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Game Over - L’histoire d’Éric Gagné

Game Over - L’histoire d’Éric Gagné

Titel: Game Over - L’histoire d’Éric Gagné Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Martin Leclerc
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l’arbitrage, ni pouvoir de négociation. Par conséquent, parmi les dix lanceurs de l’équipe, j’étais le lanceur le moins payé.
    N’empêche, j’avais un statut particulier dans le clubhouse et j’aimais beaucoup organiser des activités qui permettaient aux joueurs de se côtoyer à l’extérieur du terrain. Cela m’apparaissait essentiel pour créer une cohésion au sein de notre groupe de joueurs et, ultimement, pour connaître encore plus de succès sur le terrain.
    J’avais une vision un peu romantique de la vie en équipe. Je l’ai toujours d’ailleurs.
    Sept mois par année nous passions plus de temps ensemble qu’avec les membres de notre famille. Mais quand nous étions au stade nous n’avions pas vraiment le temps d’apprendre à nous connaître les uns les autres. Nous nous connaissions en tant que coéquipiers mais nous ne savions pas grand-chose de la vie que chacun menait à l’extérieur du terrain.
    Régulièrement, nous organisions donc des soupers d’équipe. J’adorais préparer ce genre de soirées, pour lesquelles j’ai d’ailleurs fini par développer une sorte d’expertise. Je connaissais les bonnes adresses aux quatre coins de la ligue.
    Par exemple, si notre avion se posait à Montréal à 19 h, nous avions déjà une réservation pour 30 personnes dans l’un des meilleurs restaurants en ville. Nous nous y rendions tous ensemble, nous mangions un peu, buvions quelques verres de vin puis nous retournions à l’hôtel. Pour l’esprit d’équipe, c’était génial.
    En d’autres occasions, les membres de l’enclos des releveurs se rassemblaient pour un bon repas et nous invitions les receveurs ainsi que les entraîneurs à se joindre à nous. Nous faisions en sorte d’inviter les entraîneurs le plus souvent possible, ce qui nous permettait mutuellement de prendre le pouls des uns et des autres.
    Notre bullpen était vraiment uni et solide durant la saison 2003. Nous avons bouclé la saison avec une moyenne de points mérités collective de 2,48 alors que les équipes adverses n’ont maintenu qu’une anémique moyenne au bâton de ,207 contre nous. Certains sabermétriciens ont d’ailleurs analysé que nous avions formé l’enclos des releveurs le plus dominant depuis la Seconde Guerre mondiale.
    Lors de nos rares journées de congé, j’aimais beaucoup organiser des barbecues familiaux. Plusieurs joueurs étaient en couple et avaient des enfants. Les activités de ce genre nous permettaient de faire connais­­sance avec les enfants ou de discuter avec les épouses de nos coéquipiers autrement qu’en les saluant rapidement au terme d’un match.
    Il était parfois fort intéressant de voir à quel point les joueurs se comportaient différemment lorsqu’ils se retrouvaient dans un contexte de fête familiale.
    Kevin Brown, par exemple, était un joueur extrêmement intense lorsqu’il avait son uniforme sur le dos.
    En 1999, à l’âge de 34 ans, Brown avait paraphé avec les Dodgers un contrat de sept ans d’une valeur totale de 105 millions. En plus, la direction de l’équipe lui avait consenti une foule d’autres avantages, comme par exemple l’usage par sa famille d’un jet privé pour un certain nombre de voyages. Il pouvait par ailleurs se présenter au camp d’entraînement quand il le voulait. Bref, on lui avait déroulé le tapis rouge.
    Brown était notre partant numéro un. Il s’entraînait extrêmement fort et il prenait ses responsabilités très au sérieux. Mais il était colérique au possible et ne tolérait aucune contrariété.
    S’il était en train de s’entraîner au gymnase et que les dumbells n’étaient pas placés exactement dans la position où il les voulait, à la seconde où il les voulait, il pouvait tout démolir dans la pièce.
    La pire crise à laquelle j’ai assisté de sa part est survenue à Pittsburgh à la suite d’un match qui avait mal tourné. Il y avait dans le vestiaire un immense frigidaire à bière, l’un de ses grands frigos dotés de portes vitrées coulissantes.
    Brown l’avait violemment renversé au sol. Enragé, il

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