Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
Elle estimait que les Rockies allaient me donner une meilleure chance de faire mes preuves.
â Ne signe pas avec les Dodgers! Câest la pire erreur que tu puisses faire, avait-elle pris soin dâajouter.
Lors de notre discussion, Frank McCourt sâétait pourtant montré très enthousiaste.
â On va te donner une chance! avait-il assuré. On va te faire signer un contrat des ligues mineures.
Je savais aussi que les partisans des Dodgers avaient passé lâéponge sur le Rapport Mitchell. Après ma saison à Québec, je mâétais rendu à L.A. pour assister à un match éliminatoire opposant les Dodgers aux Cards de Saint Louis. Et à la troisième manche, lâun des cameramen chargés dâalimenter les tableaux indicateurs du Dodger Stadium était parvenu à me repérer dans la foule.
La réaction des partisans avait été instantanée. Ils mâavaient chaleureusement applaudi. Cette spontanéité de la foule mâavait à la fois ému et soulagé. Après tout ce que jâavais vécu dans ce stade, je ne voulais pas mây sentir comme un étranger.
Alors, les Rockies ou les Dodgers?
Jâai tenté de peser le pour et le contre. Et malgré tous les facteurs qui pouvaient faire pencher la balance du côté des Rockies, il était difficile dâempêcher mon cÅur dâaimer. Et dans mon cÅur, jâétais encore un Dodger. Malgré les vives appréhensions de Val, au lieu dâaborder ce retour au jeu de façon plus rationnelle, je me suis laissé guider par mes émotions. Jâaimais Los Angeles. Jâaimais les partisans des Dodgers. Et jâavais passé les plus belles années de ma vie au sein de cette organisation.
à Québec, jâavais déjà connu une sortie triomphale et une fin de carrière parfaite. Sâil me restait quelque chose à vivre dans les majeures, je voulais que ce soit avec les Dodgers. Et si jamais mon aventure devait prendre fin durant ce camp dâentraînement, jâallais au moins voir le couperet me tomber dessus en portant leur uniforme.
Câest ce que Tommy Lasorda avait en tête, jâimagine, quand il a prétendu un jour que les vrais Dodgers avaient le sang bleuâ¦
Toutefois, cette émotion, ce vif désir de réintégrer la famille des Dodgers mâéloignait considérablement du plan que jâavais établi en 2009 durant mon séjour chez les Capitales de Québec: redevenir un lanceur partant.
Toute lâexpérience de Québec avait été basée sur le fait que mon corps nâétait plus capable de récupérer suffisamment rapidement pour me permettre de camper un rôle de releveur et dâêtre employé dans deux ou trois matchs de suite. Ou encore, dâêtre utilisé dans deux matchs en trois jours.
Mais voilà , les Dodgers ne voyaient pas les choses ainsi. Si je tentais ma chance avec eux, le directeur général Ned Colletti tenait à ce que ce soit à titre de releveur. Son raisonnement se tenait parfaitement. Jâavais été un releveur étoile et jâavais cumulé un important bagage dâexpérience dans ce rôle. Il était sans doute difficile pour lui de sâimaginer que je puisse percer son alignement en tant que partant.
Ma décision était émotive. Je me suis écarté de mon plan. Et malgré tout ce que jâavais déployé comme efforts au cours de lâannée précédente dans le but de redevenir un lanceur partant, jâai accepté le contrat des ligues mineures quâon mâoffrait et je me suis présenté au camp des Dodgers à titre de releveur.
Lâentente était la suivante: un salaire de base de 500 000 $ si je parvenais à décrocher un poste. Et ce montant était assorti de clauses qui allaient me permettre de toucher 500 000 $ de plus si jâatteignais certains objectifs.
Dâun point de vue salarial, jâétais de retour au bas de lâéchelle et je nây voyais pas de problème. Mais intérieurement, en ce qui concernait ma capacité de remplir le rôle de releveur, je savais quâil y avait toute une côte à remonter.
à la mi-février, je me suis donc présenté au site dâentraînement de lâéquipe. Jâétais enthousiaste et je ne
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