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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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envoyer Perditus, un frère lai au service de l’abbé. Il vous conduira à vos chambres et vous montrera celle de l’abbé. Je m’assurerai qu’elle est déverrouillée. Depuis son trépas, j’ai veillé à ce que nul n’y ait accès et fait sceller les huis.
    — Parfait ! murmura Corbett.
    Il tendit la main pour que son interlocuteur la serre. Cuthbert s’exécuta de mauvaise grâce et sortit sans bruit.
    Le clerc vérifia que la porte était bien fermée derrière lui. Immobile un instant il écouta le son des sandales claquant sur les dalles, puis il se retourna et regarda ses compagnons.
    — Il se montre encore quelque peu insolent, observa Ranulf.
    Il racla du pouce l’ourlet de sa chape pour en ôter la boue, mais, se souvenant de l’endroit où il se trouvait, y renonça.
    — C’est un ecclésiastique, résuma Corbett en regagnant le centre de la pièce. Il fait valoir ses droits et son autorité. Je m’y attendais. J’ai déjà vu des hommes de la même farine. Ce sont quelques pas de danse que nous devons esquisser, comme des chevaliers s’exerçant l’un contre l’autre dans la lice avant que ne commence la véritable joute.
    — Aviez-vous jamais rencontré l’abbé Stephen ? interrogea Ranulf.
    — En quelques rares occasions.
    Corbett baissa les yeux vers la silhouette gisant sous le drap écarlate.
    — C’était un homme honnête, un grand érudit qui parlait maintes langues. Il a mené des ambassades dans les Flandres et en Germanie. Il a fait du bon travail pour le roi.
    — Vous disiez que c’était un de ses proches amis ?
    — Peut-être aurais-je dû dire « avait été ». Il y a des années, Ranulf, bien avant que tu voies le jour, notre abbé était un chevalier banneret, membre de la garde personnelle du souverain. Il a combattu avec Édouard à Evesham, contre Montfort. Et quand le roi a été désarçonné pendant le combat, Sir Stephen Daubigny, comme il s’appelait alors, lui a sauvé la vie. Ils sont devenus bons compagnons et ont partagé la coupe de l’amitié. Il y avait un autre homme : Sir Reginald Harcourt. Lui et Daubigny étaient les plus intimes des amis et de proches alliés. On les croyait même frères. Ils ne se quittaient jamais.
    — Que s’est-il passé ? demanda Ranulf.
    — Nous l’ignorons. Avant mon départ de Norwich, j’ai interrogé le roi, mais même lui ne connaissait pas les détails. Il semble que Sir Reginald soit parti pour un mystérieux pèlerinage.
    — En Terre sainte ?
    — Non, non, à Cologne, en Allemagne. Selon la rumeur, il a embarqué dans l’un des ports de l’Est, a débarqué à Dordrecht, en Hainaut, puis a disparu.
    — Disparu ? s’étonna Chanson qui aimait prêter l’oreille aux conversations de son maître.
    — Oui, mon louchon de clerc des écuries, déclara Ranulf. Disparu. C’est ce qu’a dit Sir Hugh.
    — Silence !
    Corbett alla à la porte et l’ouvrit, mais le couloir était désert. Il entendait encore psalmodier les moines. Il referma l’huis.
    — Lady Margaret, l’épouse de Harcourt, était si affolée qu’elle a prié Sir Stephen de l’aider à retrouver Sir Reginald. Ils sont tous deux partis à l’étranger. Ils furent absents durant des mois. Quand ils sont revenus, prétend le roi, ils étaient ennemis jurés. Lady Margaret est devenue une recluse. Édouard a voulu lui trouver un parti convenable, mais elle a toujours refusé de se remarier et il a respecté son voeu.
    — Et Sir Stephen ?
    — Il entra à l’abbaye de St Martin en tant que frère et fut ordonné prêtre. Il ne voulut point expliquer sa décision au roi. Il devint aussi bon moine qu’il avait été bon chevalier. Il était intelligent et adroit administrateur. Il fut nommé prieur et, à la mort de l’abbé Benedict, lui succéda tout naturellement.
    — Et Lady Margaret ?
    — Le souverain ignore les raisons de l’inimitié entre eux. Lady Margaret a un jour confié à la reine qu’elle pensait que si Stephen Daubigny était parti avec son mari, tout se serait bien passé. Elle a aussi supplié Sir Stephen, alors qu’ils cherchaient Sir Reginald, de continuer ses recherches, mais il a affirmé que ce dernier avait disparu. Il a refusé de voyager plus avant et est revenu en Angleterre. Elle l’a suivi quelques mois plus tard. Depuis le jour de leur séparation, ils ne se sont jamais adressé la parole.
    — Mais ils étaient voisins ! s’exclama Ranulf.
    — Certes, mais

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