Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
duré une heure. Et ce qui ajoutait au plaisir de lâaffaire, câest que Bonds avait aussi réalisé ce qui était en train de se passer et que nous avions tous deux savouré ce grand moment à sa juste valeur.
â Dans tout le baseball majeur, il ne pouvait y avoir de face-à -face plus épique que celui auquel nous avons assisté ce soir. Je ne sais pas si un autre frappeur aurait été capable de connaître une présence au bâton comme celle-là en se faisant servir une telle séquence de lancers, analysait notre gérant Jim Tracy après le match, en présence des journalistes.
â That guy was just throwing straight cheddar , racontait pour sa part Bonds aux scribes qui lâentouraient dans le vestiaire des Giants.
On mâa dit que Bonds parle encore de cet affrontement. Il lâa dâailleurs raconté dans une biographie et il en a parlé dans le cadre dâune entrevue de fond quâil a faite à la télé.
Il était le meilleur frappeur du baseball à cette époque, et jâétais le meilleur closer . Câest un moment que je nâoublierai jamais parce quâil mâa fait ressentir la plus grande décharge dâadrénaline de toute ma vie. Elle était «dans le tapis», comme on dit chez nous.
Le lendemain, cependant, la réserve dâadrénaline était à sec et je nâétais presque plus capable de marcher. Et mon côté droit me faisait souffrir. Mais le jeu en valait drôlement la chandelle. Ce fut le plus bel affrontement auquel jâai participé.
Â
chapitre 10
Les jobs de bras
La déprime qui mâavait tenaillé durant la morte-saison sâest rapidement estompée après le début du calendrier 2004. Renouer avec la vie dâéquipe, la compétition et la routine du calendrier mâa fait grand bien.
En plus, lâéquipe jouait du baseball extraordinaire. Nous avons connu un départ-canon de 14 victoires et huit défaites en avril, ce qui nous a injecté une bonne dose de confiance. Pour la première fois depuis le début de mon association avec les Dodgers, nous sentions réellement que notre formation avait atteint la maturité nécessaire pour participer aux séries éliminatoires.
Nous étions devenus de véritables aspirants au titre, tout le monde dans le vestiaire sâen rendait compte.
Toutes les pièces du casse-tête étaient enfin réunies. Notre groupe de joueurs semblait en voie de maximiser son potentiel et même Jim Tracy était au sommet de son art. Câétait la première année où je pouvais clairement dire quâil avait réussi à gagner la confiance et le respect de tous ses hommes dans le clubhouse .
Gérer une équipe des majeures est un métier ingrat. Absolument toutes les décisions qui sont prises peuvent être remises en question par le personnel que lâon dirige. Car lorsquâon prend une décision stratégique, même si câest la bonne, il y a toujours un fort pourcentage de risque quâelle ne fonctionne pas.
Par exemple, si lâun des meilleurs frappeurs de lâéquipe est au bâton avec un coureur au premier coussin et un compte de deux balles et une prise, à peu près tout le monde dans le baseball sâentend pour dire que le gérant ne doit pas commander de «frappe et court» et laisser son frappeur sâélancer à sa guise.
Pourtant, même si on le laisse sâélancer, le frappeur a sept chances sur dix de se faire retirer et de ne pas faire avancer le coureur. Il y a même de fortes chances que le frappeur se compromette dans un double-jeu.
Dans la plupart des équipes, on retrouve souvent un petit groupe de joueurs, souvent des vétérans, qui sapent lâautorité du gérant et qui remettent constamment ses décisions en question. Dans les pires cas, il y a parfois même un assistant-entraîneur qui rôde près de certains joueurs et qui critique les décisions prises la veille par le gérant. Il en découle à chaque fois des situations totalement chaotiques.
En 2004, Tracy en était à sa quatrième saison avec lâéquipe. Cela faisait quatre ans quâil nous dirigeait avec respect et de manière très méthodique. Il nâimprovisait jamais au cours des matchs. Il était toujours bien
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