Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
attendaient pourtant leur tour à lâarrière.
Câest de cette manière que Los Angeles me gâtait et je lâappréciais à chaque fois. Je nâai jamais tenu ces traitements de faveur pour acquis et je crois que câest ce qui mâa permis de vraiment savourer cette période. Je savais que ma domination nâallait pas durer 20 ans. Il y avait un côté de moi qui se croyait indestructible et qui croyait pouvoir lancer tous les soirs. Mais quelque part dans ma mémoire, jâavais aussi le souvenir de la greffe de tendon que jâavais subie six ans plus tôt. Jâétais donc parfaitement conscient que tout ce que je vivais reposait sur quelque chose de très fragile.
Au fond, ce nâétait pas le fait dâavoir ma table dans tous les restaurants ou de pouvoir éviter les files dâattente des boîtes de nuit qui me faisait plaisir. Câétait le simple fait de savoir que partout en ville, les gens appréciaient ce que jâaccomplissais sur le terrain.
Vivre la célébrité à Los Angeles est certainement une expérience unique. Câest lâendroit dans le monde où lâon retrouve la plus grande concentration de vedettes au kilomètre carré. Toutes les rock stars et toutes les stars de cinéma baignent dans cet environnement. Un joueur étoile des Dodgers se trouve donc à faire partie de ce décor. Les gens le reconnaissent absolument partout mais, en même temps, ce nâest jamais lui qui occupe lâavant-scène. Ãa rend les choses plus faciles et agréables à vivre.
Câest différent de Boston, par exemple, où lâacteur Ben Affleck était à peu près la seule vedette que lâon voyait dans lâentourage de lâéquipe. à Beantown, les plus grandes vedettes sont les athlètes qui défendent les couleurs des équipes professionnelles de la ville. Et câest sans doute plus difficile à porter.
Malgré tous les avantages dont je bénéficiais, je ne me suis jamais considéré comme un membre du jet-set. Au contact des stars hollywoodiennes par contre, jâai noté une amusante tendance: la plupart des grandes stars de la musique ou du cinéma semblent vraiment admirer les vedettes sportives. à lâinverse, la plupart des athlètes fantasment à lâidée de mener une vie de rock star ou de movie star . Câest sans doute ce respect mutuel qui fait en sorte que les deux groupes font aussi bon ménage à Los Angeles.
Mon statut chez les Dodgers mâa notamment permis de rencontrer des vedettes comme Tom Cruise, Cameron Diaz, Justin Timberlake et de très nombreuses autres. Jâai même rencontré⦠Wayne Gretzky! Dâailleurs, cette rencontre avec la «Merveille» est restée gravée dans ma mémoire. Ce fut un moment à la fois étrange et drôle parce que personne dans mon entourage ne le reconnaissait.
Les Dodgers invitent très souvent des vedettes du monde de la musique ou du cinéma sur le terrain avant les matchs de lâéquipe. Et la plupart de ces célébrités demandent à rencontrer des joueurs. Quand cela se produit, des joueurs sont mandatés pour leur faire un brin de jasette et leur offrir une visite du vestiaire.
Le jour où Gretzky est venu nous voir, je mâattendais à ce que tout le monde le reconnaisse puisquâil avait porté les couleurs des Kings pendant plusieurs saisons, mais non! Moi, en tous cas, jâétais très heureux de le rencontrer parce que je lâavais beaucoup admiré durant mon enfance. Après avoir jasé pendant cinq minutes avec lui, jâai donc demandé à Gretzky sâil avait envie de visiter notre vestiaire et je lâai accompagné.
Durant notre parcours, je lui ai présenté plein de gens. Et en lui serrant la main, tous avaient ce petit point dâinterrogation dans le regard mâindiquant quâils nâavaient aucune idée de lâidentité ou de lâimportance du type que je leur présentais. Je nâen revenais pas! Une fois à lâintérieur du vestiaire, le taux de notoriété du 99 nâétait guère plus élevé. Il y a peut-être un joueur ou deux qui étaient originaires du nord des Ãtats-Unis qui ont réagi en disant:
â Ah oui, câest Wayne Gretzky.
Sans plus.
Je marchais aux
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