Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
câétait toujours pour y jouer au baseball. Je ne connaissais rien des Ãtats-Unis à part ça. Et là , je me retrouvais dans le Sud, une région qui est⦠comment dirait-on chez nous? Distincte!
Pour moi, le fait de cohabiter avec Boisjoly était une sorte de bénédiction. Nous éprouvions tous deux de la difficulté à communiquer avec les autres durant la journée. Mais lorsque nous étions dans notre appartement, nous pouvions au moins jaser en français.
Pour favoriser notre apprentissage de la langue anglaise, Coach Z nous avait dâailleurs interdit de communiquer en français entre nous. Mais nous dérogions à cette règle dès que nous refermions la porte de notre appartement.
Du côté des études, les choses ne se déroulaient pas vraiment bien pour nous. Nous avions débuté la session dâautomne dans des classes normales. Mais comme nous ne comprenions pas grand-chose à ce qui nous était enseigné pendant les cours, nous avons rapidement été placés dans des groupes dâétudiants en difficulté. Retarded est un mot que nous avons appris bien rapidement!
Jâenregistrais tous mes cours et je les réécoutais parfois durant la soirée afin dâassimiler le plus de matière possible. Mais soyons francs, je nâétais pas allé à Seminole pour décrocher un diplôme. Jây étais pour accroître mes chances de devenir un joueur de baseball professionnel.
Câétait la même chose pour Ãric Boisjoly. Comme nous avions plusieurs séances dâétudes obligatoires chaque semaine, nous faisions la plupart du temps nos devoirs ensemble. Les assistants de Coach Z surveillaient les joueurs dâassez près pour sâassurer que les travaux et devoirs soient faits. Mais très souvent, nous faisions plutôt semblant dâétudier.
Je me souviens très clairement que durant mes premiers mois à Seminole, jâavais constamment mal à la tête. Il y avait tellement de choses à assimiler en même temps! Quand je me couchais le soir, je devais constamment penser à ce que jâallais dire le lendemain. Lorsque je me présentais au comptoir dâune chaîne de restauration rapide, je commandais tout le temps le combo number one . Et si la préposée avait le malheur de me demander si je voulais une frite de grande taille, jâétais tout mélangé.
Je me disais intérieurement:
«Veux-tu bien me donner mon combo number one et ne pas poser de question! Avec un Coke diète, OK?»
Au baseball, par contre, la barrière de la langue était plus facile à gérer. Mais à lâentraînement il était impossible de faire semblant de travailler!
Durant la session dâautomne, tous les lundis, mercredis et vendredis matins, le coach Simmons nous conviait à des séances dâentraînement quâil appelait les morning weights . Il fallait se lever au beau milieu de la nuit pour y participer parce que lâentraînement débutait à 4 h 30!
La veille de notre première session de morning weights , un vétéran de lâéquipe avait fait un drôle de pari avec Boisjoly.
â Je suis prêt à gager quelques dollars que si tu déjeunes avant de te rendre aux morning weights demain matin, tu vas vomir dans le gymnase.
Mon roommate lâavait trouvée bien bonne. Nous nâétions quand même pas des touristes. Nous étions dâanciens membres de lâABC! Des joueurs de lâéquipe canadienne! Des joueurs repêchés, de surcroît.
â Tu peux être certain que je vais déjeuner avant dây aller! Ce nâest quand même pas la première fois que je mâentraîne, avait répondu Boisjoly.
Le lendemain, à 4 h 30, un peu zombies, nous nous sommes présentés au gymnase. Le coach Simmons nous y attendait avec une fébrilité palpable. Contrairement à nous, il était totalement réveillé.
Aux quatre coins du gymnase, on retrouvait de grosses poubelles. Allez savoir pourquoiâ¦
La charge dâentraînement était absolument brutale! Pour commencer, il fallait compléter quelque chose comme neuf tours dâun vaste gymnase en moins de trois minutes. Ce rythme infernal nous vidait de notre énergie dès le départ. Et après ces trois minutes, sans la moindre pause, on
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