Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
toutefois pas empêché de connaître une belle carrière de 14 saisons dans les rangs professionnels mineurs, au sein des organisations des Pirates de Pittsburgh, des Braves dâAtlanta et des Expos, notamment.
En me faisant raconter à quel point les Capitales étaient populaires à Québec et en entendant parler du professionnalisme avec lequel cette petite organisation était menée, je me suis demandé si je ne venais pas de trouver lâendroit idéal pour tenter une nouvelle ascension vers le baseball majeur.
Je nâavais pas porté les couleurs dâune équipe québécoise depuis 15 ans. Et à cause de la honte que jâavais ressentie lors de la parution du Rapport Mitchell en 2007, je nâavais pas depuis remis les pieds au Québec. Jâavais aussi évité, le plus possible, tout contact avec les médias de chez nous.
Et puis, à ce stade, je savais que je nâen avais plus pour très longtemps à jouer. Je me disais quâil sâagissait dâune belle occasion de revenir aux sources et de donner une partie de ce qui me restait aux amateurs de baseball de mon coin de pays. En plus, Québec était une ville agréable où jâallais pouvoir installer notre famille durant la saison, tout en permettant à nos enfants de baigner dans un environnement français.
â Est-ce que ça te gênerait de téléphoner à Michel Laplante et de lui demander sâil aurait une place pour moi dans son équipe? ai-je demandé à mon ami.
â Certainement! Je vais lâappeler dès aujourdâhui, a-t-il répondu.
à ma grande surprise toutefois, cet appel nâa pas tout à fait eu lâeffet escompté chez les dirigeants des Capitales.
Laplante était évidemment aguiché par la perspective dâaccueillir un ex-récipiendaire du trophée Cy Young au sein de son organisation. Il sâagissait à la fois dâun immense coup de marketing pour les Capitales et pour la ligue, ainsi que dâune occasion dâajouter un joueur compétitif à son alignement.
Mais en même temps, cette offre que jâavais lancée créait un immense malaise dans les bureaux de lâéquipe.
Michel Laplante avait développé et monté cette organisation autour dâune valeur qui était pour lui fondamentale: la loyauté. Cela signifiait que les Capitales prenaient bien soin de leurs joueurs et quâau lieu de considérer leurs athlètes comme des pièces interchangeables, ils misaient sur la stabilité et ne touchaient à peu près pas à leur noyau dâune saison à lâautre.
Leur vestiaire était donc tissé extrêmement serré. Et cela donnait des résultats parce que les Capitales étaient un véritable success story sportif. Ils accumulaient les championnats de la ligue Can-Am de manière presque routinière.
Laplante ne pouvait mâouvrir les portes de son vestiaire parce quâun règlement de la ligue interdisait aux équipes dâaligner plus de quatre joueurs comptant six ans ou plus dâexpérience dans les rangs professionnels. Cette contrainte, dâailleurs, venait tout juste de créer une commotion chez les Capitales.
Le receveur québécois Pierre-Luc Laforest, qui sâétait hissé jusquâaux majeures dans lâuniforme des Devil Rays de Tampa Bay, des Padres de San Diego et des Phillies de Philadelphie, venait tout juste de se joindre à lâéquipe. Et pour lui faire une place, Laplante avait été confronté exactement au même dilemme.
Quand Laforest avait fait part de son désir dâaller jouer à Québec, lâéquipe misait déjà sur ses quatre vétérans comptant six années dâexpérience chez les pros. Il avait alors fallu que Patrick Scalabrini, pourtant lâune des vedettes québécoises des Capitales, propose lui-même de raccrocher son gant et de devenir entraîneur des frappeurs pour que lâon puisse faire une place à Laforest.
â Je prends ma retraite dans lâintérêt du baseball québécois et dans lâintérêt des Capitales, avait alors expliqué Scalabrini. Nous ne pouvons rater lâoccasion dâembaucher un joueur comme Laforest. Si je peux lâavoir au sein de mon équipe, ça ne me dérange pas de devenir spectateur.
Sans
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