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Galaad et le Roi Pêcheur

Galaad et le Roi Pêcheur

Titel: Galaad et le Roi Pêcheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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digne de recevoir celle que j’aime, ses rares mérites et son irréprochable courtoisie. Mais dis-moi au nom de qui je devrai me présenter. – Tu diras au roi et à la reine que c’est Perceval le Gallois qui vous envoie. – Seigneur, reprit le chevalier, je le ferai bien volontiers. Mon amie et moi, nous allons partir immédiatement pour la cour du roi Arthur. » Et, en effet, sitôt qu’ils eurent salué Perceval, le chevalier et la jeune fille laide qu’il aimait à la folie s’éloignèrent dans la forêt.
    Encore amusé par la rencontre de l’étrange couple, Perceval reprit sa route et, bientôt, déboucha dans une des plus belles prairies du monde. À ses pieds se trouvait un très beau gué ; sur l’autre rive se dressait un pavillon. Perceval se dirigea à vive allure vers le gué et l’aborda ; mais comme il allait permettre à son cheval de s’y abreuver, un chevalier magnifiquement équipé surgit du pavillon, et, tout en galopant vers Perceval, cria : « Par Dieu, chevalier ! c’est pour ton malheur que tu as violé ce gué ! tu vas le payer très cher ! »
    Il n’avait pas encore fini de parler qu’il arriva sur Perceval, et il s’apprêtait à le frapper de sa lance quand il s’aperçut que celui-ci n’avait ni lance ni bouclier. Perceval avait en effet brisé l’une et l’autre au cours du combat précédent. Faisant alors demi-tour, le chevalier du gué ordonna à une jeune fille qui se tenait à l’entrée du pavillon d’apporter une lance et un bouclier. La jeune fille s’empressa d’obéir, tendit les armes à Perceval qui en fut fort aise et, là-dessus, le chevalier lui cria de se mettre en garde, répétant qu’il lui en coûterait très cher d’être entré dans le gué sans sa permission.
    Ils s’attaquèrent avec violence en se portant de rudes coups ; les lances volèrent en éclats, mais Perceval heurta avec tant de force son adversaire qu’il le culbuta et l’envoya rouler de tout son long dans l’herbe. Et la chute fut si rude que, lacets rompus, le heaume du chevalier roula au loin. Perceval mit aussitôt pied à terre, car il se serait cru déshonoré de combattre à cheval un adversaire à pied. Il attaqua donc celui-ci à l’épée et lui porta tant et tant de bons coups qu’il en vint à bout. L’autre demanda grâce et se constitua prisonnier. Perceval lui répondit : « Seigneur, je t’épargnerai volontiers, mais à condition que tu me dises pour quelle raison tu t’en prends à qui veut franchir le gué.
    — Je vais te le dire, seigneur. Sache que je me nomme Urvoen et que je suis fils de la reine de Noire-Épine. Le roi Arthur m’a fait chevalier à Carduel, dans sa grande salle et, depuis, j’ai parcouru tout le pays. J’ai rencontré nombre de chevaliers, les ai affrontés et, sans mentir, je puis affirmer les avoir tous vaincus. Or, une nuit, comme je chevauchais à l’aventure, il se mit à pleuvoir si fort que le ciel tout entier, pensai-je, allait se déverser sur ma tête. Le tonnerre grondait ; les nues étaient sillonnées d’éclairs qui répandaient une lumière si inquiétante que je craignis le pire. Le vent m’emportait dans ses tourbillons, et j’avais l’impression que j’étais la proie de tous les diables de l’enfer. Quant à mon cheval, il était si terrorisé que je ne pouvais plus le maîtriser et qu’il m’entraînait malgré moi. Et par-derrière, se faisait un tel vacarme que j’aurais juré que les arbres s’effondraient tous sur mes talons.
    « Dans la détresse où je me trouvais, j’aperçus alors devant moi, sur la plus belle mule que j’aie jamais vue, une jeune fille qui galopait à vive allure. Je me mis aussitôt à la suivre et m’efforçai de la rattraper. Si noires étaient les ténèbres que je n’aurais certes pu suivre ses traces, sans les éclairs qui me la montraient par intermittence au sein de la tourmente. Après l’avoir poursuivie de la sorte un assez long temps, je la vis pénétrer dans le plus beau château du monde. Je fis de même sur ses pas et survins en même temps qu’elle dans la grande salle. Alors seulement elle parut s’apercevoir de ma présence, s’approcha de moi, me jeta les bras autour du cou, me fit désarmer par ses valets et me réserva un accueil chaleureux. Elle était si belle que je m’en épris immédiatement et, durant la nuit, je m’enhardis au point de lui demander son amour. Elle répondit qu’elle accepterait de grand cœur

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