Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
jâétais très souvent au monticule pour terminer les matchs pendant que les autres votaient, je nâavais même pas la chance de faire pencher la balance en ma faveur.
Quand nous faisions le décompte à la fin du mois, je faisais tout le temps semblant dâêtre indigné.
â Câest sûr que câest un vote de popularité votre affaire!
Ces «activités parallèles» nous occupaient et elles créaient une belle chimie entre nous.
Et puisque nous avions encore beaucoup de temps à tuer, nous avions aussi formé un tribunal kangourou qui ne sâadressait quâaux membres de lâenclos.
Ainsi, nâimporte lequel dâentre nous pouvait porter nâimporte quelle accusation à lâendroit dâun autre releveur, et lâaffaire finissait éventuellement par être plaidée devant les juges du tribunal kangourou.
Le type de causes qui étaient débattues?
Shuey c. Quantrill: Jâaccuse Quantrill dâavoir formulé un commentaire inapproprié durant un match. Il a dit (â¦) et je demande au tribunal de lui imposer une amende de 25 $.
Quantrill c. Gagné: Gagné ne connaissait pas lâidentité de lâarbitre au troisième but lors de notre premier match face aux Mets. Je recommande 20 $ dâamende.
Carrara c. Mota: Mota a oublié sa casquette dans lâenclos. 25 $ dâamende.
Quand nous avions accumulé un certain nombre dâaccusations, le tribunal kangourou était appelé à trancher. Trois juges étaient choisis parmi les joueurs et ce sont eux qui prenaient les décisions finales.
Si lâaccusé choisissait de ne pas se défendre, il était tenu de payer lâamende. Mais si lâaccusé choisissait de se défendre mais quâil était tout de même reconnu coupable, il était tenu de payer lâamende en double. Par contre, si les juges finissaient par donner raison à lâaccusé, câest celui qui avait porté les accusations qui devait payer lâamende en double.
Nous amassions ainsi de bonnes sommes dâargent. Nous en versions la moitié à des Åuvres de charité. Lâautre moitié servait à financer notre party de fin dâannée, ou encore à payer un souper réunissant tous les membres de lâenclos.
Nous passions plus de temps ensemble quâavec nos familles et nous faisions en sorte que chaque moment soit le plus agréable possible. Câest dâailleurs cette belle solidarité qui nous a permis, durant quelques années, de former lâun des meilleurs groupes de releveurs du baseball majeur.
Quand je rejoignais mes coéquipiers dans lâenclos, par contre, je nâavais pas vraiment le cÅur à rire. Après les salutations qui étaient prévues dans notre routine, je mâassoyais toujours à la première place près de la fenêtre. Et jâétais incroyablement nerveux.
Quand le téléphone sonnait, je connaissais le pointage et je savais automatiquement si lâappel mâétait destiné. Je retirais alors le chandail que je portais par-dessus mon uniforme, je mâemparais de mon gant et je faisais exactement cinq rotations avec mon bras droit. Je mâétirais ensuite à lâaide dâun anneau suspendu au mur.
Puis je commençais à lancer avec Rob Flippo, le receveur attitré à lâenclos. Je me préparais toujours avec Rob, et ma routine de lancers était toujours exactement la même.
Câétait surréaliste. Dès que je commençais à effectuer des lancers, tous les gens assis autour du bullpen se levaient dâun trait. Câétait complètement fou. La foule sâanimait juste à me regarder mâéchauffer! Cette réaction spontanée des partisans me procurait à chaque fois une importante décharge dâadrénaline.
Rob et moi ajustions mon échauffement selon lâallure de la rencontre. Comme jâétais utilisé dans un très grand nombre de matchs, jâessayais dâéliminer tous les lancers superflus quâil était possible dâeffectuer dans lâenclos. Jâattendais donc que nos frappeurs commencent à se présenter à la plaque en huitième pour entreprendre ma préparation.
Lorsque ma rapide avait atteint sa pleine vitesse, après une quinzaine de lancers, je simulais un
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