Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
de fil dâune équipe à la recherche de profondeur pour attaquer le dernier droit de la saison.
Cet appel, toutefois, nâest jamais venu.
Il ne me restait quâà vivre mon expérience jusquâau bout. Jâallais compléter la saison â et en même temps ma carrière â à Québec.
En incluant les séries éliminatoires, il nous restait environ un mois de baseball à disputer quand il est apparu de façon assez claire quâaucune organisation des majeures nâallait solliciter mes services. Dâun point de vue professionnel, je nâavais à peu près plus rien à gagner.
Quand je me suis retrouvé dans ce cul-de-sac, Valérie et les enfants venaient de rentrer en Arizona pour préparer la rentrée scolaire. Les enfants devaient commencer à fréquenter lâécole à la mi-août et il pleuvait constamment à Québec. Nous avions convenu quâil valait mieux quâelle les ramène à la maison quelques jours avant la rentrée afin quâils puissent se replonger dans leur petit monde et renouer avec leurs amis.
à compter de ce moment, jâai frappé une sorte de mur et jâai recommencé à plafonner sur le terrain. Mais en même temps, je nâavais rien à perdre non plus, et je me suis dit que jâallais offrir aux Capitales tout ce qui me restait dans le bras pour les aider à décrocher un autre championnat.
Une semaine avant le début des séries, je suis donc allé voir Michel pour parler stratégie.
â Michel, jâai eu pas mal de succès comme closer au cours de ma vie. Jâai été pas pire dans ce rôle-là . Je veux juste que tu saches que si jamais tu voulais me faire commencer le premier match des séries, je pourrais revenir tâaider en relève dans la troisième ou la quatrième rencontre.
Il a acquiescé.
Le mercredi 9 septembre, jâai donc entrepris la série qui nous opposait au Rox de Brockton. Ce départ sâest cependant avéré très ordinaire. Jâai accordé 9 coups sûrs et 7 points mérités en 7 manches de travail, mais nous sommes tout de même parvenus à nous en tirer avec une victoire de 8 à 7.
Ma vie de baseballeur tirait à sa fin et on aurait dit que mon corps avait reçu le message. Jâai ressenti au cours de ce match des douleurs au dos différentes â et nettement plus intenses â que celles avec lesquelles jâavais eu lâhabitude de négocier dans le passé.
Jâétais trop mal en point pour revenir en relève dans cette série, que nous avons remportée le dimanche suivant.
La série finale (un 3 de 5) devait se mettre en branle le mardi 15 septembre à Worcester, et jâétais désigné pour entreprendre le premier match.
La veille de la finale, nous avons profité de notre journée de congé pour réunir toute lâéquipe sur un terrain de golf que nous aimions particulièrement, dans la région de Worcester. Nous avions baptisé ces sorties nos «journées de golf de rêve».
Ce jour-là , par contre, le rêve était assez douloureux. Cela faisait maintenant cinq jours que jâavais effectué mon dernier départ et lâétat de mon dos ne sâaméliorait pas. Il était clairement impossible que je puisse monter sur la butte le lendemain.
Je mâétais toujours fait un point dâhonneur de saisir la balle lorsquâon me la tendait. Mais pas cette fois. Il nây avait rien dâautre à faire que de déclarer forfait. Jâai donc pris Michel en aparté:
â Ãa ne va pas bien du tout. Je ne pourrai pas lancer demain. Et de toute manière, même si je lançais le premier match je ne serais pas en mesure de revenir dans le cinquième. Je suis désolé.
Michel a ainsi dû remanier sa rotation à quelques heures dâavis.
Après notre ronde de golf, jâai demandé à notre gérant de me laisser rentrer à Québec pour que je puisse mây faire soigner.
â Si tu le permets, je passerai les prochains jours à recevoir des traitements et je pourrai lancer le troisième match de la série, jeudi, ai-je fait valoir.
Le lendemain matin, je suis donc remonté à bord de mon motorisé pour rentrer à Québec. Et en soirée, nous avons
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