Furia Azteca
empire maya, autrefois tout entier gouverné de la capitale qui se serait appelée Mayap‚n, a été divisé en plusieurs régions géographiques, au sud et au nord. Nous étions en train de traverser la partie la plus intéressante, cette jungle exubérante appelée Tamôan Chan, ou Terre des brumes, qui s'étend sans limites à l'est du pays des Chiapa. Au nord, o˘ je suis allé par la suite, se trouve une grande péninsule qui s'avance dans l'océan et o˘ vos explorateurs ont abordé pour la première fois. On aurait pu penser qu'après avoir jeté un coup d'oeil sur ces terres désolées, ils seraient retournés chez eux, pour ne jamais plus revenir. Au lieu de cela, ils ont donné à ce pays un nom encore plus absurde que " corne de vache "
pour Cuauhn‚huac ou " tortilla " pour Tex-cala. Lorsque les premiers Espagnols débarquèrent, ils demandèrent aux habitants comment s'appelait cet endroit et ceux-ci, qui n'avaient jamais entendu parler leur langue, répondirent, tout naturellement : " Yecte-t‚n " ce qui veut dire : " Je ne comprends pas ce que vous dites. " Ces navigateurs en firent Yucat‚n et je 446
pense que la péninsule gardera ce nom à jamais. Toutefois, je ne devrais pas me moquer, car le nom maya - Uluiimil Kutz ou Terre de l'Abondance -
est tout aussi ridicule et particulièrement mal approprié, puisque la plus grande partie de cette péninsule est misérablement stérile et peu propice à
l'établissement des hommes.
Dans ce pays maintenant divisé, les Maya ne sont plus placés sous l'autorité d'un seul dirigeant. Ils se sont scindés en une multitude de tribus gouvernées par de petits chefs qui se méprisent et se dénigrent mutuellement, et la plupart de ces communautés sont tombées dans une totale léthargie. Malgré cela, chacune de ces tribus se targue d'être l'unique véritable héritière de la grande race maya mais, à mon avis, leurs aÔeux désavoueraient toute parenté avec chacune d'entre elles.
quand je pense que ces brutes ne sont même pas capables de vous dire le nom des grandes cités de leurs ancêtres qu'ils appellent à leur façon. D'une de ces villes maintenant enfouie dans la jungle émerge encore une immense pyramide, un palais surmonté d'une tour et de nombreux temples ; elle a reçu le nom de Palenque. Dans une autre ville abandonnée, les galeries intérieures n'ont pas encore été envahies par ces plantes grimpantes dévastatrices et on peut admirer de belles peintures murales représentant des guerriers au combat et des cérémonies de cour. quand on demande aux descendants de ces guerriers et de ces courtisans ce qu'ils savent de cette ville, ils haussent les épaules avec indifférence.
Dans le pays Uluiimil Kutz, il existe une cité qui n'a presque pas été
touchée par le temps et qu'on aurait pu nommer l'Endroit de la Beauté Créée par l'Homme, en l'honneur de l'architecture complexe, mais élégante de ses édifices, mais elle s'appelle tout bonnement Uxmal, c'est-à-dire Trois Fois B‚tie. Je suis aussi passé par une autre ville située au plus profond de la forêt vierge, au sommet d'une colline qui surplombe un large fleuve. J'y ai dénombré les ruines et les fondations d'au moins cent gigantesques constructions de granit vert, de ce qui fut certainement la plus imposante des cités maya. Et voilà que les misérables qui vivent aux alentours l'appellent simplement Yaxchil‚n, ce qui signifie Pierres Vertes.
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Il faut cependant reconnaître que certaines tribus - notamment les Xiu qui peuplent le nord de la péninsule et les Tzotzil des jungles du sud - font preuve d'une certaine intelligence et d'une certaine vitalité et qu'elles sont respectueuses envers cet héritage perdu. Ils ont conservé des classes sociales en rapport avec la naissance et le rang : la noblesse, la classe moyenne, le peuple et les esclaves. Ils ont aussi perpétué certaines des sciences de leur passé ; leurs sages connaissent la médecine, la chirurgie, l'arithmétique et le calendrier. Ils gardent pieusement les milliers de livres écrits par leurs prédécesseurs, mais le fait qu'ils soient si peu au courant de leur propre histoire me fait douter que même les plus instruits de leurs prêtres se soient jamais donné le mal de lire ces vieux ouvrages.
Toutefois, ces anciens Maya si cultivés et si civilisés avaient des coutumes qu'on peut trouver bien étranges et il est malheureux que ce soit justement celles-là que leurs descendants aient
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