Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
mâétais pas aussi bien senti physiquement depuis des années.
Depuis mon départ en 2006, beaucoup de choses avaient changé chez les Dodgers. Jâen étais à mon 11 e camp dâentraînement avec cette équipe mais pour la première fois, je nâavais pas à me rapporter au mythique site de Dodgertown, à Vero Beach en Floride.
Cet endroit était un hommage à lâhistoire des Dodgers: le stade et le complexe étaient ceinturés de rues portant les noms de Sandy Koufax, Jackie Robinson et même du légendaire commentateur Vin Scully.
Lâorganisation sâétait installée sur ces terres â une ancienne base de lâaviation américaine â en 1948 alors que les Dodgers défendaient encore lâhonneur de Brooklyn. Je me sentais chez moi à cet endroit et jây connaissais un grand nombre dâemployés.
Depuis le printemps de 2009, cependant, Dodgertown nâétait plus quâun souvenir. Une autre page dâhistoire tournée. La direction des Dodgers avait décidé de se rapprocher de sa clientèle et lâéquipe sâentraînait désormais dans le désert, pas très loin de mon domicile en Arizona. Les Dodgers cohabitaient avec les White Sox de Chicago à Camelback Ranch, un gigantesque complexe dâentraînement érigé dans la ville de Glendale.
Les lieux avaient changé. Les visages aussi. Les jeunes que jâavais vu grandir dans lâorganisation et qui cognaient aux portes des majeures quand jâétais parti trois ans plus tôt étaient maintenant les vedettes du club. Et câétait lâun des aspects que je trouvais les plus amusants de ce retour au camp des Dodgers.
Clayton Kershaw et Chad Billingsley, deux jeunes lanceurs fort prometteurs à mon départ, étaient devenus les deux premiers partants de lâéquipe.
Mon ami Russell Martin était toujours le receveur numéro un. James Loney et Andre Ethier, deux autres solides espoirs à lâépoque, détenaient désormais les postes de premier-but et de voltigeur de droite.
Dâailleurs, ce vent de jeunesse faisait dire aux journalistes affectés à la couverture de lâéquipe quâil allait mâêtre difficile de décrocher lâun des cinq postes dans lâenclos des releveurs.
Le nouveau closer des Dodgers était un autre jeune formé au sein de lâorganisation: Jonathan Broxton, qui avait signé 36 sauvetages la saison précédente. Et son préparateur, lâhomme de la huitième manche, était Ramon Troncoso, un Dominicain de 27 ans qui évoluait au niveau A quand jâavais quitté Los Angeles.
Les représentants de la presse nâavaient dâailleurs pas manqué de noter que Troncoso portait le numéro 38 que jâavais rendu célèbre à mes belles années avec les Dodgers. Nous étions donc deux joueurs à arborer ce numéro au camp. Une étrange situation qui ne faisait quâillustrer davantage lâampleur du défi qui mâattendait.
Quand les matchs de la Ligue des cactus ont débuté, je me sentais bien. Mes lancers atteignaient les 92-93 milles à lâheure et mon épaule droite était solide.
Toutefois, la précision de mes lancers faisait défaut. Lors de ma première sortie, les frappeurs adverses avaient récolté quelques coups sûrs sans toutefois parvenir à cogner la balle avec autorité. Puis mon séjour sur la butte avait pris fin avec deux doubles consécutifs, deux contacts solides.
Je ne lançais pas parfaitement mais il nây avait rien de nouveau sous le soleil puisque depuis le début de ma carrière, je nâavais jamais vraiment bien performé au camp.
En tout, jâai eu droit à deux manches et deux tiers au monticule dans la Ligue des cactus avant que le gérant de lâéquipe, Joe Torre, me convie à son bureau.
â Ãcoute, Ãric. Nous voulons te garder avec nous et te donner la chance de retrouver ton synchronisme. Mais nous devons préparer nos lanceurs pour la saison et je nâai pas suffisamment de manches disponibles à tâoffrir au camp des majeures. Nous allons te rétrograder au niveau AAA, où lâon pourra te faire jouer davantage. Est-ce que tu as un problème avec ça?
â Aucun problème, ai-je répondu.
Un peu
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