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Galaad et le Roi Pêcheur

Galaad et le Roi Pêcheur

Titel: Galaad et le Roi Pêcheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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et nulle ne peut poursuivre sa route qui ne s’en soit acquittée dûment. – Maudit soit celui qui institua pareille coutume ! s’écria Galaad, car elle est franchement détestable ! Sachez-le donc, aussi longtemps que je serai en vie, cette jeune fille ne vous donnera pas ce que vous demandez ! – Pour Dieu ! approuva Perceval, je préférerais périr plutôt que de voir ma sœur subir cette coutume ! – Moi aussi ! s’écria Bohort, j’en atteste Dieu, je ne vous laisserai pas faire ! – Par ma foi ! répondit le chevalier, vous périrez donc tous les trois. Fussiez-vous les meilleurs chevaliers du monde, vous ne l’emporterez pas sur nous. »
    On en vint donc aux mains, mais les trois compagnons eurent tôt fait d’abattre les dix chevaliers puis, frappant de l’épée, de les tuer jusqu’au dernier. À ce moment, soixante chevaliers sortirent de la forteresse, précédés d’un vieillard qui dit aux compagnons : « Beaux seigneurs, ayez pitié de vous-mêmes et ne vous faites point tuer. Ce serait dommage, car vous êtes de preux chevaliers, à ce qu’il semble. Aussi vous prions-nous de nous accorder ce que nous demandons. – Tu parles en vain, répondit Galaad, et nous ne sommes nullement disposés à vous laisser faire. – Vous voulez donc mourir ? reprit le vieillard. – Nous n’en sommes pas encore là, répliqua Galaad mais, effectivement nous aimerions mieux mourir que de subir tel déshonneur. »
    Le combat commença et la mêlée fut rude. Les compagnons se voyaient assaillis de toutes parts, mais Galaad avait l’Épée aux Étranges Renges, et il en frappait de droite et de gauche, tuant si bien tout ce qu’il atteignait qu’on l’eût pris pour un diable plutôt que pour un mortel. Il avançait sans cesse, gagnant toujours du terrain sur ses adversaires, et ce sans jamais reculer d’un pas, tandis que Bohort et Perceval protégeaient ses flancs de sorte qu’on ne pouvait l’assaillir que de face.
    La bataille dura jusqu’au milieu de l’après-midi, sans que les compagnons eussent peur un seul instant ou perdissent pied, malgré l’extrême violence des assauts. Aussi ceux de la forteresse, voyant que ces trois chevaliers valaient une armée entière, se concertèrent-ils et finirent-ils par admettre qu’il fallait interrompre la lutte, au moins provisoirement, car la nuit qui tombait se faisait très obscure. Le vieillard qui avait déjà parlé aux compagnons vint à nouveau les trouver et leur dit : « Seigneurs, par amour et par courtoisie, nous vous prions d’accepter notre hospitalité ce soir. Nous vous promettons de vous remettre demain matin au point où vous en êtes maintenant. Savez-vous pourquoi je vous dis cela ? C’est que, dès que vous connaîtrez la vérité sur cette coutume, vous accepterez que la demoiselle accède à notre demande. » Galaad allait refuser sèchement cette proposition quand la sœur de Perceval le devança et dit à ses compagnons : « Je vous en prie, acceptez l’hospitalité qu’il nous offre. »
    Ils conclurent donc une trêve et pénétrèrent dans la forteresse, et jamais ne se vit plus superbe accueil que celui que l’on réserva, ce soir-là, à Bohort, Galaad, Perceval et Lawri. On s’empressa à les servir, on les désarma, on les revêtit de manteaux splendides et on les conduisit dans une belle salle où les tables étaient prêtes. Le repas terminé, ils demandèrent ce qu’il en était exactement de la coutume de la forteresse, et en vertu de quel droit elle avait été établie.
    « Seigneurs, je vais vous l’expliquer, dit l’un des chevaliers. La vérité est que réside ici, dans ce château, une dame à qui nous appartenons, nous et tous les gens du pays. C’est une jeune fille nantie de grandes qualités et issue de très bonne lignée. Elle ne possède pas seulement ce lieu-ci, mais nombre d’autres places fortes tout alentour, où elle fait régner la justice et la paix. Par malheur, voilà deux ans, Notre Seigneur permit qu’elle tombât malade. La voyant languissante depuis quelque temps, nous voulûmes savoir la cause de son mal, et nous finîmes par comprendre qu’il s’agissait de la lèpre. Nous fîmes alors venir les meilleurs médecins de ce pays et de bien d’autres afin de leur demander quels remèdes il convenait d’appliquer. Hélas ! aucun d’eux ne put nous venir en aide.
    « Nous nous trouvions en plein désarroi et nous ne savions plus que faire quand un

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