Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
a remporté le match de manière spectaculaire en neuvième manche et tout le monde avait le cÅur joyeux en remontant à bord de lâautobus.
Pendant ce temps, je me trouvais chez Ludger et Solange, les parents de Valérie. Ces derniers possédaient un petit complexe de maisons mobiles aménagé aux abords du fleuve. Et juste en face de leur maison, on retrouvait une île privée de 2,4 millions de pieds carrés, sur laquelle mon beau-frère Francis avait aménagé un terrain de paintball . Quelques années auparavant, jâavais aidé Francis à démarrer cette entreprise quâil avait baptisée Le Fou de lâÃle.
En fin de soirée, jâavais mis la dernière touche aux préparatifs et jâattendais fébrilement que lâautobus de lâéquipe se pointe. Mais le chauffeur des Capitales sâétait égaré. Je téléphonais à Michel à toutes les demi-heures.
â Sacrament! Quâest-ce que vous faites?
â Nous sommes sur le point dâarriver, Ãric. Tout est OK.
â Est-ce que les gars ont faim?
â Euh, oui. Ils ont faim.
â Je vous attends!
Quand les joueurs sont arrivés, deux grandes embarcations les attendaient. Tout le monde est monté à bord et nous nous sommes dirigés vers lâîle.
Câétait presque une scène de film. Des flambeaux avaient été installés pour illuminer les lieux et un gros feu de camp crépitait. Nous avions aménagé et rempli un bar juste à côté et il y avait des victuailles pour tout le monde. Il y en avait pour tous les goûts.
Tout le monde sâest rassasié, puis le chanteur Bob Bissonnette â mon ami Roberto â sâest installé avec sa guitare et nous avons festoyé jusquâà 5 h du matin.
Les joueurs ont ensuite dormi quelques heures à bord de lâautobus. Disons que ça sentait lâesprit dâéquipe lorsquâils se sont réveillés, deux ou trois heures plus tard. Puis nous sommes retournés sur lâîle pour disputer nos parties de paintball . Tout était organisé de A à Z, et les joueurs ont vraiment apprécié leur journée.
Ils se sont même payé ma tête lorsquâils mâont vu arriver avec mon uniforme et mon équipement digne de Rambo. En comparaison avec eux, jâétais équipé jusquâaux dents! Jâavais des milliers de balles en réserve et même une mitraillette. Ce léger avantage mâa permis de faire de très nombreuses victimes au cours de cette journée qui sâest avérée un point tournant de notre saison.
Le genre de fête qui reste longtemps en mémoire et qui rapproche tout le monde.
â¢
Aussi agréable était-elle au plan humain, cette saison à Québec nâen restait pas moins ardue dâun point de vue sportif. Même si je nâétais plus dans les majeures et que jâaffrontais des joueurs moins aguer-ris, je connaissais des hauts et des bas. Au point où, à un certain moment, jâai dû me résoudre au fait que mon corps nâallait probablement plus jamais me permettre de lancer comme je lâavais fait dans le passé.
Le 29 juin, alors que nous disputions un match à Nashua, au New Hampshire, jâai atteint le fond du baril. Le plus bas niveau qui puisse être atteint par un lanceur professionnel.
Il sâagissait de mon troisième départ dans lâuniforme des Capitales. Il pleuvait abondamment et il y avait peut-être 25 ou 35 spectateurs dans les gradins. Le stade (ou plutôt le parc) où évoluaient les American Defenders nâétait pas éclairé convenablement. Lâavant-champ était dans un état lamentable. Bref, la motivation était difficile à trouver quand jâai entrepris ce match.
Jâai accordé un point et deux coups sûrs en première manche. Et en deuxième, le ciel mâest tombé sur la tête. Nos adversaires ont explosé de six coups sûrs â tous des simples â pour inscrire quatre points supplémentaires.
Il nây avait rien qui fonctionnait. Les conditions de jeu étaient pitoyables. Mes lancers atteignaient peut-être 82 ou 84 milles à lâheure et je me faisais joyeusement ramasser.
Jâarrivais directement des ligues majeures. Jâavais beau
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