Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
nây a pas mille questions à se poser. Dans la quasi-totalité des cas ça signifie quâil procédera à un changement de lanceur. Lâentraîneur des lanceurs, lui, se rend habituellement sur la butte pour transmettre des directives, pour suggérer des ajustements techniques ou encore pour sâassurer que tout le monde à lâavant-champ sâentend quant à la stratégie à adopter.
Tracy, donc, avait décidé que je nâallais pas terminer ce match.
â How do you feel ? mâa-t-il demandé en arrivant à ma hauteur.
Je ne voulais absolument pas lui remettre la balle. Il nâétait pas question que je quitte le terrain!
â I got it , I got it, donât worry! ai-je répliqué dâun ton sec.
Je nâai jamais croisé son regard. Je lui ai répondu que jâavais la situation en mains et je lui ai immédiatement tourné le dos.
à la surprise générale, Tracy sâest ravisé. Il mâa tourné le dos à son tour et il a retraité vers lâabri.
Ce fut alors au tour de Jeff Kent de se présenter au marbre.
Je me suis façonné un compte de 0-2 et je lâai retiré sur élan. Avec deux coureurs sur les sentiers et le match entre ses mains, Sanders nâa guère été patient par la suite. Ãtonnamment, le vétéran sâest compromis sur mon premier lancer, qui a résulté en un ballon au champ centre.
Sauvetage numéro trois!
Le lendemain, nous étions au Qualcomm Stadium de San Diego et nous nous préparions pour le premier match de notre série face aux Padres. Je mâentraînais dans la salle de musculation quand Tracy est venu mây rejoindre.
â Ãric, we trust you. I knew you were a closer. Youâre a closer now. Everytime thereâs a save situation, youâre in.
Quelques minutes après cette discussion, comme le veut la tra-dition dans les heures précédant un match, les journalistes affectés à la couverture de lâéquipe sont venus sâentasser dans le bureau du gérant afin dâassister à son point de presse quotidien. Tracy en a alors profité pour annoncer publiquement ma nomination à titre de closer .
Je me sentais bien. Jâétais dans une sorte dâétat de plénitude. Câétait la première fois que jâavais un rôle bien à moi et que je cadrais vraiment avec une équipe des majeures. Et je ne cessais de me répéter:Â
â Ãa va bien. Wow, ça va vraiment bien!
Jâavais enfin trouvé ma voie. Après cette rencontre avec Tracy, mon niveau de concentration et mon niveau de confiance nâont jamais cessé de croître et il est devenu à peu près impossible de me battre.
à la fin dâavril, jâavais déjà 9 sauvetages à ma fiche et ma moyenne de points mérités sâélevait à 0,69. à la fin de mai, jâen comptais 18 et ma moyenne se situait à 1,65. Et à la fin de juin, je revendiquais 29 matchs préservés et ma moyenne indiquait 1,30.
Mon contrôle était presque parfait. Les retraits sur des prises se multipliaient et mon rythme de croisière était supérieur à celui que Bobby Thigpen, des White Sox de Chicago, avait maintenu en 1990 durant sa saison record. Cette année-là , Thigpen avait pulvérisé la marque du plus grand nombre de sauvetages réussis en une saison. Il avait préservé 57 rencontres, soit 11 de plus que la marque que Dave Righetti, des Yankees, avait établie en 1986.
Dans ma tête, plus rien ne pouvait mâarrêter. Et je ne semblais pas être le seul à percevoir cette aura dâinvincibilité. Au fil des semaines, ma rapide ascension parmi les meilleurs releveurs du baseball majeur a donné naissance à un phénomène qui ne sâétait encore jamais produit au Dodger Stadium.
Le stade des Dodgers, qui était alors fréquenté par plus de trois millions de spectateurs à chaque saison, nâétait à peu près pas accessible par lâentremise du transport en commun. Les jours de matchs, cela donnait lieu à des embouteillages monstres sur les autoroutes menant au ravin Chavez. Il était donc tout à fait normal pour notre équipe dâentreprendre ses matchs à domicile devant un très grand nombre de sièges vides. La plupart du temps,
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