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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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par un imposant perron qui menait à une porte en chêne à deux battants. L’un d’eux s’ouvrit tout grand tandis que palefreniers et valets d’écurie se précipitaient pour s’occuper de leurs montures. Le clerc entrevit une dame coiffée d’une guimpe blanche, vêtue d’une robe bleu foncé, la taille entourée d’une ceinture d’argent.
    — Je m’appelle Pendler.
    Un petit homme au visage rougeaud s’empressait, son capuchon bien remonté sur la tête pour protéger ses oreilles du froid. Il examina Corbett des pieds à la tête et en déduisit que le visiteur était quelqu’un d’important.
    Une voix de femme résonna net :
    — Je sais qui ils sont. Les émissaires du roi sont toujours les bienvenus. Sir Hugh...
    Lady Margaret s’avança en haut des marches. Corbett sourit et son haleine se figea dans l’air. Il s’approcha et baisa la main tendue de la dame. Elle était douce et chaude. Lady Margaret portait des mitaines, mais il distingua, à l’un de ses doigts, un scintillant anneau d’améthyste.
    — Le parfait courtisan !
    La châtelaine lui prit la main et le fit avancer.
    — Vos compagnons sont eux aussi les bienvenus.
    À première vue, Corbett trouva Lady Margaret belle, malgré ses cheveux grisonnants qui dépassaient de sous sa guimpe et les rides et ridules qui sillonnaient son visage à la peau d’un blanc d’albâtre. Elle avait des lèvres pleines et rouges, un nez un peu pointu, de grands yeux gris et brillants, où l’amusement se tempérait de vigilance.
    — Saviez-vous que je venais, Lady Margaret ?
    — Messire, personne dans le comté n’ignore votre présence ici en compagnie de votre écuyer Ranulf-atte-Newgate et de Chanson, le palefrenier. Vous êtes à St Martin-des-Marais, n’est-ce pas ? Nous avons entendu parler des horribles meurtres qui s’y sont déroulés.
    Elle n’avait plus l’air amusée. Elle releva l’ourlet de sa robe.
    — Vous feriez mieux d’entrer.
    Passant sous le linteau, elle conduisit le magistrat dans un vestibule aux lambris de chêne sombre. La pièce était chaude et odorante, la lumière se reflétait dans le chêne ciré des murs, de la balustrade et du pilastre de la rampe du large escalier à double révolution. Des serviteurs s’empressèrent de débarrasser le clerc de sa chape et de son ceinturon. Lady Margaret emmena ensuite ses visiteurs dans une petite chambre où se trouvait un coussiège {12} . Les volets étaient ouverts. Une vaste cheminée sculptée où un feu ronflait avec ardeur dominait la pièce. Lady Margaret désigna l’une des chaires devant l’âtre et s’installa sur l’autre. Un valet conduisit Ranulf et Chanson vers le coussiège. On installa une petite table entre la châtelaine et le magistrat et on y disposa des plats de friandises et d’amandes sucrées pendant qu’un serviteur apportait de profondes coupes de posset. Corbett en prit une et but. Le vin chaud, aromatisé de muscade et d’herbes, était un réconfort agréable après le trajet glacial depuis l’abbaye. Lady Margaret, carrée dans sa chaire, détournant un peu le visage, sirotait sa boisson. « Vous avez bien des choses à cacher, pensa Corbett. Vous êtes accueillante, mais secrète. » Il regarda autour de lui. Au-dessus des lambris à mi-hauteur étaient accrochés des tableaux, un crucifix et des tentures aux couleurs vives. Derrière lui un grand tapis de Turquie couvrait presque tout le plancher. De part et d’autre de la cheminée se trouvaient des placards surmontés de rangées d’étagères supportant des ornements, des statues, un crucifix en or et un triptyque. Il tourna à nouveau les yeux vers le feu ; sa chaleur le détendait et il étendit les jambes. Les gargouilles qui flanquaient le foyer l’amusèrent. Elles avaient des visages de femmes bien qu’elles fussent enserrées dans des cottes de mailles et des casques de guerre.
    — Une fantaisie du père de Sir Reginald, expliqua Lady Margaret, en suivant le regard du clerc. Le manoir en est plein. Il avait un sens aigu de la facétie.
    Elle reposa sa coupe sur la table et déploya une serviette blanche sur ses genoux, la lissant, la pliant et la dépliant tour à tour.
    — Eh bien, Sir Hugh, je suis sûre que votre visite n’est point que de courtoisie.
    Elle se tourna vers le magistrat et lui fit face.
    — Il y a autre chose, n’est-ce pas ?
    — Votre ami Stephen Daubigny est mort.
    — Je n’ai point d’ami nommé Stephen

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