Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
terre. Quand les matchs sont disputés en après-midi et que le thermomètre dépasse les 110 degrés Farenheit à la hauteur du terrain, on sent même la chaleur quitter le sol et transpercer les semelles de nos souliers à crampons.
Mentalement, câest aussi la période de la saison au cours de laquelle les joueurs ressentent le plus de lassitude. Les équipes franchissent alors le cap des 81 matchs disputés, et lâenthousiasme du début de la saison sâest depuis longtemps évanoui. Et puis, la fébrilité du dernier droit de la saison et dâune possible course au championnat est encore trop loin dans le temps pour faire grimper le taux dâadrénaline, ne serait-ce que dâun seul iota.
Les joueurs de baseball sont des marathoniens. Et durant les dog days of summer , ils se retrouvent psychologiquement au milieu dâun long tunnel. Un peu machinalement, ils sâefforcent donc de tenir le fort et de maintenir une certaine constance en attendant que la fièvre du dernier segment du calendrier les atteigne.
En 2002, nos espoirs de participer aux séries éliminatoires se sont malheureusement évanouis durant ces dog days of summer.
Quand nous sommes revenus de la pause du match des étoiles, nous détenions une avance de deux matchs et demi sur les Diamondbacks de lâArizona. Mais étonnamment, nous nâavons remporté que six de nos 19 derniers matchs du mois de juillet. Notre personnel de lanceurs et notre attaque sont tombés à plat en même temps et nous avons éprouvé pas mal de difficulté à redresser la barque.
Les Diamondbacks ont pour leur part terminé juillet en force, décrochant pas moins de 14 victoires lors de leurs 20 dernières parties.
Au début du mois dâaoût, nous accusions donc cinq matchs de retard sur le premier rang de notre division. Il restait encore beaucoup de baseball à disputer et il était encore possible de remonter la pente. Par contre, il fallait rapidement ouvrir la machine. Nous nâavions plus beaucoup de marge de manÅuvre.
Parce que nous avions un excellent esprit dâéquipe, nous nous sommes regroupés et nous avons réagi en remportant 22 matchs sur 29, entre le 3 août et le 6 septembre.
Malheureusement, les Diamondbacks se sont accrochés durant cette période et nous nâavons jamais pu réduire lâécart qui nous séparait du premier rang.
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Le 26 août 2002, il y avait huit matchs dâécart entre les deux équipes quand les Diamondbacks nous ont infligé une défaite qui a marqué ma carrière et signifié le début dâune des plus extraordinaires séquences de lâhistoire du baseball majeur.
Ce qui sâest produit dans ce match illustre à quel point les closers marchent parfois sur un mince fil dans les derniers instants dâune rencontre. Cela met aussi en perspective toute lâimprobabilité des événements qui se sont produits au cours des deux années suivantes.
Le match était disputé au Dodger Stadium et nous détenions une avance de 3 à 2 en huitième, quand Jim Tracy a décidé de me faire sortir de lâenclos. Il y avait un retrait au tableau, mais Paul Quantrill venait dâaccorder un simple et le prochain joueur des DâBacks à se présenter à la plaque était leur troisième frappeur, Luis Gonzalez.
Gonzo , comme le surnommaient ses coéquipiers, était alors le frappeur le plus redoutable de leur alignement. La saison précédente, il avait dâailleurs terminé troisième au scrutin visant à élire le joueur le plus utile à son équipe dans la Ligue nationale.
Le défi était pour le moins intéressant. Je comptais 44 sauvetages à ma fiche et mon prochain match préservé allait me permettre dâéclipser le record des Dodgers que détenait Todd Worrell depuis 1996. Par ailleurs, la chasse au titre de meilleur releveur de la Ligue nationale (et la chasse aux records) qui mâopposait à John Smoltz, des Braves, était toujours aussi serrée. Smoltz avait alors 45 sauvetages à sa fiche.
Trois lancers après mon entrée dans le match, Gonzalez était retiré sur décision.
Le gérant des Diamondbacks, Bob Brenly, a alors décidé de remplacer son prochain frappeur, Greg Colbrunn (un droitier), par mon ami Erubiel Durazo, qui
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