Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
durant ma lente course vers lâavant-champ, jusquâà ce que je pose le pied sur le monticule. Et quand je me suis hissé sur la butte, des clameurs encore plus fortes se sont fait entendre aux quatre coins de ce stade rempli dâhistoire.
Jâétais là , au beau milieu dâun des plus mythiques temples du sport nord-américain, et lâadrénaline filait dans mes veines. En plus, je me joignais officiellement à une superbe machine de baseball. Alors que sâentamait le dernier droit du calendrier, les Red Sox présentaient un dossier de 65-42 et détenaient une avance de 7 matchs en tête de la division Est de la Ligue américaine, devant les Yankees.
Et il ne me restait quâà boucler cette neuvième manche pour consolider cette avance.
Intérieurement, je me disais que je ne devais pas rater mon coup et que si je jouais à la hauteur des attentes, les Red Sox allaient remporter la Série mondiale. Câétait ridicule de penser ainsi. Dans les faits, je nâétais quâune pièce du puzzle. Un élément extérieur quâon venait de greffer à une excellente équipe dans lâespoir de lui donner encore plus de profondeur.
Malgré une petite anicroche, ma première présence au Fenway Park sâest bien déroulée.
Jâai dâabord retiré Kevin Millar et Miguel Tejada sur des prises. Puis Aubrey Huff a cogné un faible ballon près de la ligne, à bonne distance du troisième coussin. La balle sâest bêtement faufilée entre Mike Lowell et Alex Cora, pour ensuite bondir dans les gradins et procurer un double automatique à Huff. Un coup sûr chanceux. Jay Payton a enchaîné avec un simple dans la droite pour réduire notre avance à 7-4. Puis le frappeur désigné, Jay Gibbons, a mis fin à la manche en cognant un ballon au champ extérieur.
En rentrant à lâabri, jâétais extrêmement satisfait de cette première sortie, qui aurait normalement dû se solder sans le moindre dégât.
â Ce gars-là lancera beaucoup de manches importantes dâici la fin de la saison, a prédit Francona, lors de sa rencontre dâaprès-match avec les représentants des médias.
Comment aurait-il pu savoir que seulement dix jours plus tard, jâallais être lâennemi public numéro un de la Red Sox Nation ?
Quarante-huit heures après mon premier match dans lâuniforme des Red Sox, nous nous sommes retrouvés à Seattle, lâune des deux équipes (avec les Orioles) qui mâavaient causé des ennuis à la fin de mon séjour chez les Rangers.
Nous détenions une avance de 4 à 2 et jâavais déjà enregistré deux retraits en huitième quand les Mariners se sont mis à cogner la balle avec énormément dâaplomb.
Après des simples de Ben Broussard et de Kenji Johjima, Javier Lopez a réduit notre avance à un point en claquant un double près de la ligne du troisième but. Heureusement, la manche sâest terminée sans plus de dégâts.
Quelques jours plus tard, le 10 août, nous nous sommes retrouvés à ⦠Baltimore.
Ce soir-là , le ciel mâest véritablement tombé sur la tête: les Orioles se sont offert quatre points, trois coups sûrs et un but sur balles à mes dépens en seulement un tiers de manche. Nous détenions une avance de 5 à 1 quand je mâétais présenté dans le match en huitième, et câétait 5 à 5 quand nous sommes revenus au bâton en neuvième.
Nous nous sommes finalement inclinés par la marque de 6 à 5.
Câétait vraiment anormal. Lâun après lâautre, les frappeurs de Baltimore avaient cogné la balle avec autorité exactement comme sâils avaient su dâavance ce que jâallais leur servir. Peu importe sâil sâagissait dâune rapide à 94 milles à lâheure ou dâun changement de vitesse, ils avaient tous semblé très à lâaise à la plaque. Beaucoup trop, en fait.
Câétait maintenant clair comme de lâeau de roche: je leur fournissais les indices qui leur permettaient de me pilonner. Ces gars-là  â et probablement les joueurs des Mariners â sâoffraient de véritables feux dâartifice à mes dépens. Et sans le savoir, je leur distribuais des
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