Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
enchaînait avec une très longue succession de sprints ou dâexercices dâarrêts/départs extrêmement intenses.
Quand la portion des sprints finissait, nous étions complètement à plat. Nous avions de la difficulté à marcher. On se faisait pousser, pousser, pousser.
Et tout le monde finissait par vomir. Câest à cela que servaient les poubelles installées aux quatre coins du gymnase. Si tu ne vomissais pas, ça signifiait que tu nâavais pas travaillé suffisamment fort.
Après avoir vomi, nous devions compléter un long circuit de musculation. Encore là , il nây avait à peu près pas de pause. Pour chaque exercice, nous devions compléter le plus grand nombre de répétitions possible en lâespace de 30 secondes.
Les morning weights prenaient fin vers 6 h ou 6 h 30. Nous sortions de là complètement lessivés. Nous allions ensuite déjeuner, puis nous nous rendions à lâécole pour assister à nos cours.
à midi, les cours se terminaient. Nous montions à bord de plusieurs véhicules et on nous conduisait jusquâau terrain de baseball. Le complexe de Seminole était vraiment impeccable et bien entretenu. On s`y entraînait jusquâà 17 h ou 18 h, sauf le dimanche qui était un jour de congé.
Les mardis et jeudis, lâécole se terminait un peu plus tard. Ces jours-là , nous ne passions que deux heures sur le terrain de baseball, au milieu de lâaprès-midi. Mais en revenant au collège, nous retournions passer quelques heures à la salle de musculation.
Nous nous entraînions six jours par semaine, en plus des quatre ou cinq matchs préparatoires que nous disputions.
Au fil des semaines, Ãric Boisjoly et moi avons commencé à développer des petites habitudes afin dâatténuer le plus possible les effets des fameux morning weights .
La veille de ces entraînements, lâexpérience nous avait appris quâil ne fallait pas se brosser les dents après 20 h parce que notre bouche devenait trop pâteuse durant les éreintantes séances de course. Il ne fallait pas manger après 20 h non plus parce que ça nous faisait encore vomir davantage le lendemain matin.
Jamais je nâai autant souffert physiquement que durant ces entraînements à Seminole. Dans les rangs professionnels, je nâai jamais vécu quelque chose qui sâapprochait de ce niveau dâintensité. Dès que nous posions le pied dans le gymnase, nous savions que nous allions vomir. Coach Z nous accueillait tout le temps avec beaucoup dâenthousiasme. Puis il nous poussait jusquâà ce que ça survienne.
Pour les joueurs qui avaient le malheur de contrevenir aux règlements de lâéquipe, Lloyd Simmons avait aussi instauré ce quâil appelait le Breakfast Club. Ãtre membre du Breakfast Club signifiait quâil fallait aussi se taper les morning weights les mardis et jeudis matins.
Les méthodes de Coach Z ont fait de moi un jeune homme nettement plus discipliné! Je nâai dâailleurs jamais eu le «plaisir» de faire partie du Breakfast Club.
De nos jours, un entraîneur préconisant des méthodes dâentraînement semblables à celles de Simmons défraierait sans doute les manchettes des journaux. Mais en tant quâathlète, malgré le régime spartiate auquel il nous soumettait, il mâétait difficile de lui en vouloir ou de le considérer comme un despote.
Coach Z se levait encore plus tôt que nous et il sâentraînait avec presque autant dâardeur que nous, avant même que nous nous présentions au gymnase. Mieux encore, sa femme se levait aussi au petit matin et elle sâentraînait avec la même rigueur que lui. Câest pour cette raison que nous étions toujours accueillis par un entraîneur énergique pour faire nos fameux morning weights .
Si un coach est en mauvaise condition physique, quâil boit et quâil passe son temps à donner des ordres, ses joueurs ne le respecteront jamais. Mais Lloyd Simmons mettait en pratique ce quâil nous prêchait. Il était donc normal de se laisser entraîner dans le sillon quâil traçait devant nous.
Ces sessions matinales servaient aussi à créer un esprit de corps au sein de lâéquipe. Machiavélique sur les bords, Coach Z avait trouvé le moyen
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