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Galaad et le Roi Pêcheur

Galaad et le Roi Pêcheur

Titel: Galaad et le Roi Pêcheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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cria : « Veux-tu donc recommencer le combat ? – Oui, et je te défie ! » répondit Urvoen.
    Ils fondirent alors l’un sur l’autre avec une égale énergie ; mais Perceval eut bientôt le dessous, car les oiseaux le harcelaient de si près qu’ils le faisaient vaciller au point de le renverser. Mais la perspective de sa défaite lui donna de nouvelles forces, redoubla son courage et décupla sa rage. Le poing raffermi sur son épée, il frappa l’un des oiseaux les plus proches et l’atteignit au beau milieu du corps, en faisant jaillir les entrailles. L’oiseau tomba à terre mais, durant sa chute, il se transforma en femme – en cadavre de femme – et cette morte avait un corps superbe, le plus beau corps de femme que Perceval eût jamais vu {13} .
    Or, tandis que ce spectacle le plongeait au comble de l’affliction, les oiseaux qui le pressaient reculèrent et, se précipitant vers le cadavre, l’emportèrent en un clin d’œil dans les airs. Alors, Perceval, se voyant débarrassé d’eux, se précipita sur le chevalier qui le supplia, au nom de Dieu, de l’épargner. « À condition que tu m’expliques les prodiges que je viens de voir ! répliqua Perceval. – Bien volontiers, seigneur, dit Urvoen. Le prodigieux fracas que tu as entendu provient, sache-le, du château de mon amie. Elle l’a anéanti pour l’amour de moi. La voix que tu as entendue est la sienne, elle m’appelait. Quand elle a compris que je ne pourrais t’échapper, elle a changé d’aspect, ainsi que ses suivantes, et a volé ici pour te combattre et me porter secours. En les voyant, je n’ai pu m’empêcher d’accourir à leur aide et, normalement, nous aurions dû te tuer. Mais, je le vois trop, personne, eût-il des pouvoirs magiques, ne peut rien contre toi. J’ai la certitude que tu es un fidèle serviteur de Dieu et l’un des meilleurs chevaliers du monde ! Sache également que celle que tu as tuée ne risque rien : en ce moment, elle se trouve déjà dans l’île d’Avalon où la mort est inconnue. Mais, au nom de Dieu, je te prie maintenant de me laisser retourner vers mon amie. Elle m’attend. »
    À ces mots, Perceval se mit à rire et lui accorda la permission de partir. Urvoen en éprouva une telle joie qu’il en oublia son cheval et s’en fut à pied. Mais il n’avait pas fait deux arpents que Perceval vit des jeunes femmes l’emporter au milieu de tumultueuses manifestations d’allégresse. Alors, Perceval se remit en selle, dans l’espoir de rattraper tout le groupe et de satisfaire sa curiosité quant à l’amie du chevalier. Mais à peine eut-il enfourché son cheval que tout s’était évaporé, jeunes femmes, chevalier, tout – même, à ses côtés, le cheval du vaincu. Plein de stupeur, il revint sur ses pas, tout pensif. N’avait-il pas rêvé ? {14}
    Il repartit donc et, fort préoccupé de son entreprise, il poursuivait sa route, encore étonné de son extraordinaire aventure, quand, parvenu à l’orée d’un bois, il vit s’approcher un vieillard barbu qui, avec la faux qui lui pendait au col, avait tout l’aspect d’un faucheur. En abordant Perceval, l’homme lui saisit son cheval au mors et dit : « Étourdi ! tu t’égares dans des aventures qui ne te rapportent que des ennuis ! Quel besoin as-tu de franchir des gués qui te sont peut-être interdits ? »
    Très étonné de ces paroles, Perceval répliqua : « Vieil homme, en quoi cela te concerne-t-il ? – Cela me concerne, rétorqua le vieux, cela nous concerne, moi et les autres, et cela nous concerne, sache-le, toi et moi plus encore que les autres ! – Mais, s’exclama Perceval de plus en plus étonné, qui es-tu donc ? » Le vieil homme éclata d’abord de rire. « Quelqu’un que tu connais très mal, dit-il enfin, mais qui, en revanche, te connaît très bien. Sache en tout cas que ceux qui me connaissent en éprouvent souvent du chagrin, car ce que je leur dis ne leur fait pas forcément plaisir. – Je comprends de moins en moins, dit Perceval. Qui donc es-tu ? – Un faucheur, comme tu peux t’en rendre compte. – Cependant, qui t’a si bien renseigné sur moi ? – Je savais ton nom dès avant que tu ne fusses venu au monde. »
    Aussi intrigué qu’agacé par ces propos pour le moins sibyllins, Perceval finit par s’écrier : « Au nom de Dieu, je te conjure de me dire ce que tu sais de moi et ce qu’il en est de toi. Oui, au nom de Dieu, je t’en conjure ! – Je ne

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