Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
leurs repas à la cafétéria du collège.
Je me rappelle quâil avait fallu quelques semaines pour compléter les formalités. Quand lâaffaire sâétait finalement bouclée, jâétais rendu à Brandon avec lâéquipe canadienne.
Avec mon anglais très approximatif, voire nul, jâétais en train dâessayer de discuter avec le coach Simmons dans une cabine de téléphone publique et Alex Agostino était posté près de moi. Alex avait été choisi pour agir à titre dâadjoint au gérant John Haar avec lâéquipe nationale. Dans la vie de tous les jours, Haar dirigeait le pendant anglophone de lâABC, le National Baseball Institute, à Vancouver.
Après seulement une ou deux minutes, ma tentative de conversation téléphonique avec Simmons était devenue complètement inintelligible. En désespoir de cause, jâai tendu lâappareil vers Alex.
â Je suis plus capable! Je comprends rien à ce quâil me dit!
Alex a alors saisi le combiné et câest lui qui a poursuivi la conversation.
â Quelle sorte de jeune homme est-il? a demandé Simmons.
â Il est tough . Il va te faire gagner des matchs. Câest un gamer . Son anglais nâest pas encore à point, mais il sera un atout pour ton équipe, a répondu Alex.
Sans le savoir, Alex Agostino avait probablement conquis Lloyd Simmons dès quâil avait prononcé le mot tough .
â OK, alors dis-lui quâil a officiellement sa bourse dâétudes, a rétorqué lâentraîneur.
Alex a raccroché lâappareil.
â Ãric, tu tâen vas en Oklahoma! mâa-t-il lancé.
â Je suis prêt!
Jâétais content de partir. Jâallais pouvoir jouer au baseball mais jâallais aussi pouvoir mâéloigner de la maison familiale, où lâambiance était loin dâêtre enjouée. Je regrettais que Dominic doive rester seul pour traverser cette période. Mais je ne pouvais absolument pas rater lâoccasion qui sâoffrait à moi.
Le 18 août 1994, Ãric Boisjoly fut le premier de nous deux à sâinstaller à Seminole. Coach Simmons lui avait aussitôt demandéde sâétablir à la résidence étudiante dans le même appartement que Jeff Falardeau, le Franco-Ontarien que les Dodgers avaient repêché.
Boisjoly et Falardeau partageaient leur appartement avec deux gars de lâOklahoma qui jouaient aussi au baseball, mais qui étaient membres de lâéquipe de deuxième division (Junior Varsity) du collège. De notre côté, nous étions membres de la première équipe (Varsity Team).
Je suis arrivé à lâaéroport dâOklahoma City une ou deux semaines plus tard. Jâavais obtenu un billet dâavion grâce à mon oncle Denis Gagné, qui était employé chez Air Canada et qui bénéficiait dâun certain nombre de billets gratuits chaque année.
Lloyd Simmons était sur place pour mâaccueillir. Il devait avoir hâte que jâarrive parce que depuis que Boisjoly avait débarqué à Seminole, Coach Z allait le voir presque tous les jours pour lui poser la même question:
â Ton chum, le lanceur qui sâen vient, est-ce quâil est bon?
Ou bien il avait hâte, ou bien Simmons craignait dâavoir remis une précieuse bourse dâétudes à un «jambon»â¦
Coach Z nâétait pas du genre à faire dans la dentelle. Câétait un dur de dur, un vrai tough ! Et un tough qui remportait beaucoup de matchs. Quand je suis arrivé à Seminole, il dirigeait lâéquipe du collège, les Trojans, depuis 18 ans. Il était un citoyen connu de tous et extrêmement respecté dans toute la région.
Dâailleurs, quand il a quitté Seminole quelques années plus tard, en 2001 après sa 27 e saison, il avait compilé une invraisemblable fiche de 1 643 victoires et 312 défaites! Ce dossier, qui relève presque de la science-fiction, constitue un record du sport collégial américain, toutes disciplines et tous niveaux confondus!
Mon séjour en Oklahoma nâavait pas encore commencé que je ressentais déjà une sorte de choc culturel. Le coach Simmons mâa conduit vers son véhicule, un vieux pick-up brun, et nous sommes rentrés Ã
Weitere Kostenlose Bücher