Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
veux pas que les Dodgers paient mes études ou quelque chose du genre. Je veux 100 000 $, point à la ligne.
Pendant un court moment, il a semblé désarçonné par ma demande.
â Câest un peu fort, mais nous allons travailler là -dessus, a-t-il répondu après une brève pause. à 25 000 $, nous savons quâil nây aura pas dâentente. Et je sais que mes patrons ne voudront pas débourser 100 000 $. à 50 000 $, je ne sais pas quelle sera leur réponse. Je vais poser des questions et te revenir là -dessus.
Juste avant que lâautobus de lâéquipe mette le cap sur lâOuest canadien, nous nous sommes revus une dernière fois. Claude avait reparlé à son patron et ce dernier lui avait dégagé un budget de 75 000 $.
â à 75 000 $, pouvons-nous considérer que nous avons une entente? mâa-t-il demandé.
Jâai répondu par lâaffirmative.
â Ãric, vous partez vers lâOuest et je ne te reverrai pas avant un mois. Je veux que ce soit clair entre nous, a-t-il tenu à préciser. Jâai un collègue qui ira te voir lancer sous peu. Et sâil donne son accord, nous aurons le feu vert pour signer un contrat. Si tout se passe comme prévu, est-ce que tu signeras pour 75 000 $?
â Oui, on signe, ai-je répondu.
Et nous nous sommes serré la main.
Je suis alors monté à bord de lâautobus et nous avons mis le cap sur Calgary. Câest dans cette ville que Eddie Bane, le superviseur quâavait réclamé Claude Pelletier afin dâobtenir une deuxième opinion, est venu me voir lancer. En raison du décalage, Bane a téléphoné à Pelletier à 3 h du matin pour lui faire son rapport.
â Il faut quâon fasse signer ce Gagné au plus sacrant parce quâil y a déjà dâautres équipes qui rôdent autour! a-t-il annoncé.
Le verdict de Pelletier venait dâêtre confirmé. Bane avait été conquis à un point tel quâil craignait que les Blue Jays se manifestent avant les Dodgers.
Quelques heures plus tard, Terry Reynolds a téléphoné à Pelletier pour le féliciter dâavoir eu autant de flair.
â Congratulations, Claude! Weâre going to sign the kid! a-t-il annoncé.
Lorsquâun recruteur recommande un joueur à ses supérieurs et que cette recommandation se termine par une signature de contrat, il sâagit toujours dâun moment très spécial pour celui qui a initié la démarche. Les chercheurs de talent doivent souvent travailler pendant plusieurs années avant de dénicher un seul joueur susceptible dâatteindre les grandes ligues.
Et quand un jeune espoir parvient à se frayer un chemin jusquâau sommet, lâexploit est à tout jamais inscrit dans le palmarès du recruteur. Dans les notes biographiques des joueurs, cette information est dâailleurs toujours spécifiée et mise en valeur: «Untel a été mis sous contrat en telle année par le recruteur X.»
Et lorsquâun dépisteur prend sa retraite, des décennies de carrière et des millions de kilomètres parcourus sont souvent résumés en quelques lignes: «Au cours de sa carrière, le recruteur X a notamment mis sous contrat les sept joueurs suivantsâ¦Â»
à la demande de Claude Pelletier, le patron du département de recrutement des Dodgers a ensuite mandaté Jim Chapman, son représentant en Colombie-Britannique, pour rejoindre lâéquipe canadienne à Kelowna et me faire signer mon contrat au plus sacrant. Pelletier préférait que ce soit Chapman qui me fasse signer plutôt quâun dépisteur américain. Chapman me connaissait et il connaissait mon histoire.
Nous étions à Kelowna pour y disputer un tournoi assez important. Le tournoi de qualifications olympiques â qui allait avoir lieu à Edmonton â était prévu dans les jours suivants.
Jim Chapman avait pris rendez-vous avec moi dès notre arrivée à Kelowna et nous avions convenu de nous rencontrer à son hôtel immédiatement après lâun de nos matchs.
Toutefois, je ne voulais pas être seul pour discuter des détails de ce contrat. Et le seul adulte bilingue que je connaissais dans lâentourage de lâéquipe nationale
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