Furia Azteca
mais il paraît qu'elle est très compétente.
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- Envoyez-la dans ma chambre dès que je serai assez ivre pour y aller moi-même.
- A vos ordres, Seigneur Chevalier-Aigle. Je ne me mêle pas des affaires de mes clients, mais je suis un peu curieux. Pourriez-vous me dire pourquoi vous avez choisi Pluie Fine ?
- Tout simplement parce qu'elle ne me rappelle aucune femme que j'aie connue. "
La cérémonie du mariage se déroula dans le calme et la simplicité. Mes quatre compagnons nous servirent de témoins. L'aubergiste avait préparé les tamales pour le repas rituel et nous avions invité les clients matinaux de l'auberge. Cuauhn‚huac étant l'agglomération principale des Tlahuica, j'avais trouvé un prêtre de leur principale divinité, le bon dieu quetzalcoatl. Ce prêtre, voyant qu'il avait affaire à un couple qui n'était plus dans sa prime jeunesse, nous épargna fort à propos les avertissements coutumiers donnés aux filles supposées innocentes et les exhortations habituelles aux m‚les libidineux. Sa harangue fut donc brève.
Pourtant, cette cérémonie rapide souleva une certaine émotion chez Béu, ou du moins, c'est ce qu'elle voulut faire croire. Elle versa quelques larmes virginales au milieu desquelles fleurissaient quelques sourires tremblants.
Je dois reconnaître que cette comédie la rendait encore plus belle. Elle était vêtue de façon très aguichante et quand je la regardais sans ma topaze, elle me semblait aussi jeune que ma Zyanya de vingt ans. C'est pour cette raison que j'avais fait un usage répété de la dénommée Pluie Fine pendant toute la nuit précédente. Je voulais m'ôter toutes possibilités de désirer Béu malgré moi.
Pour la dernière fois, le prêtre balança son encensoir de copal autour de nous. Ensuite, il nous regarda pendant que nous nous faisions mutuellement manger un morceau de tamal fumant ; puis, il noua un coin de mon manteau avec un coin de la jupe de Béu et nous souhaita beaucoup de chance dans notre nouvelle vie.
" Merci, Seigneur Prêtre, dis-je en lui remettant ses honoraires. Merci surtout pour vos bons voux. " Je défis le noud qui m'attachait à Béu. "
J'aurais s˚rement
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besoin de l'aide des dieux, là o˘ je vais. " Et, chargeant mon sac sur mon épaule, je dis au revoir à Béu.
- Au revoir ? répéta-t-elle avec un petit cri. Mais, Zaa, c'est le jour de notre mariage.
- Je t'avais prévenue que je partirais. Mes hommes vont te conduire à la maison.
- Mais... mais, je pensais... que tu resterais au moins une nuit. Pour la... "
Elle jeta un coup d'oil autour d'elle et vit qu'on la regardait. Elle rougit violemment et haussa le ton : " Zaa, je suis ta femme, maintenant.
- Tu m'as épousé, rectifiai-je. C'est ce que tu voulais. Tu seras ma veuve et mon héritière. C'est Zyanya qui était ma femme.
- Mais Zyanya est morte depuis dix ans !
- Sa mort n'a pas brisé notre lien. Je n'aurai jamais d'autre femme.
- Hypocrite ! Tu n'es pas resté chaste pendant dix ans. Tu as eu d'autres femmes depuis. Pourquoi ne veux-tu pas de celle que tu viens d'épouser ?
Pourquoi ne veux-tu pas de moi ? "
A part l'aubergiste qui ricanait d'un air égrillard, la plupart des assistants avait l'air bien embarrassé, tout comme le prêtre qui s'arma de courage et me dit :
" Seigneur, c'est la coutume de sceller ces promesses avec un acte de...
afin de mieux se connaître...
- Votre sollicitude vous honore, Seigneur Prêtre, coupai-je. Mais je connais déjà cette femme bien trop intimement.
- quel mensonge ! s'exclama Béu. Nous n'avons pas une seule fois...
- Et nous ne le ferons jamais, Lune en Attente. Je te connais trop bien, et je sais qu'un homme est le plus vulnérable quand il fait l'amour avec une femme. Je ne te donnerai pas l'occasion de me repousser dédaigneusement, de te moquer de moi ou de me diminuer par un de ces moyens que tu pratiques et que tu perfectionnes depuis si longtemps.
-- Et toi, cria-t-elle, qu'est-ce que tu es en train de faire en ce moment ?
- La même chose, mais cette fois, j'ai pris les
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devants. Bien, le jour s'avance, il faut que je m'en aille. "
quand je partis, je vis Béu se tamponner les yeux avec le coin chiffonné de sa robe qui avait servi à faire le noud du mariage.
II était inutile que je reprenne le long chemin de mes ancêtres à partir de son terme, à Tenochtitl‚n, ni à partir d'aucun des sites qu'ils avaient précédemment occupés dans la région des lacs, car je savais
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