Game Over - L’histoire d’Éric Gagné

en retour de Herges, les Expos ont cédé un autre releveur, Guillermo Mota, aux Dodgers. Ce dernier était âgé de 28 ans et il n’était pas encore parvenu à se tailler une grande fiche et une grande réputation dans les majeures. Mais il lançait avec énormément de force.
    Un an après cette transaction, Evans avait l’air d’un génie: Mota était devenu notre spécialiste de la huitième manche. Et ensemble, lui et moi formions l’un des plus coriaces duos de releveurs de l’histoire du baseball.
    Mais revenons au camp de 2002. Alors qu’il ne restait que 48 heures à écouler avant de faire nos valises et de rentrer à Los Angeles, Tracy est venu me voir pour m’annoncer que j’avais effectivement mérité un poste dans sa formation. Mais en même temps, il se gardait une petite marge de manœuvre pour la suite des choses.
    â€” Nous avons un poste pour toi mais nous ne savons pas encore quel sera ton rôle. En fait, nous ignorons lequel d’entre vous sera appelé à assumer les fonctions de closer . Pour sauvegarder nos matchs, nous avons décidé de faire appel à un comité jusqu’à nouvel ordre. Et tu feras partie de ce comité en compagnie de Giovanni Carrara et de Paul Quantrill. Les rôles de chacun seront déterminés après les deux ou trois premières semaines de la saison, a-t-il expliqué.
    J’étais à la fois heureux d’avoir remporté mon pari et convaincu que j’allais finir par m’emparer du poste de releveur numéro un de l’équipe. J’ai donc sauté à pieds joints dans l’aventure que Tracy me proposait.
    Nous sommes ensuite rentrés à Los Angeles, où notre saison débutait par une série de trois matchs contre nos éternels rivaux, les Giants de San Francisco. Immédiatement après cette série, c’était au tour des Rockies du Colorado de débarquer à Chavez Ravin pour disputer une autre série de trois matchs.
    C’est dans le dernier match qui nous opposait aux Rockies, le 7 avril, que j’ai récolté mon premier sauvetage dans les majeures. Nous avions une avance de 6 à 4 lorsque les portes de l’enclos se sont ouvertes pour la première fois devant moi et que les haut-parleurs du Dodger Stadium se sont mis à hurler la chanson Welcome to the Jungle , du groupe Guns N’ Roses.
    J’étais loin de me douter que cette scène, au fil des semaines et des mois suivants, allait devenir un rituel presque sacré, autant pour moi que pour les partisans de l’équipe.
    J’ai pris les devants sur le premier frappeur de la manche, le troisième-but Greg Norton. Avec un compte de 0-1, Norton a cogné un ballon dans la gauche. Todd Hollandsworth s’est ensuite présenté à la plaque et je l’ai retiré en trois lancers, sur trois prises consécutives.
    Benny Agbayani, le voltigeur de gauche des Rockies, s’est sorti d’un compte de 1-2 en cognant un simple en flèche dans la gauche. Puis le deuxième-but Terry Schumpert a redressé un ballon au champ centre pour constituer le 27 e et dernier retrait du match.
    Il ne s’agissait que de mon premier sauvetage en carrière mais je savais, de façon très claire, que j’étais taillé sur mesure pour ce rôle et que j’allais en réussir beaucoup d’autres.
    Après ce match, j’ai dit à Val sur un ton mi-sérieux, mi-badin, qu’il ne me restait plus que 47 sauvetages à réussir pour atteindre mon objectif de la saison.
    â€”  Forty seven to go! ai-je fièrement lancé en montant à bord de la voiture.
    Ma blonde ne tolérait pas l’arrogance. Et quand j’ai tourné la tête en sa direction afin de poursuivre la conversation, elle me regardait comme si je venais de dire une atrocité. Qui sait, peut-être revoyait-elle dans sa tête les images de nos nombreux déménagements des années précédentes? En tous cas, elle était vraiment fâchée par la prédiction que je venais de faire.
    â€” T’es bien niaiseux! Tu n’as jamais été closer , comment peux-tu dire une chose pareille?
    â€” Voyons, Val! C’est exactement le rôle que j’avais quand j’étais avec l’équipe canadienne. Je sais ce que je dis!
    Valérie se rappelait que