Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
lâuniforme des puissants Royals de Kansas City. Cette saison-là , le 14 mai, il était dâailleurs devenu le premier lanceur de lâhistoire des Royals à lancer un match sans point ni coup sûr au Royals Stadium (une victoire de 6-0 aux dépens des Rangers du Texas).
Dans le sport professionnel, il est extrêmement difficile dâavoir des conversations dâhomme à homme avec un entraîneur ou avec un directeur général, car il y a presque toujours un agent ou un intermédiaire entre les deux. Jâappréciais donc beaucoup Jim Colborn parce que lui et moi faisions les choses à lâancienne. Nous pouvions avoir une sérieuse confrontation, nous parler dans la face et ensuite passer à autre chose sans que subsiste la moindre animosité.
Nous nous respections pour cela. Jâimagine que nous étions tous les deux conscients que dans notre univers, bien des joueurs préféraient parler dans le dos de leurs entraîneurs au lieu de leur faire face directement.
Jim Tracy et Colby savaient quâils avaient un cheval sauvage entre les mains. Et je suis certain quâils appréciaient de pouvoir compter sur un closer qui frappait littéralement sur les murs de lâenclos afin quâon lui permette de faire son travail le plus souvent possible. Pour des entraîneurs Åuvrant dans un milieu aussi compétitif que le baseball majeur, il est beaucoup sécurisant de devoir contrôler les ardeurs dâun joueur plutôt quâêtre obligé de constamment lui pousser dans le dos.
Avec le recul, je conçois toutefois que jâai parfois poussé la note un peu fort. Il mâest même arrivé en certaines occasions de me lever dans lâenclos et de commencer à mâéchauffer sans quâon me lâait demandé.
Quand je voyais la situation se dégrader sur le terrain, jâavais beaucoup de mal à rester assis et à apprécier le spectacle. Mais en bout de ligne, cette conduite interférait avec la gestion de la rencontre.
â Ãric, tu ne peux pas faire ça! Tu ne peux pas tâéchauffer et te préparer à entrer dans le match sans quâon te le demande. Tu nous places dans une situation inacceptable. Youâre showing me up! déplorait Tracy.
Je ne voulais pas le faire mal paraître. Je me disais quâaucun autre joueur de lâéquipe ne savait si jâétais supposé mâéchauffer dans telle ou telle situation. Parce que Tracy et moi communiquions beaucoup et que, souvent, nous nous entendions avant le match sur la procédure à suivre. Par exemple, il pouvait me dire:
â Sâil y a un retrait en huitième manche et que nous sommes dans le pétrin, il est fort possible que je tâutilise dans cette situation ce soir.
Si je commençais à mâéchauffer de mon propre chef et que personne ne savait que la commande ne provenait pas du gérant, je nâavais pas lâimpression de saper son autorité.
Mais Trace voyait les choses différemment. à juste titre, dâailleurs.
â Moi je sais que je ne tâai pas demandé de tâéchauffer. Tu nâes donc pas supposé le faire, arguait-il.
Le 21 juin 2003, alors que nous disputions le deuxième match dâune série interligues contre les Angels dâAnaheim, jâai préservé mon 29 e match de la saison. Depuis le 26 août 2002, je nâavais pas encore saboté une seule avance, ce qui portait à 37 ma séquence de sauvetages consécutifs.
â¢
Lors de mes premières saisons dans le baseball majeur, les vétérans des Dodgers mâavaient enseigné à quel point il était important de prendre soin des plus jeunes joueurs de lâéquipe et de sâassurer quâils nâaient jamais à sortir leur portefeuille de leurs poches.
Jâai plus tard perpétué avec bonheur cette fabuleuse tradition, qui mâavait beaucoup marqué lors de mon premier rappel dans les majeures. Mais en 2003, ce temps nâétait pas encore venu. Même si jâavais connu une saison exceptionnelle lâannée précédente et que jâétais le releveur numéro un du club, les Dodgers mâavaient imposé un salaire de 550 000 $ durant lâhiver. Parce que je nâavais pas lâancienneté nécessaire, je nâavais ni droit Ã
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