Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
de rendre tout le groupe responsable des performances individuelles à lâentraînement. Un certain temps nous était alloué pour compléter notre circuit dâentraînement. Et si un seul dâentre nous ne parvenait pas à sây conformer, le groupe en entier devait tout reprendre à zéro.
Personne ne voulait être responsable dâune autre ronde dâentraînement. La première était déjà suffisamment difficile!
Au sein de lâéquipe, il y avait un gars que nous avions surnommé Buddy. Câétait un Autochtone grand, gros et vraiment fort. Une méchante pièce dâhomme. Il évoluait au premier but et il cognait des circuits à des distances vraiment ahurissantes. Un vrai bon gars que tout le monde affectionnait. Une véritable force de la nature.
Malheureusement, ce que la nature lui avait donné en format, elle lui avait aussi enlevé en vitesse. Et il nây a rien que nous pouvions faire pour changer cette réalité.
Et notre Buddy, bien entendu, ne finissait à peu près jamais dans les temps prescrits par lâentraîneur. Toute lâéquipe le poussait. Nous ralentissions derrière lui et nous tentions de lui venir en aide. Il y avait un réel esprit dâéquipe (et de survie) au sein du groupe. Mais nos efforts ne parvenaient pas à rendre Buddy plus rapide. Il nous en a fait baver, celui-là !
Mais il ne fallait surtout pas protester quand un coéquipier faillait à la tâche et nous forçait à recommencer un exercice. Ceux qui protestaient étaient aussitôt identifiés comme de mauvais joueurs dâéquipe. Et Coach Z les enguirlandait vigoureusement pour leur faire savoir.
Parfois, à la fin de ces entraînements, le coach Simmons nous soumettait à une petite séance de chaise romaine. Cela consistait à sâadosser à un mur et à plier les genoux à 90 degrés, un peu comme si nous étions assis sur une chaise. Nous devions parfois tenir pendant près de dix minutes, jusquâà ce que nos jambes se mettent à trembler et que la souffrance nous fasse crier toute notre douleur et notre combativité. Vers la fin de cet exercice, Coach Z se mettait généralement à nous encourager de sa grosse voix:
â Letâs go! Push yourself, you fuckinâ pussies! If you canât finish here, how are you gonna finish the job on the field?
Lloyd Simmons ne tolérait pas les demi-mesures. Il était intraitable là -dessus.
Une fois, durant un entraînement de la session dâautomne, nous étions couchés sur le dos et nous faisions des «six pouces», un exercice qui consistait à soulever les pieds à six pouces du sol et à garder cette position le plus longtemps possible.
Lâentraîneur nous encourageait:
â Stay up! Stay up! Stay up! criait-il.
Les joueurs étaient exténués et il restait encore une minute à écouler quand un lanceur, qui était destiné à occuper le rôle de releveur numéro un durant la saison régulière (la session dâhiver), a tout simplement abandonné et posé les pieds au sol.
Simmons sâest approché de lui. Il était furieux.
â Tu es notre lanceur responsable de la neuvième manche! Si tu nâes pas capable de finir un exercice ici, comment pourras-tu finir le travail sur le terrain? Get the fuck out of here! Take your shit and go home! I donât want to see you again!
Je crois quâil y avait eu dâautres litiges entre ce joueur et le coach Simmons. En tous cas, cet incident semblait avoir fait déborder le vase. Ce lanceur, notre closer , venait de sâentraîner pour la dernière fois avec nous. Nous ne lâavons jamais revu par la suite.
Coach Z ne niaisait pas avec le puck .
En ce qui concernait lâexécution des jeux sur le terrain, il était tout aussi exigeant et pointilleux. La défaite? Elle le rendait fou. Il était inconcevable pour lui de perdre un match de baseball, peu importe les circonstances.
Je ne dirais pas quâil était un grand stratège ou un génie du baseball. Mais il savait comment pousser ses joueurs. Il répétait tout le temps:
â If you do it harder, youâll win! Whatever you do, do it harder!
Même si ses équipes se retrouvaient parfois en déficit de talent par rapport à leurs adversaires,
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