Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
savoir à quoi sâattendre. On aurait dit quâils pensaient que jâallais me présenter avec une attitude un peu Big League et que jâallais les regarder de haut. Au contraire, jâessayais de les aider et de partager mon expérience avec eux.
Câétait vraiment sympathique! Les jeunes posaient beaucoup de questions. Ils voulaient savoir à quoi ressemblait la vie dans les ligues majeures. Ils voulaient tout savoir! Tant au sujet du métier proprement dit que des extravagances qui pouvaient à lâoccasion survenir à lâextérieur du terrain.
Ce contact avec les joueurs des Capitales mâa fait réaliser à quel point jâavais été chanceux de connaître une aussi belle carrière. Lorsquâon débarque au sein du Show , on est dâabord ébahi par tout ce qui nous entoure. Mais après quelques saisons, les millions pleuvent. Le baseball reste alors un jeu, mais on en vient à se concentrer uniquement sur lâentraînement, les performances et les contrats. Et on finit par oublier les véritables raisons qui nous faisaient aimer ce sport.
Dans lâuniforme des Capitales, jâai redécouvert à quel point les duels avec les frappeurs mâallumaient. Peu importe lâidentité des gars qui se trouvaient à 60 pieds et demi du monticule, et peu importe que je lance à 82, 89 ou 92 milles à lâheure, jâessayais quand même à 100% de les retirer.
Jâai réalisé que câétait pour livrer chacun de ces duels que jâavais tant aimé le baseball. Et je me suis rendu compte que lorsque jâoptais pour une stratégie et que je parvenais à lâexécuter pour retirer un frappeur de la ligue Can-Am, je ressentais la même chose que quand jâavais retiré Juan Pierre, J.T. Snow ou Barry Bonds dans les majeures.
Cet été passé à Québec mâa permis de voir les choses dâun regard différent et de mettre plusieurs éléments de ma vie en perspective.
Dâun point de vue familial, cette saison passée chez les Capitales sâest aussi avérée extraordinaire. Juste avant notre arrivée, lâéquipe nous avait déniché une jolie maison aux abords du fleuve et nous y avons passé de beaux moments.
Nos trois plus jeunes enfants, Maddox, Bluu et Harley, ne mâavaient pas vraiment vu lancer au cours des trois années précédentes. Ils étaient de toute manière très jeunes et nâavaient à peu près aucun souvenir de la carrière de leur père dans les majeures. Ils ont donc eu la chance de me voir Åuvrer au monticule, même sâil ne sâagissait pas dâun monticule des grandes ligues.
Et comme Michel ne mâobligeait pas nécessairement à accompagner lâéquipe à lâétranger quand je nâavais pas de départ prévu (je poursuivais mon programme dâentraînement et de rééducation à Québec), nous passions davantage de temps en famille.
Nos parents et amis pouvaient aussi venir assister à mes matchs quand bon leur semblait. Ils nâavaient plus à se rendre à Los Angeles ou Chicago pour le faire. Je nâai donc jamais eu à laisser autant dâenveloppes de billets au comptoir de courtoisie de toute ma vie. à elle seule, ma mère avait 16 frères et sÅurs! Jâai sans doute été le plus important acheteur de billets des Capitales cet été-là !
Même si elle était on ne peut plus authentique, la vie des ligues mineures était loin dâêtre parfaite. En voyage notamment. En lâespace de quelque mois, jâétais passé du rythme de vie des ligues majeures et des suites du Ritz Carlton à des séjours au motel Super 8. Et encore, le Super 8 se situait vraiment dans une catégorie supérieure par rapport à dâautres hôtels quâon retrouvait dans les petites villes de la ligue Can-Am.
Il y avait aussi les interminables trajets en autobus. La première fois que jâai voyagé avec lâéquipe, jâai ressenti une sorte de mal de mer. Lâautobus était moderne et extrêmement bien aménagé. On pouvait y dormir et tout. Mais même si le véhicule était extrêmement bien équipé, nous étions 30 ou 40 à lâintérieur et les trajets de 10 ou 12 heures me semblaient encore plus longs
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