Furia Azteca
m'en vais.
- Est-ce que je peux venir avec vous ?
- Non. "
Sa figure se décomposa, aussi je lui dis : " Je préfère être seul pendant quelque temps, pour réfléchir à ce que je vais faire du reste de ma vie.
Mais tu n'es pas un esclave sans défense et sans maître, comme tu le craignais autrefois. Tu es ton propre maître et tu es riche. Tu vas avoir ta part de notre fortune dès que les Anciens l'auront évaluée. Je te laisse la garde de ce qui me revient et des affaires que je laisse ici, jusqu'à
mon retour.
- Vous pouvez compter sur moi, Mixtli.
- Gourmand de Sang va quitter sa caserne. Vous pourrez peut-être acheter ou vous faire construire une maison - ou une chacun. Tu pourras reprendre tes études, apprendre un métier ou monter une affaire. Je reviendrai un jour.
Si vous avez encore tous les deux le go˚t des voyages, nous pourrons repartir ensemble.
- Un jour, répéta-t-il tristement, puis il se ressaisit : Est-ce que je peux vous aider à préparer ce brusque départ?
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- Certainement. Je vais emmener des grains de cacao pour mes frais, dans mon sac et dans la bourse qui est cousue à mon pagne. Mais je voudrais prendre aussi de l'or au cas o˘ je tombe sur une trouvaille exceptionnelle ; il faut que je cache cette poudre d'or dans un endroit o˘
les bandits ne risqueront pas de la trouver. "
Cozcatl réfléchit un moment, puis il me dit : " II paraît que certains voyageurs fondent la poudre d'or en pépites et qu'ils les cachent dans leur rectum.
- Non. C'est un truc que tous les voleurs connaissent. Mes cheveux sont longs maintenant et je vais m'en servir. Regarde ; j'ai versé la poudre qui était dans les pennes sur ce morceau de tissu. Fais-en un petit paquet, Cozcatl, et on va trouver un moyen de le mettre en sécurité sur ma nuque, comme un cataplasme, caché par mes cheveux. "
Tandis que je terminais d'emballer mes affaires, il plia et replia méticuleusement le tissu et en fit un paquet qui n'était pas plus grand qu'une de ses menottes, mais si lourd, qu'il dut le prendre à deux mains pour le soulever. Je m'assis en inclinant la tête et il le posa sur ma nuque.
" Maintenant, il faut le faire tenir, murmura-t-il. Voyons... "
II le fixa avec une solide cordelette attachée à chaque extrémité du paquet et qui passait derrière mes oreilles et sur ma tête et cacha le tout en nouant une pièce de tissu repliée autour de mon front, comme le bandeau des sangles frontales. Beaucoup de voyageurs faisaient cela pour empêcher que leurs cheveux et la sueur ne leur viennent dans les yeux.
" On ne voit rien du tout, Mixtli. A moins qu'il n'y ait un coup de vent, mais dans ce cas, vous aurez toujours la ressource de rabattre votre manteau.
- Merci, Cozcatl. Au revoir ", lui dis-je rapidement, car je ne voulais pas m'attarder.
Je ne craignais pas que la Femme qui pleure ou d'autres esprits malveillants qui hantent les ténèbres viennent ennuyer un imprudent aventurier de mon espèce. Je ricanais même rageusement en pensant à Vent de la Nuit - et à l'étranger poussiéreux que j'avais si 472
souvent rencontré au cours d'autres nuits. Je sortis de la ville et me retrouvai sur la chaussée de Coyo‚can, en direction du sud. A mi-chemin, au fort d'Acachinango, les sentinelles furent quelque peu surprises de voir un homme dehors à cette heure de la nuit. Cependant, comme j'avais toujours mes habits de fête, ils ne me prirent pas pour un voleur ou un fugitif et ils me laissèrent passer. Ils se contentèrent de me poser une ou deux questions pour s'assurer que je n'étais pas ivre et que je savais ce que je faisais, puis ils me laissèrent continuer ma route.
Un peu plus loin, je bifurquai sur la gauche en direction de Mexicaltzingo.
Je traversai la ville endormie et poursuivis mon chemin vers l'est en marchant pendant toute la nuit. quand le jour commença à se lever, je vis d'autres voyageurs matinaux qui me saluaient avec circonspection en me lançant des regards étranges ; je réalisai alors quel spectacle insolite j'étais : un homme vêtu comme un noble, avec des sandales lacées jusqu'au genou, un manteau à agrafe de pierrerie et un bijou dans le nez, et qui portait un ballot de marchand, un sac en bandoulière et un bandeau sur le front. J'ôtai mes bijoux pour les mettre dans mon sac et retournai mon manteau pour en dissimuler les broderies. Au début, le paquet que j'avais sur la nuque me gênait énormément, mais je m'y accoutumais peu à peu et je ne
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