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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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l’aimais.
    Perditus releva la tête et le magistrat fut frappé par la lueur ardente qu’il lut dans ses yeux.
    — C’était un véritable père pour moi, bon et érudit.
    Vous êtes ici pour capturer son meurtrier, n’est-ce pas ?
    Corbett prit un tabouret et s’assit en face de son interlocuteur.
    — Il a été occis, continua Perditus. J’ai entendu bavarder les frères. Ce n’est point l’acte d’un hors-la-loi ni d’un bandit, des pendards qui hantent les fens. Ils n’avaient pas maille à partir avec le père abbé.
    — Alors, qui est l’assassin, selon vous ?
    Perditus eut un sourire sarcastique.
    — Un membre de notre communauté chrétienne.
    — Pourquoi ?
    — Parce que c’était un maître sévère. Il exigeait l’obéissance à la règle de saint Benoît. Il voulait que l’abbaye reste une abbaye, qu’elle ne se transforme pas en une hôtellerie somptueuse à l’usage des puissants de ce monde !
    Corbett détacha son bracelet de protection en cuir et le lança sur le coffre au bout du lit.
    — Dites-moi quelles étaient vos tâches envers le père abbé.
    — Je lui servais ses repas au réfectoire, j’entretenais ses appartements, allais chercher ses livres dans les bibliothèques et faisais ses commissions.
    — Et la nuit où il est mort ?
    — Je dormais dans une petite pièce voisine.
    — Et vous n’avez rien entendu d’anormal ?
    — Non, Messire. La cloche a sonné matines. Le père abbé n’est pas descendu. J’ai donc pensé qu’il dormait encore ou qu’il travaillait : il avait tant à faire ! Plus tard dans la matinée, quand il n’est pas apparu et qu’il n’a pas répondu à mes appels, je me suis inquiété. Je suis allé quérir le prieur Cuthbert.
    Corbett leva la main.
    — Cela suffit pour le moment. Je voudrais que vous rejoigniez le concilium quand il se réunira dans les appartements de l’abbé.
    — Mais on s’y opposera. Je ne suis qu’un frère lai !
    — Et moi je ne suis que le clerc du roi ! rétorqua Corbett en souriant. Frère Perditus, je vous saurais gré de nous apporter, à moi et à mes compagnons, un pichet de bière, du pain et de la viande séchée. Nous voudrions déjeuner.
    Perditus acquiesça et sauta presque de son siège, pressé de s’éloigner de ce magistrat aux yeux durs. Corbett s’approcha de la fenêtre et le regarda traverser la cour à pas pressés. Ranulf et Chanson entrèrent. Ils avaient, eux aussi, enlevé leur ceinturon, leur chape et leurs bottes. Ranulf s’était aspergé les cheveux d’eau pour les rejeter en arrière, ce qui lui donnait un air hâve et affamé. Le magistrat observa ce clerc de la Cire verte : il changeait. Grand et musclé, l’intérêt qu’il portait aux dames n’avait pas faibli, mais il avait maintenant un plus noble appétit, une brûlante ambition de s’élever au service du roi. Ranulf avait engagé un clerc d’Oxford, l’un de ses subordonnés, pour lui enseigner le latin et l’anglo-normand et pour perfectionner son écriture, tant la cursive que l’élégante ronde employée dans les chartes et les avis officiels. Il se dressait à présent sur la pointe des pieds, impatient d’entreprendre leur travail.
    — Un endroit paisible, Sir Hugh, bien qu’il ne soit pas ce qu’il semble être ?...
    — Aucune abbaye, aucun monastère ne l’est, répondit Corbett en s’appuyant sur le rebord de la fenêtre, bras croisés. Aucune communauté non plus ! C’est valable même pour ma propre famille, Ranulf. Regarde la tension qui peut faire surface à Leighton. La mer de tourments qui nous précipite vers le refuge de nos appartements, dit-il avec un grand sourire.
    Ranulf, gêné, rougit un peu. Le manoir de Leighton était dirigé par l’épouse de son maître, Lady Maeve. Petite, belle et blonde, Maeve la Galloise avait un visage d’ange et une langue effilée comme un rasoir. Quand elle était courroucée, Ranulf surtout trouvait toujours quelque chose d’intéressant à faire à l’autre bout de la demeure. Tout le monde – oncle Morgan, leur hôte permanent, Corbett, Ranulf, et même Chanson, qui ne méditait pas souvent – craignait davantage la petite Lady Maeve que le roi.
    — Je croyais que nous allions retourner à la maison, se plaignit Chanson.
    Le palefrenier avait deux talents. Il savait venir à bout de n’importe quel cheval et il adorait Aliénor et Édouard, le poupon, les enfants de Corbett. Bien qu’il ne soit ni le

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