Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
allumettes!
Dans le langage du baseball, quand un lanceur permet aux frappeurs adverses de deviner les lancers quâil sâapprête à effectuer, on dit quâil fait du tipping .
Comment une telle chose est-elle possible?
Les lanceurs du baseball majeur sont probablement les créatures les plus routinières de tout le sport professionnel. Année après année, ils lancent des milliers de balles en tentant chaque fois de reproduire exactement lâélan auquel ils ont eu recours lors du lancer précédent. Même position de départ, même période de concentration et de prise de signaux, même rotation au-dessus de la plaque, même élévation de la jambe, même action du bras, même foulée, et relâchement de la balle exactement au même moment.
Lâincessante répétition. La constance et le contrôle du mouvement. Câest la seule manière de pouvoir atteindre la zone des prises avec régularité.
Or, sans le savoir, un très grand nombre de lanceurs nâagissent pas exactement de la même manière selon le type de lancer quâils choisissent dâeffectuer.
Par exemple, la mécanique dâun lanceur peut être légèrement plus rapide lorsquâil lance une courbe, ou un peu plus lente lorsquâil mise sur sa rapide. Sa main peut sâengouffrer légèrement plus au fond de son gant lorsquâil enveloppe la balle avant de lancer un changement de vitesse. Ou encore, lorsque le lanceur décide de miser sur sa rapide, le frappeur peut parfois apercevoir la base de la paume de la main, parce quâil tient la balle du bout des doigts et que sa main nâest pas suffisamment plongée dans son gant.
Au cours dâune saison de 162 matchs, les joueurs de baseball passent de longues heures assis sur le banc. Pour les frappeurs qui sont dotés dâun bon sens de lâobservation et qui se donnent la peine de détecter les tips que leur offrent un très grand nombre de lanceurs, ces informations valent leur pesant dâor. Elles leur confèrent un avantage indéniable.
Lorsque nous étions chez les Dodgers, Alex Cora et moi passions beaucoup de temps à observer les lanceurs afin de dénicher ceux qui «tippaient» leurs lancers. Et nous en dénichions beaucoup. Il y en avait généralement deux ou trois par équipe.
Notre coéquipier Shawn Green, un athlète que jâai beaucoup apprécié, était dâailleurs lâun des plus redoutables démasqueurs de tips de tout le baseball majeur. Il traînait toujours avec lui un petit carnet dans lequel il notait chacune des petites manies ou tics quâil parvenait à déceler.
Adepte de la méditation, Green était capable de décortiquer des nuances dans la mécanique dâun lanceur même quand ce dernier était sur le point de relâcher la balle. Dans pareille situation, la quasi-totalité des frappeurs ne peuvent se concentrer sur autre chose que sur la main qui renferme la balle.
Green était à ce point fin observateur quâil pouvait déceler, à 60 pieds six pouces de distance, si un lanceur ouvrait dâun centimètre la main dans laquelle il portait son gant, de manière à changer sa prise sur la balle.
Dans son livre The Way of Baseball, Finding Stillness at 95 mph , Green raconte dâailleurs quâil pouvait savoir dâavance ce que 50% des lanceurs des majeures allaient lui envoyer. Parmi ses «victimes», on retrouvait plusieurs futurs membres du panthéon du baseball comme Randy Johnson, Curt Schilling ou Greg Maddux.
Dans le baseball majeur, les Orioles étaient vraiment reconnus comme des maîtres dans lâart de déceler le tipping . Et de toute évidence, ils sâétaient beaucoup attardés sur mon cas.
Les partisans des Red Sox aussi commençaient à sâattarder sur mon casâ¦
Quand les Red Sox rendent visite aux Orioles à Baltimore, un très grand nombre de partisans de lâéquipe sây rendent pour les encourager. Ce nâest pas comme sâil sâagissait dâun match à domicile, mais pas loin.
Dâailleurs, durant cette série de trois matchs à Baltimore, un grand nombre de partisans des Red Sox séjournaient au même hôtel que nous. Un soir, après un match, Todd et moi rentrons à lâhôtel et nous décidons de descendre
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