Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
nous avons assez bien représenté notre pays au tournoi de qualifications olympiques. Nous avons toutefois raté lâobjectif en nous inclinant en demi-finale contre le Nicaragua. Une victoire dans ce match aurait confirmé notre présence aux Jeux dâAtlanta.
Le choix du lanceur partant pour cette rencontre décisive avait dâailÂleurs provoqué des remous au sein de notre personnel dâentraîneurs.
Richard Ãmond, qui mâavait pourtant expulsé de lâABC lâannée précédente, plaidait auprès du gérant Jim Baba et de lâentraîneur des lanceurs, Greg Hamilton, quâil fallait me confier la balle contre le Nicaragua.
Ãmond était devenu lâun de mes plus fidèles supporters parce que dans le rôle de releveur numéro un, je nâavais accordé aucun point durant tout lâété.
â Gagné est jeune, il manque dâexpérience, avait justifié Baba.
â Je mâen crisse quâil soit jeune! Câest notre meilleur lanceur! arguait Ãmond.
â Tu veux faire lancer Gagné parce quâil est Québécois, avait rétorqué Baba.
â Je ne défends pas un Québécois, hostie, je dis quâil est notre meilleur lanceur!
Finalement, Baba et Hamilton avaient misé sur un lanceur dâOttawa, un certain OâConnor. Ce dernier était un vétéran de longue date de lâéquipe nationale et, en lui confiant cet important départ, les entraîneurs voulaient récompenser son engagement envers le programme.
Je nâétais pas au courant de ces tractations à lâépoque. Finalement, au grand dam de Richard Ãmond, nous avons perdu le match au compte de 11 à 9.
En coulisse, cette tournée canadienne avait aussi donné lieu à toutes sortes de démêlés entourant la signature de mon premier contrat professionnel.
Au début de ce périple, lâéquipe nationale disputait un match à North Bay, en Ontario. Et cette rencontre avait été organisée par les Blue Jays de Toronto, dont la plupart des recruteurs étaient sur place.
Il pleuvait ce soir-là , et les chercheurs de talent des Blue Jays ont dû donner un sérieux coup de main à lâéquipe de préposés au terrain afin que le match puisse être disputé. Le personnel de lâorganisation torontoise nâa donc pas eu autant de temps que dâhabitude pour évaluer les joueurs.
Claude Pelletier, lui, était bien installé dans les gradinsâ¦
Après le match, il mâa demandé de passer le voir à sa chambre dâhôtel. Pelletier séjournait au même endroit que lâéquipe, au Pinewood Hotel.
â Ãric, tu as maintenant 19 ans et jâai une chance de te faire signer un contrat professionnel. Il est temps que tu fasses le saut et je te conseille de ne pas attendre trop longtemps pour le faire. Tu es arrivé à cette étape, câest le moment.
Le dépisteur des Dodgers mâa ensuite offert un boni de signature de 25 000 $. Même si je nâavais jamais négocié de ma vie, une réponse est sortie de ma bouche tout à fait spontanément:
â Tâes pas mal gratteux!
Nous nous sommes quittés là -dessus en nous promettant dâen reparler le lendemain, avant que lâéquipe quitte North Bay.
Je suis retourné à ma chambre et jâai téléphoné à mon père pour lui annoncer la nouvelle. Mon père, qui aimait beaucoup Claude Pelletier, me recommandait de signer sur-le-champ. Il craignait que je perde une chance unique de graduer chez les professionnels.
Jâen ai aussi parlé avec Dominic Campeau, qui était mon cochambreur. Tout comme moi, Bo trouvait que lâoffre était trop basse.
Jâavais entendu dire que lâun de mes anciens coéquipiers au sein de lâéquipe nationale junior, Ryan Dempster, venait dâobtenir un boni de signature de 75 000 $ ou 100 000 $ de la part des Rangers du Texas. Or Dempster avait été un choix de troisième ronde et jâestimais que lui et moi étions des lanceurs de niveau comparable.
Le lendemain matin, je suis donc retourné voir Claude Pelletier avec une contre-proposition.
â Jâai réfléchi à ton offre. Voici ma position: je veux 100 000 $. Cent mille piastres cash ! Je ne
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