Furia Azteca
Précipité ? S˚re ? " Béu ne se contrôlait plus et elle tourna sa fureur contre moi. " Et vous, êtes-vous bien s˚r ? Vous n'avez pas encore essayé
toutes les femmes de la famille.
- Béu ! " supplia une nouvelle fois Zyanya.
Je t‚chai de prendre un ton conciliant, mais je ne réussis qu'à paraître l
‚che. " Je ne suis pas noble et je n'ai le droit que d'avoir une seule femme. " Ces paroles me valurent un regard de Zyanya qui n'était guère plus tendre que l'oil farouche de sa sour. Je me dépêchai d'ajouter : " Je voudrais avoir Zyanya pour épouse, Béu, et je serais honoré de pouvoir vous considérer comme ma sour.
- Très bien ! Alors dites adieu à votre sour. Allez-vous-en et emportez votre... votre choix avec vous.
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Gr‚ce à vous, il n'y a plus ici pour elle, ni honneur, ni respectabilité, ni nom, ni maison. Aucun prêtre Ben Z‚a n'acceptera de vous unir.
- Je sais. Nous ferons la cérémonie à Tenochtitl‚n, lui répondis-je en assurant ma voix. Et ce ne sera pas un acte honteux et clandestin. C'est l'un des plus grands prêtres de la cour du Uey tlatoani des Mexica qui nous mariera. Votre sour a peut-être choisi un étranger, mais pas un vagabond.
Elle m'épousera avec ou sans votre bénédiction. "
II y eut un long silence très tendu. Les larmes coulaient sur les visages si beaux et si semblables des deux filles et la sueur avait envahi le mien.
Nous étions comme les trois coins d'un triangle réunis par des liens d'oli invisibles et tendus à l'extrême. Avant que quelque chose ne se rompe, Béu rel‚cha la tension. Son visage se détendit, ses épaules retombèrent et elle déclara :
" Excusez-moi. Pardonnez-moi, je vous en prie, tous les deux, Zyanya et vous, mon frère Z‚a. Vous avez ma bénédiction et tous mes voux de bonheur les plus affectueux. Je vous conjure d'oublier tout ce que je viens de dire. " Elle essaya de rire, mais son rire se brisa. " C'est si soudain, comme vous l'avez dit. Si inattendu. «a n'arrive pas tous les jours de perdre... une sour bien-aimée. Allons, entrez maintenant. Lavez-vous, mangez et reposez-vous. "
A partir de ce jour, Lune en Attente n'a cessé de me haÔr.
Nous rest‚mes encore une dizaine de jours à l'auberge, Zyanya et moi, en prenant soin d'adopter une attitude réservée l'un envers l'autre. Elle continua à partager la même chambre que sa sour et j'avais la mienne. Nous étions très attentifs à ne pas nous donner de marques d'affection en public. Tandis que nous nous remettions de cette expédition ratée, Béu semblait surmonter le mécontentement et la tristesse que lui avait causés notre retour. Elle aida Zyanya à choisir parmi ses affaires personnelles et leurs possessions communes les objets les plus rares et les plus co˚teux qu'elle pourrait emporter.
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Comme il ne me restait plus un seul grain de cacao, je leur en empruntai un peu pour les frais du voyage ainsi qu'une petite somme supplémentaire que je confiai à un messager pour qu'il l'apporte à Nozibe à l'éventuelle famille que le malheureux pêcheur aurait laissée derrière lui dans l'affliction.
J'informai aussi le bishosu de Tehuantepec de l'incident qui nous était arrivé et il m'assura qu'il mettrait à son tour le Seigneur Kosi Yuela au courant du dernier acte de sauvagerie de ces abjects Huave Zy˘.
La veille de notre départ, Béu nous fit la surprise d'organiser une fête semblable à celle qui aurait eu lieu si Zyanya avait épousé un Ben Z‚a.
Tous les clients de l'auberge et des personnes de la ville y furent invités. Il y eut de la musique et des danseurs magnifiquement costumés exécutèrent la genda liz‚a, qui est la danse traditionnelle de l'" esprit de famille " chez le Peuple Nuage.
C'est dans cette atmosphère de bonne entente apparemment retrouvée que Zyanya et moi fîmes nos adieux à Béu le lendemain matin, avec de solennelles embrassades. Nous ne prîmes pas tout de suite la route directe pour Tenochtitl‚n. Nous travers‚mes les étendues plates de l'isthme, en direction du nord, par le même chemin que j'avais pris pour arriver à
Tehuantepec. Comme j'étais responsable d'une autre personne que moi-même, j'étais particulièrement aux aguets, au cas o˘ des malfaiteurs rôderaient dans les parages. J'avais mon mac-quauitl toujours prêt et je restais en éveil toutes les fois que la nature du terrain était susceptible de faciliter les embuscades.
Nous marchions depuis une longue course, à
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