Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
des réfectoires. Il passa devant la salle capitulaire dont les portes étaient closes et les fenêtres illuminées. Il ouït le murmure des voix. Il gardait la main sur le pommeau de sa dague, à l’affût d’un bruit insolite. L’abbaye était silencieuse. Le ciel bas et gris. Le vent perçant et froid portait de petites rafales de neige. Le magistrat se demanda si, le lendemain, il y aurait un tapis blanc. Cela compliquerait la tâche du tueur, se dit-il, mais aussi la leur. Sa curiosité fut enfin satisfaite : il avait présent à l’esprit le plan des lieux. Il se rendit compte alors à quel point l’abbaye était puissante et riche. Il comprenait maintenant pourquoi le prieur tenait tant à ériger une nouvelle hôtellerie. Il se dirigea vers le mur d’enceinte et s’arrêta près du portail au cernel à l’instant même où la cloche retentissait pour signaler que la réunion du chapitre venait de s’achever. Il ouvrit le portail et sortit. Bloody Meadow s’étendait comme un vaste cercle, bordé de part et d’autre de chênes qui descendaient en courbe vers Falcon Brook. La brume s’insinuait partout et, à travers les arbres, Corbett distingua les paysans dans les champs : il entendit les roues d’une charrette, le claquement d’un fouet et le rauque meuglement des boeufs qui tiraient l’araire avec peine. Il prit son poignard et s’agenouilla. L’herbe gelée était dure. Il enfonça sa dague profondément, découpa une petite motte de gazon et émietta la terre durcie par le gel entre ses doigts.
    — C’est bien d’un fils de fermier ! dit-il entre ses dents.
    Il s’aperçut que le sol était riche. L’été, l’herbe devait être verte, haute et drue. C’était une bonne pâture ou, si on la labourait, une terre à moissons généreuses. Rien d’étonnant à ce que l’abbé Stephen ait été peu enclin à y autoriser des constructions. Corbett se frotta les mains pour les nettoyer et se releva. Au centre de la prairie, le tertre s’élevait comme un long doigt lui faisant signe d’avancer. Il traversa le pré et alla l’examiner. L’abbé Stephen avait raison : le tumulus ou tertre funéraire était dû à la main de l’homme et on en avait calculé les proportions avec soin. Il en tapota la surface et tenta de l’escalader, mais l’herbe couverte d’une épaisse gelée était glissante, aussi se contenta-t-il d’en faire le tour. Le soir tombait. Il finit par trouver ce que le sous-prieur avait vu : une entaille, juste à hauteur des yeux. Le magistrat ôta la terre meuble. Le trou, dessous, avait environ six pouces. Il chercha autour de lui la terre qu’on avait enlevée, mais comprit que celui qui avait creusé l’avait ramassée et emportée. Il passa la main à l’intérieur : ce terrier, oeuvre d’un homme, était long. Il retira sa main.
    — Bien sûr ! chuchota-t-il.
    Celui qui avait fait ça était venu tard dans la soirée et avait découpé un morceau qui pourrait par la suite servir à dissimuler son travail. L’intrus avait affouillé et utilisé une longue perche ou une pointe de javelot pour sonder et découvrir ce qui se trouvait au fond. Un cercueil ? Un sarcophage ? Corbett remit la motte en place. Qui était intervenu ? Le prieur Cuthbert ? L’abbé Stephen ? Ou Maître Taverner, attiré par le mystère que recélait l’endroit ?
    Le magistrat s’essuya les mains dans l’herbe humide, les sécha avec sa chape et s’en fut. Des murs de l’abbaye jusqu’à Falcon Brook les grands chênes formaient des rangées si symétriques que Corbett se demanda s’ils avaient été disposés ainsi à dessein. Les troncs ronds et trapus tendaient leurs puissantes branches noires vers le ciel qui s’obscurcissait. Le regard du clerc se posa derechef sur le tumulus. Avec le mur de l’abbaye au bout, les chênes, de chaque côté, ressemblaient aux piliers d’une église et le tertre, au milieu, à un sanctuaire. Il s’avança jusqu’à l’ombre des arbres. Il entendait de vagues bruits provenant de l’abbaye, le roulement des charrettes et les cris des laboureurs au terme de leurs travaux dans les champs éloignés. La cloche retentit de nouveau. Corbett se souvint que le prieur avait ordonné qu’on récite des prières spéciales tant pour Taverner que pour Hamo, dont les corps à présent se rigidifiaient sous leur linceul dans le dépositaire.
    Les broussailles, par endroits, poussaient dru sous les chênes. Le magistrat devait

Weitere Kostenlose Bücher