la merci de gens dont on ne savait jamais ce qu’ils allaient faire de vous. Payet mit un genou à terre et Louis posa une main sur son épaule, tout en saluant sa ténacité, son courage et son merveilleux instinct de survie. Les yeux de Payet s’embuèrent. L’émotion le prit si bien à la gorge qu’il eut peine à formuler des remerciements. Il se releva, puis essuya du revers de sa manche les larmes qui baignaient sa joue.
    Tareha aussi paraissait touché. Louis supposa qu’une amitié avait dû se développer entre eux deux, mais que des considérations politiques le forçaient à le donner en échange. L’émissaire iroquois reprit aussitôt :
    â€” Je propose d’échanger cet homme pour mon neveu, prisonnier des Iroquois de Kaknawage. J’ai promis à sa mère de clan de le ramener. Mes frères sont d’accord pour me le rendre si toi, Onontio, tu le permets.
    Louis se tourna aussitôt vers les Iroquois christianisés qui accompagnaient l’Onneiout et demanda à son interprète de vérifier s’il avait leur accord. Après consultation, l’un d’eux acquiesça.
    â€” C’est bien. Tu reprendras ton neveu en quittant le pays. Mais dis-moi plutôt quelles sont ces offres que tu es venu me faire aujourd’hui.
    â€” Je tiens à t’aviser d’abord, mon Père, pour ta protection et celle des tiens, que huit cents à mille guerriers onontagués ont promis de revenir troubler les récoltes du côté de Montréal. Méfie-toi.
    â€” Il n’y a rien là de bien nouveau. Callières en a repoussé autant qui prétendaient perturber les semailles. Dis à tes frères onontagués que nous les attendrons de pied ferme. Et que je ne leur ferai pas de quartier tant qu’ils ne déposeront pas les armes. Dis-leur qu’Onontio a reçu des troupes fraîches, tandis que vous autres, vous ne faites que vous décimer de jour en jour. Nous sommes plus nombreux et plus aguerris. Armés jusqu’aux dents, aussi. Disle-leur.
    â€” Mon Père, je ne suis pas dans le même esprit belliqueux que les Onontagués. Et je t’assure que les autres cantons ne sont pas si éloignés de la paix que cela peut paraître. Les sachems savent que je suis devant toi aujourd’hui et pourquoi. Les familles onneioutes qui m’ont député souhaitent la paix avec ardeur depuis longtemps. Si nous avons différé à la demander plus tôt, c’est uniquement par crainte de paraître devant un père justement irrité. Si je me risque aujourd’hui à me présenter devant toi, c’est pour le bien de nos communautés. J’espérais que la franchise serait ma sûreté et je ne crois pas m’être trompé.
    Malgré les bons sentiments dont elles témoignaient, ces paroles n’impressionnèrent pas Frontenac. Il avait entendu bien des affirmations de sincérité de la part des Iroquois, qui n’avaient jamais débouché que sur la guerre. Pour laisser de l’espérance à Tareha et aux siens, il lui répondit néanmoins :
    â€” Ma colère contre les Iroquois est justifiée par leur perfidie à l’égard du chevalier d’O et de ses hommes. Quand ces derniers se sont présentés pour négocier en vous ramenant des prisonniers libérés des galères de France, ils ont été battus, torturés et brûlés à petit feu. Les Onontagués en ont mis deux à la chaudière et ont donné l’autre aux Anglais, mais vous autres, Onneiouts, n’avez-vous pas brûlé les dénommés Bouat et La Chauvignerie? N’ai-je pas raison d’être en colère, quand vous exercez journellement des cruautés inouïes sur les prisonniers français? Je serais mille fois justifié d’user de représailles sur ta personne et de te faire mettre à mort, mais

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