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Game Over - L’histoire d’Éric Gagné

Game Over - L’histoire d’Éric Gagné

Titel: Game Over - L’histoire d’Éric Gagné Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Martin Leclerc
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c’était toujours pour y jouer au baseball. Je ne connaissais rien des États-Unis à part ça. Et là, je me retrouvais dans le Sud, une région qui est… comment dirait-on chez nous? Distincte!
    Pour moi, le fait de cohabiter avec Boisjoly était une sorte de bénédiction. Nous éprouvions tous deux de la difficulté à communiquer avec les autres durant la journée. Mais lorsque nous étions dans notre appartement, nous pouvions au moins jaser en français.
    Pour favoriser notre apprentissage de la langue anglaise, Coach Z nous avait d’ailleurs interdit de communiquer en français entre nous. Mais nous dérogions à cette règle dès que nous refermions la porte de notre appartement.
    Du côté des études, les choses ne se déroulaient pas vraiment bien pour nous. Nous avions débuté la session d’automne dans des classes normales. Mais comme nous ne comprenions pas grand-chose à ce qui nous était enseigné pendant les cours, nous avons rapidement été placés dans des groupes d’étudiants en difficulté. Retarded est un mot que nous avons appris bien rapidement!
    J’enregistrais tous mes cours et je les réécoutais parfois durant la soirée afin d’assimiler le plus de matière possible. Mais soyons francs, je n’étais pas allé à Seminole pour décrocher un diplôme. J’y étais pour accroître mes chances de devenir un joueur de baseball professionnel.
    C’était la même chose pour Éric Boisjoly. Comme nous avions plusieurs séances d’études obligatoires chaque semaine, nous faisions la plupart du temps nos devoirs ensemble. Les assistants de Coach Z surveillaient les joueurs d’assez près pour s’assurer que les travaux et devoirs soient faits. Mais très souvent, nous faisions plutôt semblant d’étudier.
    Je me souviens très clairement que durant mes premiers mois à Seminole, j’avais constamment mal à la tête. Il y avait tellement de choses à assimiler en même temps! Quand je me couchais le soir, je devais constamment penser à ce que j’allais dire le lendemain. Lorsque je me présentais au comptoir d’une chaîne de restauration rapide, je commandais tout le temps le combo number one . Et si la préposée avait le malheur de me demander si je voulais une frite de grande taille, j’étais tout mélangé.
    Je me disais intérieurement:
    Â«Veux-tu bien me donner mon combo number one et ne pas poser de question! Avec un Coke diète, OK?»
    Au baseball, par contre, la barrière de la langue était plus facile à gérer. Mais à l’entraînement il était impossible de faire semblant de travailler!
    Durant la session d’automne, tous les lundis, mercredis et vendredis matins, le coach Simmons nous conviait à des séances d’entraînement qu’il appelait les morning weights . Il fallait se lever au beau milieu de la nuit pour y participer parce que l’entraînement débutait à 4 h 30!
    La veille de notre première session de morning weights , un vétéran de l’équipe avait fait un drôle de pari avec Boisjoly.
    â€” Je suis prêt à gager quelques dollars que si tu déjeunes avant de te rendre aux morning weights demain matin, tu vas vomir dans le gymnase.
    Mon roommate l’avait trouvée bien bonne. Nous n’étions quand même pas des touristes. Nous étions d’anciens membres de l’ABC! Des joueurs de l’équipe canadienne! Des joueurs repêchés, de surcroît.
    â€” Tu peux être certain que je vais déjeuner avant d’y aller! Ce n’est quand même pas la première fois que je m’entraîne, avait répondu Boisjoly.
    Le lendemain, à 4 h 30, un peu zombies, nous nous sommes présentés au gymnase. Le coach Simmons nous y attendait avec une fébrilité palpable. Contrairement à nous, il était totalement réveillé.
    Aux quatre coins du gymnase, on retrouvait de grosses poubelles. Allez savoir pourquoi…
    La charge d’entraînement était absolument brutale! Pour commencer, il fallait compléter quelque chose comme neuf tours d’un vaste gymnase en moins de trois minutes. Ce rythme infernal nous vidait de notre énergie dès le départ. Et après ces trois minutes, sans la moindre pause, on

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