Furia Azteca
Toi, Mixtli, quand tous les Imonuments se seront écroulés, quand la grande pyra-pnide, elle-même, se sera effondrée, tu seras encore là.
- Tu resteras debout ", dit Vent de la Nuit.
Je m'esclaffai devant une telle absurdité. Comment j^cette monumentale pyramide pourrait-elle s'effondrer ? Ile tentai de dérider mes deux sinistres fantômes en leur fdisant :
" Mes Seigneurs, je ne suis pas de pierre, je ne suis [qu'un homme, le plus fragile des monuments. "
Je ne les entendis pas répondre. Ils avaient disparu faussi subrepticement qu'ils étaient arrivés. Derrière le !banc, des flammes bleues vacillaient et dans cette … lumière lugubre, les fleurs de tapachini qui tombaient 877
sur moi, prenaient une teinte sombre et cramoisie, comme des gouttes de sang. Je frissonnais. Autour de moi, tout n'était que ténèbres, désolation et le vent nocturne semblait gémir : " Souviens-toi... "
Je fus réveillé par le préposé à l'éclairage qui faisait sa tournée matinale et je me mis à rire de mes ridicules songeries de la veille. Je retournai au palais, tout raide d'avoir dormi sur un froid banc de pierre, pensant trouver toute la cour endormie. Pourtant, il y régnait une grande excitation. Les gens allaient et venaient en tous sens et des soldats mexica en armes étaient postés devant toutes les portes du palais. Je trouvai enfin le prince Saule qui me mit au courant de la situation et je me demandai si j'avais vraiment rêvé, car il m'apprit que Motecuzoma s'était rendu coupable d'un acte sans précédent.
Une tradition inviolable voulait que les funérailles d'un chef d'état ne soient jamais souillées par des assassinats ou par d'autres félonies. Comme vous le savez, Nezahualpilli avait licencié l'armée acolhua et les troupes de pure forme qui subsistaient n'étaient pas préparées à repousser une attaque. J'ai dit que Motecuzoma avait délégué son Femme-Serpent et son frère Cuitla-huac, chef de l'armée, mais j'ignorais que ce dernier s'était fait suivre d'un acali de guerre chargé de soixante guerriers mexica triés sur le volet, qui avaient débarqué secrètement aux environs de Texcoco.
Pendant la nuit, tandis que je conversais avec des ombres, Cuitlahuac et ses hommes avaient chassé les gardes du palais et investi les b‚timents pendant que le Femme-Serpent avait convoqué tout le monde pour entendre une proclamation. Le prince héritier Fleur Noire ne prendrait pas la succession de son père. Motecuzoma, en tant que chef de la Triple Alliance, avait décrété que la couronne irait au prince Cacama, …pi de MaÔs, fils de l'une des concubines de Nezahualpilli, qui se trouvait être, comme par hasard, la plus jeune sour de Motecuzoma.
878
Jamais un tel coup de force ne s'était produit. Toute admirable qu'ait été, dans son principe, la politique de paix de Nezahualpilli, elle avait laissé
le pays dans l'incapacité de résister à cette ingérence des Mexica. Le prince Fleur Noire entra dans une noire fureur, mais il ne put rien faire d'autre. Cuitlahuac n'était pas un mauvais bougre, bien qu'il f˚t le neveu de Motecuzoma et qu'il d˚t suivre ses ordres. Il exprima ses regrets au prince déposé et lui conseilla de se mettre discrètement à l'abri avant que Motecuzoma ne conçoive l'idée de le faire prisonnier ou de l'éliminer.
Fleur Noire quitta donc Texcoco le jour même, accompagné de ses courtisans, de ses domestiques et de sa garde personnelle, ainsi que de beaucoup de nobles indignés qui jurèrent hautement de se venger de la trahison de leur allié de toujours. Le reste de la population de Texcoco ne put que bouillir d'une rage impuissante en attendant le couronnement du neveu de Motecuzoma comme Orateur Vénéré des Acolhua.
Je ne restai pas pour assister à la cérémonie. J'étais un Mexicalt et les Mexica n'étaient plus très bien vus à Texcoco. Du reste, je ne me sentais pas particulièrement fier d'en être un. Mon vieux camarade Saule, lui-même, me regardait d'un drôle d'air, se demandant, sans doute, si j'avais proféré
une sorte de menace le soir o˘ je lui avais dit : " Motecuzoma ne va pas éprouver plus de sympathie pour votre frère qu'il n'en a eue pour votre père. "
Je rentrai donc à Tenochtitl‚n o˘ les prêtres célébraient dans la liesse un rituel spécial en l'honneur de " l'habile stratagème de notre Orateur Vénéré ". Les fesses de Cacamatzin s'étaient à peine posées sur le trône de Texcoco qu'il avait déjà
Weitere Kostenlose Bücher