Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
frappait de la gauche.
Le souvenir de Durazo, qui mâavait délibérément piétiné le visage à lâoccasion dâune mêlée générale trois ans plus tôt, était encore bien frais à ma mémoire. Mais pour lâinstant, jâavais un match à préserver.
Durazo sâest élancé sur quatre des cinq lancers auxquels il a fait face et il est rentré à lâabri avec son bâton sur lâépaule.
En neuvième, jâai retiré Matt Williams et Mark Grace sur des prises. Toutefois, le deuxième frappeur de la manche, Steve Finley, était parvenu à soulever un très faible ballon dans le champ droit alors que son compte était complet, et notre voltigeur de droite Shawn Green nâavait eu aucune chance de rejoindre la balle pour la capter.
Le dernier retrait de la soirée sâannonçait donc être le frappeur dâurgence David Dellucci, un gaucher de 5 pieds 10 pouces qui présentait à ce moment-là une moyenne de ,234. Brenly avait misé sur Dellucci pour frapper à la place du lanceur Mike Koplove.
Après cinq lancers, le compte de Dellucci sâélevait à trois balles, deux prises. Il y avait deux retraits au tableau et Finley allait évidemment décoller vers le deuxième dès que jâallais entreprendre mon prochain élan. Le vétéran Tony Womack, un frappeur droitier, attendait son tour dans le cercle dâattente.
Jâai servi à Dellucci une excellente rapide quâil a retroussée loin, hors de la portée de notre voltigeur de centre Dave Roberts. Dellucci sâest arrêté au deuxième pour un double. Finley a croisé le marbre pour créer lâégalité 3-3.
Je venais de saboter mon quatrième match de la saison. Et deux de ces sabotages étaient survenus contre les Diamondbacks. Avant cette soirée du 26 août, les partisans des Dodgers mâavaient vu préserver 22 rencontres de suite au Dodger Stadium. Ils ne mâavaient jamais vu échouer sur mon terrain.
Jâai retiré Womack sur un faible ballon pour boucler la neuvième et mettre fin à ma soirée de travail. Les Diamondbacks nous ont finalement vaincus au compte de 6 à 3 en 12 manches.
Pour moi, il nây avait pas de pire sensation que celle que je ressentais lorsque je gâchais le travail accompli par mes coéquipiers durant les sept ou huit manches précédant mon arrivée dans le match. Dans ma tête, un sabotage ne devait jamais survenir, point à la ligne.
La confiance que je ressentais avait pris des proportions gigantesques. Au point où je savais la plupart du temps comment jâallais retirer chaque frappeur avant même quâil quitte le cercle dâattente et quâil entende lâannonceur-maison prononcer son nom. La maîtrise de mes lancers et mon niveau dâefficacité étaient si élevés quâils se situaient parmi les meilleurs de toute lâhistoire du baseball.
Mon rôle consistait à mâassurer que nos avances, aussi minces soient-elles, nous glissent le moins souvent possible entre les doigts. Mais dans lâétat de grâce où je me trouvais, il était difficile dâenvisager que lâéchec puisse, même très occasionnellement, faire partie de lâéquation.
Nous avons finalement bouclé la saison 2002 au troisième rang de la division Ouest en vertu dâun dossier de 92 victoires et 70 défaites. Quand nous avons atteint le fil dâarrivée, nous accusions six matchs de retard sur les Diamondbacks, qui ont été couronnés champions de la division.
John Smoltz a remporté le duel de closers qui nous opposait en sauvegardant 55 matchs, établissant ainsi un record de la Ligue nationale.
Pour ma part, jâai protégé les huit dernières avances qui mâont été confiées après le fameux match du 26 août. Jâai terminé la saison avec 52 sauvetages et une moyenne de points mérités de 1,97, ce qui constituait tout de même à lâépoque la cinquième meilleure performance de tous les temps.
Valérie, qui mâavait réprimandé au début de la saison quand je lui avais révélé que je mâétais fixé un objectif de 48 sauvetages, nâen revenait tout simplement pas que je sois parvenu à surpasser cette marque. Je mâétais
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